La Presse Bisontine 166 - Juin 2015

La Presse Bisontine n° 166 - Juin 2015

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L’Université rejette en bloc les accusations du syndicat S.U.D. Réaction Une procédure contrôlée Les primes accordées aux enseignants-chercheurs ne sont pas le fait du prince. La procédure est parfaitement encadrée explique la présidence de l’Université.

L a présidence de l’Université de Franche-Comté n’apprécie guè- re la polémique soulevée par le Syndicat S.U.D. à propos de l’attribution de la prime d’encadre- ment doctoral et de recherche. Si jusque- là elle s’était tenue à distance de la controverse, elle sort de sa réserve pour La Presse Bisontine et répond point par point aux attaques de l’organisa- tion syndicale qui met en doute son intégrité dans le respect de la procé- dure qui aboutit à accorder la P.E.D.R. aux meilleurs des enseignants-cher- cheurs de l’U.F.C. pour les récompen- ser (professeurs et maîtres de confé- rences). Rappelons que tous les enseignants- chercheurs peuvent déposer un dos- sier de candidature pour bénéficier de cette prime régie par décret. Elle ne leur sera accordée que s’ils répondent aux conditions requises. Une premiè- re sélection est effectuée par les ser- vices administratifs de l’Université qui vérifient que le candidat est bien éli- gible. Ensuite, les dossiers sont exa- minés par des experts. Ils vont noter chaque candidat suivant quatre cri- tères pondérés de la même manière : publication et production scientifique, encadrement doctoral, rayonnement scientifique et responsabilité scienti- fique. La présidence de l’Université

le cas de la C.N.U.Ainsi, en cas de refus, le candidat sait les points sur lesquels il devra travailler s’il veut bénéficier un jour de la prime. C’est une démarche positive. Nous allons encore améliorer la procédure en exigent des experts qu’ils établissent un rapport d’aumoins une page sur chaque candidat” ajoute le vice-président. Pour l’U.F.C., le pro- cessus d’attribution est donc transpa- rent et cadré. Elle rejette en bloc l’ob- jection du syndicat S.U.D. qui prétend que le système est opaque, laissant entendre que cette prime pourrait être le fait du prince. À l’arrivée, c’est le budget accordé à la P.E.D.R. par l’Université qui fixe le nombre de bénéficiaires. À la derniè- re campagne, il s’élevait à 872 000 euros, un chiffre stable d’une année sur l’autre. Ainsi, chaque année environ 150 ensei- gnants-chercheurs se voient octroyer une prime de 5 000 euros ou de 7 000 euros (cela correspond à une rémunération supplémentaire de 341 euros nets par mois ou de 478 euros nets sachant que le salaire d’un ensei- gnant-chercheur varie entre 2 400 euros et 4 000 euros). Pour les heureux élus, la prime est accordée pour quatre ans. Le même montant est donc reconduit chaque année. En France, chaque Université est libre d’établir le montant de la P.E.D.R. qui ne doit toutefois pas dépasser les

n’intervient donc ni dans la sélection des candidats, ni dans leur notation. “Les experts sont des professeurs d’Uni- versité extérieurs à l’Université de Franche-Comté. Nous disposons d’un ensemble de 180 à 200 experts. Chaque expert n’évalue pas plus de cinq can- didats. Il y a deux experts par dossier. En cas de désaccord, l’avis d’un troi- sième expert est demandé” insiste Fabri- ce Lallemand, vice-président délégué de l’U.F.C. chargé des ressources humaines. Une fois l’avis des experts

rendu, les dossiers sont ensuite transmis à la Commission Recherche de l’Université qui clas- se les futurs bénéficiaires par champs de discipli- ne. Si en 2014 la présidence a décidé de confier l’exa- men des dossiers des can- didats à la P.E.D.R. à des experts plutôt qu’au Conseil National de l’Uni- versité (C.N.U.), c’est pour une raison précise. “Nous jugeons que c’est beau- coup plus constructif pour l’enseignant-chercheur d’être évalué par des experts qui vont motiver leur avis, ce qui n’est pas

7 000 euros pour 20 % des candidats.

poursuit Fabrice Lallemand. Reste le cas délicat du vice-président épinglé par le syndicat S.U.D. qui aurait reconnu bénéficier de cette prime alors qu’il n’y a pas droit puisqu’il ne répond par aux critères d’enseignement. Une ambiguïté que les services adminis- tratifs de l’Université avaient relevée au moment d’établir l’éligibilité à la prime du candidat en question. “Au moment de juger de la recevabilité du dossier, nous avons pris attache au ministère pour savoir si une personne qui bénéficie d’une décharge totale de droit de son service d’enseignement pouvait candidater. Le ministère nous a d’abord répondu que dès lors que la décharge est un droit, il faut considé- rer que le service est rendu.” Il n’y avait donc pas d’objection à la candidature du vice-président, jusqu’à ce qu’un autre service du ministère émette un avis contradictoire. Face à ce “flou”, la présidence de l’Uni- versité a donc tranché. “Au vu de tous ces éléments, le président a décidé que dans l’attente d’une position claire du ministère, 64 heures de travaux diri- gés (ou toute combinaison équivalen- te) seront nécessaires pour les candi- dats qui perçoivent la prime ” annonce Fabrice Lallemand. Le syndicat S.U.D. appréciera sans doute cette décision. En revanche, l’Uni-

versité ne publiera ni la liste des experts ni celle des bénéficiaires de la P.E.D.R. D’ailleurs, rien ne l’y oblige. “Nous avons consulté la commission d’accès aux documents administratifs qui n’est pas favorable à la divulgation des noms. Nous avons sollicité par ailleurs la C.N.I.L. dont nous attendons la répon- se à ce sujet. Mais on peut comprendre que les enseignants-chercheurs bénéfi- ciaires de la P.E.D.R. ne souhaitent pas que leur nom soit divulgué. C’est la même chose pour les experts, qui sont protégés par l’anonymat. Ils pourraient être soumis à des pressions si leur iden- tité était connue.” T.C. Repères LʼUniversité de Franche-Comté pré- cise quʼil nʼy a pas que les ensei- gnants-chercheurs qui peuvent béné- ficier de primes. Le personnel B.I.A.T.S.S. (personnel non ensei- gnant, personnel de bibliothèque, administratif et technique) de lʼUni- versité bénéfice également dʼun dis- positif de primes. Ainsi 2,7 millions dʼeuros de prime en 2013 ont été répartis entre 805 salariés de lʼUni- versité.

15 000 euros. “20 % des meilleurs candi- dats de l’Université de Franche-Comté perçoivent 7 000 euros. Ces mon- tants établis en 2011 ont été confirmés en 2014. Nous avons choisi de définir deux niveaux de prime pour distinguer des autres enseignants- chercheurs ceux qui ont une reconnais- sance nationale voi- re internationale”

Fabrice Lallemand peut comprendre que le syndicat S.U.D. soit contre ces primes, mais il ne comprend pas ces accusations. “C’est faux, les primes ne sont pas attribuées de manière opaque” dit-il.

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