La Presse Bisontine 166 - Juin 2015
ÉCONOMIE 34
La Presse Bisontine n° 166 - Juin 2015
CONJONCTURE
260 entreprises concernées… Une urgence à relancer l’investissement public
L’antenne Bourgogne-Franche-Comté de l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem) affirme que beaucoup d’entreprises du secteur sont aujourd’hui en graves difficultés. Elle demande aux collectivités de faire preuve de volontarisme dans l’investissement public.
D ans un contexte de cri- se, les organisations professionnelles du bâti- ment et des travaux publics tirent régulièrement la sonnette l’alarme pour prier les collectivités de ne pas relâcher la commande publique dont dépend en grande partie le sec- teur du B.T.P. Discrète jusque- là, l’Union nationale des indus- tries de carrières et matériaux de constructionmonte à son tour au créneau pour dire à quel point la situation est critique pour beaucoup d’entreprises de l’industrie extractive et de la production de matériaux de construction. En Bourgogne- Franche-Comté, derrières ces activités qui sont à la base de l’acte de construire, il y a 260 sociétés, 3 500 emplois directs et 8 500 emplois induits, pour un chiffre d’affaires qui avoisi- ne les 650millions d’euros. “Nous sommes liés au B.T.P. Sur les sept dernières années, notre acti- vité a baissé de 30 %. Le recul est très fort et il a tendance à s’accélérer. Il y a un an, nous étions au bord du précipice. Cet- te fois-ci, on tombe dedans” s’inquiète Laurent Delafond,
président de l’Unicem Bour- gogne-Franche-Comté. La conjoncture se dégrade encore au premier trimestre de cette année comparé à 2014 (- 15 %). “Il y a un risque de cessation d’activité, d’arrêt de sites de pro- duction ou de leur mise en som- meil. Évidemment, il y a un risque de licenciements” ajoute- t-il. 50 % de l’activité du secteur dépend de l’investissement public, et le reste du privé. Pour combler les temps morts liés aux à-coups de la conjoncture, les entreprises ont activé jusque-là des leviers comme le recours à des périodes de formation du
il ne sait pas quoi faire non plus pour inciter les collectivités à investir” observe Laurent Dela- fond qui en appelle au volonta- risme des pouvoirs publics. L’Unicem demande notamment un “déblocage de la construction des logements “gelés” depuis les élections municipales de mars 2014, et l’instauration d’un bonus pour les collectivités qui investiront en 2015.” L’investissement privé est lui aussi timide. La crise de confian- ce et la prudence ont gagné l’ensemble du système. En réalité, il n’y a pas que le volontarisme des élus commu- naux, intercommunaux, dépar- tementaux ou régionaux qui est en cause. Ce qui paralyse la com- mande publique, c’est aussi le rythme des périodes électorales durant lesquelles il ne se passe rien ou presque. À peine termi- né le scrutin départemental que se prépare déjà celui des régio- nales en décembre. “C’est inad- missible. Nous ne pouvons pas toujours être dépendants du jeu et des décisions politiques. J’ajoute que cette réforme terri- toriale ne va pas dans le bon sens pour créer de
l’investissement. Les nouveaux Conseils départementaux ont des incertitudes quant à leurs futures compétences. Les D.R.E.A.L. (directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement) ne savent pas non plus comment elles vont être organisées dans le cadre de la fusion des régions. Sans doute que cette réforme ter- ritoriale était nécessaire, mais elle n’a pas été pilotée de maniè- re à créer une dynamique. Tout cela ne fait que ralentir les pro- jets et l’investissement” assume Laurent Delafond. Le temps de la politique n’est pas celui de l’entreprise. Mais aujourd’hui, c’est tout le secteur du B.T.P. qui espère déclencher un électro- choc dans les collectivités qui ont entre les mains une partie de la solution aux problèmes économiques qu’il rencontre. T.C. Laurent Delafond préside l’Unicem Bourgogne- Franche-Comté qui fédère 18 branches d’activité de l’industrie extractive et des matériaux de construction.
personnel pour éviter d’avoir à s’en séparer. Ainsi, elles ont conservé leurs savoir-faire et leur force opé- rationnelle en vue d’une éven- tuelle relance, qui pour l’instant tarde à venir. “L’État comprend nos difficultés. Mais
“Dépendants du jeu et des décisions politiques.”
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