La Presse Bisontine 164 - Avril 2015
BESANÇON 16
La Presse Bisontine n° 164 - Avril 2015
SANTÉ Un rapport alarmant L’incinérateur de Besançon s’en prend aux spermatozoïdes L’équipe du professeur Christophe Roux a publié une étude mettant en évidence la baisse de la qualité du sperme chez 251 hommes sains, ayant vécu à proximité de l’incinérateur entre 2001 et 2007. En cause : le rejet de polluants.
C haque innovation a son tra- vers. Celle du premier four d’incinération de Besançon situé à Planoise en fait partie. Si cette structure a permis de stopper
les décharges à ciel ouvert et réduit des risques sanitaires, les fumées reje- tées ont été incriminées, dans l’augmentation de la fréquence de cer- tains cancers, comme l’a démontré il
y a quelques années le professeur Jean- François Viel. Cette fois, une nouvelle étude publiée dans la revue scientifique “Androlo- gia” par l’équipe du professeur Chris- tophe Roux démontre les conséquences de la proximité géographique de l’usine d’incinération sur la qualité des sper- matozoïdes. “Attention, cela ne veut pas dire que si la qualité de sperme a effec- tivement diminué pour les hommes habitant à proximité de l’usine, cela a eu une incidence sur la reproduction” précise lemédecin bisontin. Pour autant, ce travail démontre que les dioxines ont un effet sur la santé. Avec le docteur Faure et son équipe, le chef du service de médecine de la reproduction, cryobiologie (unité I.N.S.E.R.M. 1 098) a démontré une évolution de la qualité du sperme chez des hommes sains, vivant à proximi- té de l’incinérateur bisontin. 251 patients ont participé à cette étude, 77 entre 2001 et 2003 et 174 entre 2004 et 2007. La période de référence, qui s’étend de 2001 à 2007, a été marquée, début 2004, par lamise en service d’une chambre d’incinération nouvelle géné-
ration en remplacement d’une ancien- ne, réduisant le rejet dans l’atmosphère de particules polluantes. Il y a donc eu un avant et un après 2004. Si aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre, les fameuses “dioxines” ont eu des effets sur les Bisontins. “Et notam- ment ceux qui vivaient à proximité de l’usine, dans le sens des vents domi- nants (est-ouest)” précise Christophe
renferment des perturbateurs endo- criniens qui peuvent influer sur la sper- matogénèse. La production de sper- matozoïdes est très sensible aux conditions environnementales et à la pollution” explique le chercheur. L’équipe a donc observé les paramètres du sperme : le volume, la concentra- tion et la mobilité des gamètes, les ano- malies de forme des spermatozoïdes (au niveau de la tête, de la pièce inter- médiaire et du flagelle). Paramètres pouvant être altérés par le degré de pollution. L’étude montre qu’après 2004, les sper- matozoïdes sont de meilleure qualité. De quoi être rassuré. Le laboratoire est aujourd’hui équipé d’un système lui permettant d’analyser automati- quement les spermatozoïdes : “Qui peut permettre d’analyser de façon plus objec- tive certains paramètres du sperme et qui pourraient se révéler fort utiles pour des études environnementales” com- mente le chercheur. Si les spermato- zoïdes fécondent l’ovule, ils sont aus- si de formidables lanceurs d’alerte de notre état de santé. E.Ch.
Roux. Seront plus tou- chés ceux qui ont vécu dans l’axe Grandfontai- ne-Novillars que les habi- tants de Beure par exemple. L’équipe a pu bénéficier de la transparence du Sybert et d’A.T.M.O. pour récupérer les données de l’usine d’incinération, qui ne rejette plus de dioxines au-delà des normes en vigueur. Si les chercheurs ont étudié les spermato- zoïdes, c’est parce qu’ils se révèlent être un for- midable indicateur : “Les pollutions atmosphériques
“Le sperme sensible à la pollution.”
Les rejets de la cheminée du four d’incinération de Besançon (à gauche sur l’image) ont eu des conséquences sur la qualité des spermatozoïdes des Bisontins.
ENTREPRISE
Soif d’écrire Des ateliers pour oser prendre la plume
L’écriture est pour beaucoup un rêve qui paraît inaccessible alors qu’ils auraient tant à raconter. Une appréhension qu’une passionnée de lettres, Justine Guiol, aide à lever par le biais d’ateliers mis en place pour satisfaire la soif d’écrire d’un public très diversifié.
“J’ ai découvert l’écriture en 2004, lors de ma formation d’éducatrice spécialisée à laHau- te École de Travail Social de Genève. Lors d’un module inti- tulé outils de médiation, j’ai choi- si l’écriture, sans trop savoir à quoi m’attendre… et elle ne m’a plus quittée depuis” confie la jeu- ne fille qui, après plusieurs expé- riences professionnelles, revient vers cette passion et obtient 8 ans plus tard le Diplôme Uni- versitaire d’animatrice d’ateliers d’écriture. Puis revenue à Besan- çon, sa ville d’origine, elle crée son entreprise “Soif d’écrire” dans le but de partager cette envie et d’aider des personnes à franchir le pas. Dans un atelier appelé “Frag- ments de vie”, Justine invite ses clients à puiser l’inspiration dans leur propre existence. “Écrire sur soi, c’est écrire à partir de
son quotidien ou de ses souve- nirs. Je propose des thèmes pour explorer le passé, le présent et expérimenter les différentes formes que peut prendre l’écriture de soi” explique-t-elle. Dans un autre atelier “écriture d’invention et de création”, les apprentis créent à partir de leur imagi- naire. “Il s’agit d’inventer des
Justine Guiol accompagne les personnes de tous âges qui ont l’envie ou le besoin d’écrire.
histoires à partir des propositions que je leur fais. Il est ques- tion de réinventer le monde qui nous entoure tout en découvrant des formes et des tech- niques d’écriture.” Une fois par mois, trois heures durant, Justine Guiol est à leurs côtés pour rendre l’exercice plus accessible, fai- re comprendre qu’écrire n’est pas
Écrire pour les autres ou seulement pour soi.
réservé à une élite et peut être un plaisir personnel qui ne débouche pas forcément sur l’édition ou le partage de ses textes. Une fois cette appré- hension levée, l’animatrice les accompagne pour “leur récit, sélectionner les idées et les évé- nements à évoquer, apprendre
passé aux générations futures. “Un autre projet va voir le jour ces prochains jours à la M.J.C. Palente avec Céline Fleury. L’objectif pour les participants est de développer leur créativité et d’acquérir de nouveaux savoir- faire en participant à des ate- liers créatifs, dont l’écriture.”
à synthétiser, acquérir des techniques pour valoriser le contenu de leur récit…” et au final leur permettre d’être auto- nomes dans cette belle aventu- re. Une méthodologie que la jeu- ne femme aimerait développer auprès des seniors afin de trans- mettre leur mémoire du temps
Pour en savoir plus : Soif d’écrire Justine Guiol Tél. : 06 78 58 02 23 Courriel : soifdecrire@gmail.com
Made with FlippingBook - Online catalogs