La Presse Bisontine 167 - Juillet-Août 2015

BESANÇON 10

La Presse Bisontine n° 167 - Juillet-Août 2015

L e c h if f re

SÉCURITÉ

Après la visite du ministre La fin des 400 coups aux “408” ?

4,68 millions

Équipements publics détériorés, policiers caillassés : le début d’année a été chaud dans le quartier des 408. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve s’est déplacé pour annoncer des renforts en hommes et en matériel. Les syndicats demeurent sceptiques.

Que fait la justice ? La Police dit faire son travail. Pour lʼattester, rappelons le vaste coup de filet de mai dernier en interpellant quatre individus aux 408 (3 frères dont 2 mineurs). La police regrettait que la justice ne tape pas assez fort. “Nous avons apporté des réponses au niveau du parquet, témoigne Edwige Roux- Morizot, procureur de la République à Besançon. Je suis allée moi-même visionner les caméras de vidéosur- veillance qui ont permis dʼidentifier les auteurs de rodéo. On peut espérer que ces interpellations vont avoir lʼeffet de calmer ces fauteurs de troubles.” Dans la famille qui posait problème, lʼhomme de 24 ans - déjà condamné 10 fois - a écopé de 4 mois fermes.

C ’ est en euros le montant desacquisitionsfaitesen 2014parl’établissement public foncier interdépartemen- tal duDoubs (E.P.F.L.),unrecord. Cet établissement publicacquiert pour le compte de 19 collectivités duDoubs du terrain,de l’habitat, desbâtiments industriels…

gétaires pesant sur les finances locales, l’E.P.F.L. donne ainsi du temps aux décideurs en sécuri- sant lamaîtrisedufoncierdurant unepériodedonnée.DansleGrand Besançon,il a par exemple ache- té les terrains pour le compte des mairiesdeMamirolle,Marchaux, Besançon,Miserey-Salines,Ama- gney… Son projet ficelé, la com- mune rachèteleterrain.L’E.P.F.L. a rétrocédé aux communes pour 3,4 millions d’euros.

E n l’espace d’un trimestre, Besan- çon a connu davantage d’incivilités que durant toute l’année 2014 ! Ces chiffres, implacables, comptabili- sent le simple feu de poubelle, la camé- ra de vidéosurveillance détérioriée, jusqu’au policier insulté ou caillassé. Toutes ces données sont remontées sur le bureau du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. “Je ne dors pas beaucoup, concède-t-il aux policiers bisontins. Et quand je ne dors pas, je lis les rapports. Je sais ce qu’il se pas- se ici à Besançon. Cette violence urbai- ne est intolérable” a-t-il confié lors de sa venue dans la capitale comtoise.

C’était le vendredi 5 juin. Le chef des flics de France, venu chez Jean-Louis Fousseret qu’il connaît bien, n’a pas fait dans la langue de bois au point d’oser la comparaison du quar- tier des 408 à ceux de Marseille ou de Trappes. “Il y a trois ans, qui aurait pensé que nous allions réussir à faire diminuer la criminalité là-bas ? Face à la criminalité, il n’y a pas de fatali- té” a rassuré le ministre en expliquant que la Police viendra à bout des réseaux et des bandes. A-t-il convaincu ? “On a apprécié son discours” , commente après coup un policier du groupe de sécurité de la police nationale (G.S.P.).

Il se définit comme un outil aux services des collectivités. À l’heure des contraintes bud-

Lui et son équipe ont essuyé des jets de pier- re lors de patrouilles. “On attend de voir les renforts annoncés ! , cor- rige Christian Perret du syndicat S.G.P.L. Le ren- fort de 9 policiers est insuffisant car nous avons deux départs en retraite, ce qui ne fait plus que 7 policiers sup- plémentaires” dit-il. La remarque semble enten- due : “Au niveau natio- nal, ce sera 235 millions ‘ d’euros sur 3 ans, 40 millions pour 8 000 véhicules des forces de sécurité, 17 % des crédits à la modernisation des commissariats.À Besançon, ce sera 7 gardiens de la paix, 5 adjoints de sécurité, 2 véhicules supplémentaires, et une unité d’intervention départe- mentale”, annonce Bernard Cazeneu- ve qui promet tenir sa parole. Les 219 agents bisontins jugeront sur pièces. Représentant syndical local de la Fédé- ration professionnelle indépendante de la police (F.P.I.P.), Thierry Silvand demeure également sceptique : “Il “Un déficit en hommes trop important.”

aurait fallu au minimum le double de collègues mutés pour parler de véri- tables renforts en effectifs (18 titulaires) tellement le déficit est important au commissariat de Besançon (environ 30 fonctionnaires)” , dit Thierry Silvand. Le Groupe de Sécurité et de Proximi- té (G.S.P.) de Besançon se retrouvera amputé de sept fonctionnaires afin de créer l’Unité départementale d’intervention dit le syndicat. Quant aux deux véhicules, ils arriveront dans 6 mois. Depuis l’interpellation de quatre indi- vidus dans le quartier (lire l’encadré), le calme est revenu partiellement aux 408. Des échauffourés ont éclaté le week-end du 21 juin. “Il y a tout de même moins de dégradations. Il reste le trafic de stupéfiants” témoigne un agent. Terminées - pour le moment - les coupures d’électricité, feux de pou- belles, menaces. Les rodéos sont moins fréquents : “Il y a eu 32 deux-roues immobilisés et 10 procédures judiciaires qui ont conduit à des condamnations” commente Benoît Desferet, commis- saire divisionnaire. C’est la fin des 400 coups aux 408 ? E.Ch.

Bernard Cazeneuve, ministre de

l’Intérieur, féli- cite et encou- rage les poli- ciers bisontins après l’embrasement du quartier. Le calme semble revenu.

POLITIQUE

Pétition, réseaux sociaux Denis Baud part en croisade pour les primaires

Le militant socialiste bisontin qui a encore des responsabilités au sein du parti, redoute que le P.S. n’organise pas de primaires en vue de la pro- chaine présidentielle. Pour éviter cela, il veut mobiliser la base et au-delà.

A u P.S., le candidat à la présidence de la Répu- blique est désigné par le biais de primaires citoyennes. Le principe est dans les statuts du parti. On se sou- vient d’ailleurs qu’en 2011, ce scrutin inédit avait mobilisé 2,7 millions de personnes qui avaient pris le temps de voter et, à l’arrivée, d’installer Fran- çois Hollande dans un rôle de leader à la conquête de l’Élysée. La logique veut qu’en vue de la présidentielle de 2017, le P.S. passe à nouveau par les pri- maires pour désigner son meilleur candidat, sans donner de priorité au sortant. François Hollande devra donc monter sur le ring pour défendre sa candi- dature au même titre que les autres prétendants sans avoir toutefois la certitude d’emporter le match. Un sort que certains au P.S. ne voudraient pas infli- ger au président de République aussi impopulaire soit-il, si celui-

ci décidait de se représenter. Dans ce cas seulement, la pri- maire pourrait devenir option- nelle, comme le préconise le grou- pe de réflexionTerra Nova dans un rapport intitulé “Primaires, si c’était à refaire”. Dans les rangs des militants du P.S, on sent bien que l’idéal démo- cratique de 2011 pourrait être sacrifiéd’ici 2017aunomd’intérêts politiques supérieurs. De cela, Denis Baud ne veut pas. Lemili- tant socialiste bisontinqui a enco-

sente” dit-il. Or, abandonner cette idée selon lui, c’est laisser aux Républi- cains un boulevard politique ne serait-ce qu’en terme d’occupation de l’espace média- tique, puisqu’à leur tour, ils orga- niseront des primaires. “Il faut arriver à ce que des milliers de personnes prennent position en faveur des primaires à gauche par exemple par la voie péti- tionnaire. L’objectif est bien de susciter le débat d’idées, d’apporter de la nouveauté. Le pire pour la démocratie, ce serait qu’on assiste en 2017 à un duel Sarkozy-Hollande. Si jusque-là la présidentielle était plutôt épar- gnée par l’abstention, je pense que dans le cadre ce scénario, elle flamberait” explique Denis Baud. Prônant le débat d’idée et l’émergence de talents nou- veaux, il est prêt à lancer une pétition à Besançon en faveur des primaires à gauche. “Je suis prêt à aller dans la rue, sur le

Il n’est pas impossible que le P.S. organise des primaires en vue de la prochaine présidentielle.

re des responsa- bilités locales au sein du parti prend son bâton de pèlerin pour défendre l’idée d’une nécessité à organiser des pri- maires. “Si nous ne bougeons pas, je suis persuadé qu’il n’y en aura pas si François Hollande se repré-

“Le pire pour la démocratie.”

sition de Denis Baud, estimant que l’heure n’est pas aux pri- maires et qu’il est encore trop tôt pour en parler, alors que l’échéance du scrutin régional approche. Cette manière de bot- ter en touche n’étonne pas le militant bisontin. Pour lui, les dés sont déjà jetés au P.S. bien au-delà de 2017. “Il suffit de regarder le calendrier pour le

terrain, au contact des gens pour leur expliquer l’importance de ces primaires. Il ne s’agit pas seulement d’aller chercher les gens de gauche, mais de mettre en mouvement toute la société. Le cours des choses peut chan- ger sous la pression de la base” ajoute-t-il. On écoute d’une oreille distan- te au parti socialiste la propo-

comprendre. La priorité n’est plus la présidentielle au P.S. qui est un parti d’élus. Ce sont les échéances électorales d’après. La stratégie pour beaucoup d’élus de gauche est de faire un tour dans l’opposition avant de reve- nir au pouvoir dans six ans.” Cela s’appelle l’alternance cal- culée. T.C.

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