La Presse Bisontine 166 - Juin 2015

ÉCONOMIE

39 La Presse Bisontine n° 166 - Juin 2015

BESANÇON

MICRO-MEGA, rue du Tunnel

110 ans et toutes ses dents L’entreprise bisontine spécialisée dans les dispositifs médicaux destinés aux chirurgiens-dentistes fête cette année ses 110 ans. Dans les cartons, un projet de déménagement car les locaux historiques de la rue du Tunnel ne répondent plus tout à fait aux exigences du métier.

L e hasard et l’amitié font parfois les grandes aventures indus- trielles. Alors spécialisé comme des dizaines d’autres entrepre- neurs bisontins dans l’outillage pour l’horlogerie, Étienne Garnier, fonda- teur de MICRO-MEGA en 1905 reçoit la visite d’un ami dentiste qui lui demande de fabriquer un tire-nerfs. C’est ainsi que démarre la sagaMICRO- MEGA, connue aujourd’hui dans le monde entier pour son savoir-faire en endodontie (le traitement de la raci- ne de la dent), grâce aux quelque 3 000 références d’outillage qu’elle propose aux chirurgiens-dentistes dans 125 pays à travers le monde. Chaque année, 20 millions de pièces sortent des ate- liers bisontins. Bien que détenteurs d’un savoir-faire unique dans la micromécanique qui fait la notoriété de l’entreprise depuis plus d’un siècle, les 200 salariés de MICRO-MEGA évoluent dans un uni- vers qui n’est plus tout à fait adapté aux normes actuelles de l’industrie médicale. Les locaux de la rue du Tun- nel sont peu fonctionnels car répartis sur deux sites de part et d’autre de la chaussée, et leur agencement rend les flux de production et d’expédition com- plexes. Un projet de déménagement est donc à l’ordre du jour. “Le démé- nagement est prévu pour fin 2017. L’idée est de se doter d’un outil de travail adapté aux besoins actuels et de créer une vitrine plus moderne pour nos pro- duits, que les dentistes puissent venir se former à nos technologies dans d’ex-

cellentes conditions, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui” observe Laurent Bataillard, le dirigeant de l’entrepri- se qui continue à chercher un terrain propice aux futurs locaux de MICRO- MEGA. Si l’emplacement n’est pas encore trouvé, une chose est sûre déjà, c’est que “nous resterons dans la cou- ronne bisontine” confirmeM. Bataillard. Pas de délocalisation en vue pour MICRO-MEGA dont les dirigeants actuels tiennent à respecter les racines bisontines profondes. Tout comme ils tiennent à conserver le label Made in France que MICRO-MEGA n’hésite pas à mettre en avant dans sa poli- tique commerciale. “Le Made in Fran- ce, ça signifie vraiment quelque chose humainement parlant d’abord vis-à- vis du personnel de l’entreprise, et pour les praticiens qui utilisent nos produits” insiste Audrey Lion, responsable mar- keting. MICRO-MEGA réalise un chiffre d’af- faires annuel de 20 millions d’euros, ce qui place l’entreprise bisontine, grâce à l’appui du groupe auquel elle appar- tient depuis cinq ans (voir encadré) par- mi les dix principaux fournisseurs d’équi- pements dentaires dans le monde. Chez MICRO-MEGA, le turn-over des salariés est faible, certains collabora- teurs y font toute leur carrière. Mais cette entreprise aux traditions presque familiales est contrainte, pour suivre l’évolution du marché international, de s’adapter. D’où l’instauration depuis quelques mois d’une méthode d’orga- nisation nouvelle qui certes, boule-

Près de 20 millions de pièces sortent chaque année des ateliers MICRO-MEGA de Besançon (photo D.R.)

Pour MICRO-MEGA, face à ses concur- rents (dont deux des pricnipaux sont installés tout près de Besançon, en Suisse voisine), l’idée est de renforcer sa position dans un marché de l’en- dodontie qui croît de 5 à 6 % par an. Faire mieux, autrement, mais sans renier son A.D.N. Le vaste chantier est en passe de réussir. J.-F.H.

treprise en charge de l’application de ces nouvelles méthodes de travail. En même temps que l’amélioration des méthodes de production, toute la logis- tique a été revue vers la notion de “flux tiré”. “Notre challenge est de disposer en permanence de 80 % de nos pro- duits en stocks afin de pouvoir livrer nos distributeurs du jour pour le len- demain” poursuit Stéphane Claude.

verse certaines habitudes, mais doit à court terme, “faire baisser nos coûts de production en adoptant des méthodes de production nouvelles. Ce n’est pas une révolution, mais c’est l’évolution normale d’une entreprise comme la nôtre” note Laurent Bataillard. Cet- te nouvelle méthode basée sur le mana- gement “Lean” prône une théorie de gestion de la production qui se concentre sur la gestion “au plus jus- te”. L’école de gestion “Lean” trouve ses sources au Japon dans le système de production de Toyota. “MICRO- MEGA était une belle endormie depuis plusieurs décennies mais le marché s’est complexifié. Notre grand chal- lenge est d’accompagner le change- ment sans déstabiliser nos collabora- teurs. La démarche consiste à transformer les compétences de nos collaborateurs par des postes à plus forte valeur ajoutée et à augmenter leur polyvalence” illustre Stéphane Claude, le directeur industriel de l’en-

Zoom Entreprise bisontine, groupe international

S ymbole de lʼouverture au monde de la société MICRO-MEGA, son nou- veau dirigeant est de nationalité suisse. Laurent Bataillard, diplômé de lʼécole polytechnique fédérale de Lausanne (E.P.F.L.) est docteur en phy- sique, spécialiste des alliages à mémoire de forme. Après plusieurs années dʼexpérience dans des entreprises helvétiques, puis allemandes, et une année passée enAustralie, il a été sollicité par les actionnaires de MICRO-MEGA pour reprendre les rênes de lʼentreprise bisontine en avril 2013. “Notre objectif est de construire sur les valeurs traditionnelles de cette société une entreprise moderne grâce au travail en profondeur sur nos méthodes dʼorganisation et de travail. Lʼidée est bien de se situer dans une logique dʼévolution permanente. Le tout, sans réduction de personnel” précise-t-il. MICRO-MEGA appartient depuis 2010 au groupe Sanavis (dont les deux princi- paux actionnaires sont allemand et canadien) qui comprend deux autres entre- prises au savoir-faire complémentaire à celui de MICRO-MEGA : Sycotec, basée en Allemagne (systèmes dʼentraînement pour applications industrielles et den- taires) et SciCan, installée au Canada (contrôle des infections, nettoyage, désin- fection, stérilisation). Le groupe Sanavis emploie plus de 700 personnes. Laurent Bataillard (à droite) est arrivé à la tête de MICRO-MEGA en avril 2013.

200 personnes travaillent chez MICRO-MEGA, souvent des salariés dotés d’une longue expérience dans l’entreprise.

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