La Presse Bisontine 166 - Juin 2015

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 166 - Juin 2015

DES PRIMES QUI FONT DES VAGUES À L’UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ

Depuis quelques semaines, une polémique secoue l’Université de Franche-Comté. Un syndicat proteste contre l’attribution de primes versées aux enseignants-chercheurs. Si ces primes sont légales, le syndicat en question met en doute les conditions dans lesquelles elles sont attribuées. La présidence de l’Université se défend de tout système opaque.

Le Syndicat SU.D. part en guerre contre les primes versées aux chercheurs Université 872 000 euros par an L’organisation syndicale s’offusque du versement de primes de 5 000 ou de 7 000 euros qui récompensent chaque année des enseignants-chercheurs de l’U.F.C. Elle est convaincue que parmi les destinataires, certains n’y ont pas droit.

Conseil National de l’Université (C.N.U.), un service transparent et gratuit, qui étudie le dossier de chaque candidat. Or, la présidence de l’U.F.C. fait appel à des experts extérieurs qu’elle rému- nère pour rendre un avis sur les can- didats” détaille Michel Savaric. Le syndicat S.U.D. plaide donc pour plus de transparence dans un dispo- sitif qu’il qualifie d’opaque. Afin de pouvoir s’assurer que tous les desti- nataires de la prime y ont bien droit, il demande à ce que soit publiée la lis- te des 150 noms d’enseignants-cher- cheurs récompensés. “Nous voulons que la présidence de l’Université nous fasse connaître la liste des bénéficiaires mais aussi la liste des experts qui se sont prononcés sur le cas de chacun. À partir de là, ceux qui auront perçu indûment cette prime la rembourse- ront”, ce qui ne serait pas une pre- mière en France. Épinglé en début d’année, le président de l’Université Lyon II s’est visiblement engagé à rembourser la P.E.D.R. de 6 700 euros qu’il percevait indûment depuis 2012. “Il nous semble important de savoir si Jacques Bahi, le président de l’U.F.C. perçoit ou non cette prime. Cela fait partie d’un devoir de transparence” poursuit le représentant syndical. Pour l’instant, malgré son insistance, S.U.D. n’a pas obtenu la liste deman- dée auprès de la présidence de l’Uni- versité. À défaut, l’organisation se dit prête à saisir la C.A.D.A. (commission d’accès aux documents administra- tifs) et le Tribunal Administratif. Le syndicat S.U.D. a par ailleurs alerté le ministère de tutelle sur cette ques- tion. E.Ch.

tester, l’organisation syndicale avait lancé une pétition contre ce système de rétribution. Elle a été signée à l’époque par une quarantaine d’en- seignants-chercheurs. “Nous sommes d’autant plus exaspérés quand on sait que cette prime est perçue indûment par des personnes qui n’y ont pas droit” affirme Michel Savaric. En effet depuis quelques mois, le syn- dicat a dans son collimateur au moins un vice-président de l’U.F.C., ensei- gnant-chercheur par ailleurs, qui aurait reconnu avoir perçu cette prime. Or, l’intéressé ne remplit pas un des cri- tères pour pouvoir y prétendre. En tant que vice-président, il bénéficie d’une décharge totale de son service d’enseignement. Il ne satisfait donc pas au décret qui fixe les conditions d’attribution de cette prime. Le texte précise entre autres que le candidat à la P.E.D.R. doit attester d’un volu- me d’heures d’enseignement équiva- lent à “42 heures de cours, 64 heures de travaux dirigés ou toute combinai- son équivalente.” Ces conditions d’en- seignement minimales doivent être remplies au moment où le dossier de demande de prime est déposé. Ce cas particulier jette la suspicion sur les conditions d’attribution de cet- te prime aux enseignants-chercheurs de l’Université de Franche-Comté. “La plupart des facultés font appel au

L e Syndicat S.U.D. de l’Univer- sité de Franche-Comté est par- ti en guerre contre la prime d’encadrement doctoral et de recherche (P.E.D.R.) à laquelle peu- vent prétendre les enseignants-cher- cheurs. Chaque année, elle est accor- dée à environ 150 professeurs et maîtres de conférences de l’U.F.C. qui

en ont fait la demande et qui ont rem- pli tous les critères pour l’obtenir. Selon les cas, la prime annuelle est de 5 000 ou de 7 000 euros, ce qui représente un budget global de 872 000 euros pour l’Université franc-comtoise. “Nous sommes opposés à cette prime. Pour nous, la recherche est un travail col- lectif. Or, nous sommes ici dans une

démarche de récompense individuel- le. Cela crée des inégalités. C’est le néo- libéralisme dans toute sa splendeur. Il est choquant que dans un contexte d’austérité, des gens soient ainsi récom- pensés” remarque Michel Savaric, enseignant-chercheur représentant du syndicat S.U.D. (N.D.L.R. : mino- ritaire à la fac). En 2011, pour pro-

Sur les 1 100 enseignants- chercheurs que compte l’Université de sont environ 150 à perce- voir la prime d’encadre- ment doctoral et de recherche (P.E.D.R). Franche- Comté, ils

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