La Presse Bisontine 165 - Mai 2015

BESANÇON

La Presse Bisontine n°165 - Mai 2015

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HOMMAGE

Musée de la résistance et de la déportation

L e 29 mars, le Département du Doubs a basculé à droi- te. Dans une gauche défaite, Claude Jeannerot est un des rares élus socialistes de la majorité sortante à avoir sauvé sa tête lors du scrutin. Mais il a dû abandonner son fauteuil de Président pour prendre une place, moins confor- table, sur le banc de l’opposition. D’ailleurs, il n’y siégera pas ou si peu. Le 2 avril, lors de l’installation du nouveau Conseil départemental, le septuagénaire a annoncé qu’il abandonne- rait son mandat, une fois achevé l’examen de la gestion du Département engagé il y a quelques mois par la Chambre régionale des comptes. Monsieur Jeannerot n’honorera donc pas la fonction pour laquelle il a été élu. “Il y a un temps pour toute activité sous le ciel” , a-t-il justifié en citant sagement L’Ecclésiaste. En agissant de la sorte, le président déchu assu- re ne pas trahir le contrat passé avec ses électeurs qui en connaissaient selon lui les termes implicites. C’est curieux comme le discours politique s’adapte au gré des vents qui tournent. Car il fut un temps pas si lointain ou Clau- de Jeannerot défendait volontiers son cumul des mandats au nom du respect d’un prétendu contrat passé avec ses électeurs. Mais à l’époque, il était dans l’exécutif et ça fait toute la différence. Question de rhétorique L ’ h u m e u r

Germain Tillion au Panthéon Le 27 mai, la grande dame fera son entrée au Panthéon aux côtés de Geneviève De Gaul- le, Pierre Brossolette et Jean Zay. Retour sur le parcours exceptionnel de cette grande personnalité de son siècle. Deux expositions-hommages ouvrent à la Citadelle le 26 mai.

C’ est par l’entremise d’Anise Postel-Vinay, originaire du Bélieu dans le Haut-Doubs, que toutes les archives patiemment constituées par Germai- ne Tillion, sa camarade de déportation à Ravensbrück, sont aujourd’hui pré- cieusement conservées au musée de la résistance et de la déportation de Besan-

çon. Une mine d’information irrem- plaçable sur la vie au camp, l’horreur nazie et la solidarité humaine. Résistante de la première heure, révul- sée par la capitulation, Germaine Til- lion sera arrêtée en août 1942 par la Gestapo pour activité de propagande. Emprisonnée à Fresnes puis à la San- té, elle sera ensuite déportée à Ravens-

brück. C’est en prison qu’elle fera la connaissance de celle qui deviendra une de ses meilleures amies,Anise Pos- tel-Vinay. “Elles vont devenir amies en se parlant par les tuyaux du chauffa- ge. Elles se verront pour la première fois sur le quai de la gare, en prenant le train pour Ravensbrück en octobre 1943. Elles y resteront jusqu’en avril 1945” décrit Vincent Briand, atta- ché de conservation du patrimoine à la Citadelle de Besançon qui accueille deux expositions à partir du 26 mai : l’une qui retrace l’engagement de résis- tante de Germaine Tillion, au Musée de la résistance, et l’autre qui présen- te ses missions d’ethnologue, auMusée comtois. Forte et déterminée, Germaine Tillion, ethnologue de formation, se servira du camp comme un terrain d’étude. Elle arrive même à y tenir des conférences, et plus incroyable encore, à y écrire une opérette, un pastiche d’Orphée aux enfers en forme de pied de nez à la bar- barie nazie. “Quelque chose d’unique dans la littérature concentrationnaire. L’original de l’opérette sera une des pièces de l’exposition au Musée de la résistance” ajoute l’historien. À sa sortie du camp, Germaine Tillion mettra un point d’honneur à rassem- bler toutes les notes qu’elle avait prises pendant son enfermement et retrou- ver la trace de toutes les déportées du camp afin de constituer un témoigna-

ge le plus complet possible sur ces vies au camp. C’est cet inestimable fonds d’archives que GermaineTillion confie- ra à Anise Postel-Vinay qui le léguera au musée de Besançon en deux verse- ments successifs, en 1995 et en 2009. Ces deux expositions concomitantes donneront l’occasion aux Bisontins de

découvrir le parcours d’une femme extraordinaire que la Nation recon- naissante s’apprête à élever au Pan- théon des grands de ce monde. Ger- maine Tillion est décédée en 2008. Son amie Anise Postel-Vinay est toujours en vie. On espère sa présence à Besan- çon pour ces commémorations.

Germaine Tillion - Expositions du 26 mai au 20 septembre Citadelle de Besançon - À noter le 26 avril à 18 heures, concert-lecture hommage à Germaine Tillion au Petit Kursaal

Vincent Briand, attaché de conservation à la Citadelle, présente quelques-unes des pièces qui seront exposées.

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