La Presse Bisontine 166 - Juin 2015

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 166 - Juin 2015

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ENVIRONNEMENT Baisse de la production de miel Les apiculteurs ont le bourdon Depuis 2011, les apiculteurs du département enregistrent une baisse de la production de miel. Si la passion pour les abeilles est intacte, ils doivent composer avec un environnement qui change. Un contexte que le syndicat apicole du Doubs explique.

L es années se suivent et malheu- reusement se ressemblent pour les apiculteurs du Doubs. Ils constatent que depuis 2011, la production de miel est en baisse. “Cela fait quatre ans que nous n’avons pas eu une année correcte. Nous sommes en dessous des 10 kg de miel par ruche, alors qu’en temps normal la production est au moins de 10 à 12 kg” observe Michel Mesnier, nouveau président du syndicat apicole du Doubs (Sadapi 25). “Dans les années soixante-dix, lorsque j’ai commencé l’apiculture, les récoltes étaient énormes. La vie de l’apiculteur n’est plus tellement rose” se souvient Jean-Marie Grand, qui a présidé l’or- ganisation départementale durant 37 ans. La majorité des 450 adhérents au syndicat sont des apiculteurs amateurs qui possèdent entre 2 et 100 ruches, ce qui au total représente un parc de 5 000 ruches (N.D.L.R. : il en faut 400 pour être professionnel. Ils sont moins de dix dans le Doubs à être dans ce cas). Selon ces spécialistes passionnés, la baisse de la production est liée à conjonc- tion de plusieurs facteurs. “Pour faire du miel, il faut des abeilles. Or, chaque année en Franche-Comté, c’est entre 20 et 30 %du cheptel des abeilles de ruches qui disparaît” s’inquiète Michel Mes- nier. Ce printemps, des apiculteurs ont perdu plusieurs ruches. “C’est une expli-

biodiversité qui ouvre la production de miel à des nectars différents. Des prai- ries fleuries sont devenues des champs de céréales ou de graminées bonnes pour la culture fourragère. “Par exemple, on a débroussaillé les haies d’aubépi- ne, alors qu’elles permettaient de faire un miel d’exception. Heureusement, il reste la forêt. Il y a les érables, les tilleuls, les ronces. On voit l’évolution de l’envi- ronnement dans la diversité des miels. Les miels de fleur sont rares, désormais c’est principalement dumiel de forêt qui est produit” notent les représentants du Sadapi 25 qui permettent à leurs adhérents de commercialiser leur miel sous l’appellation “Miel de Franche- Comté”. Unmiel courant dans le Doubs est celui de sapin issu de miellats. C’est aussi un des plus chers puisqu’il se négocie autour de 16 euros le kilo. Curieuse- ment, le recul de la production n’a pas conduit à une inflation des prix sur les marchés. Car si la quantité de miel a tendance à diminuer, la demande des consom- mateurs, elle, ne faiblit pas. Les api- culteurs français produisent 10 000 tonnes, alors que les besoins sont de 40 000 tonnes.Pour répondre à la deman- de, le pays importe donc du miel. Mais il y a dans les habitudes des clients qui consomment ce produit un attachement

cation au déficit de production” ajoute- t-il. Les deux autres facteurs qui entrent en ligne de compte sont la floraison et la météo. “Si pendant la floraison, la météo est mauvaise, et qu’il fait trop froid par exemple, les abeilles ne sor- tent pas.Elles butinent à partir de 12 °C” complète Jean-Marie Grand. Ainsi en 2014, la période de production a été courte. “Nous n’avons fait que du miel de printemps. Fin avril, l’année était faite sachant que la saison s’achè- ve normalement à la fin du mois de juillet.” Le problème des apiculteurs est qu’ils doivent composer avec un environne- ment qui change. Il y a le varroa, un

Michel Mesnier (à gauche) président de Sadapi 25, et son prédécesseur Jean-Marie Grand, dans le rucher école du syndicat apicole.

se rapprochent de la nature et qui ont compris que l’abeille est en danger.” Toute l’année, le syndicat participe à des manifestations qui permettent aus- si de sensibiliser le public à l’apicultu- re. Le prochain rendez-vous est Api- days, organisé le 20 juin à Besançon sur l’esplanade des Droits de l’Homme. Un ensemble d’animations autour du miel est prévu. Du 8 au 16 août, le syn- dicat participe également à la semai- ne dumiel organisée auMusée desMai- sons Comtoises de Nancray. T.C.

au circuit court : du producteur au consommateur. “Le miel se vend sur les marchés,mais aussi dans les commerces de proximité comme les épiceries, les fro- mageries, les boucheries” remarque Michel Mesnier. Désormais, nombreux sont les consommateurs à devenir pro- ducteurs. L’apiculture est à lamode. Le Sadapi 25 croule sous les demandes pour les formations qu’il organise. “Tous les ans on a 90 inscrits pour 35 places. Avec ces 35 élèves, on va travailler sur notre rucher école. Ils ont entre 18 et 60 ans. Ce qui est très intéressant, c’est que des gens de tous les milieux sociaux, des hommes et des femmes, se tournent vers l’apiculture. Ce sont des personnes qui

acarien parasite redou- table pour les abeilles auquel s’ajoute désormais le risque de voir arriver le frelon asiatique qui déci- me les essaims. Pour l’ins- tant, l’hyménoptère est au sud de la Loire. Il y a aussi l’évolution des pratiques agricoles, la transformation des pay- sages, l’urbanisation, tous ces éléments entrent en ligne de compte pour expli- quer à la fois la dispari- tion des abeillesmais aus- si la réduction de la

“La vie de l’apiculteur n’est plus tellement rose.”

Rens. : www.sadapi25.fr

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