La Presse Bisontine 162 - Février 2015

A g e n d a

La Presse Bisontine n° 162 - Février 2015

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CULTURE - LIONEL ESTAVOYER

“Je suis peut-être un des derniers témoins du patrimoine bisontin” Docteur en histoire de l’art, auteur, chargé de mission auprès du maire pour le patrimoine historique, Lionel Estavoyer publie “Besançon ville d’art et d’histoire”, un livre dans lequel il dresse un portrait inédit de la capitale régionale, relevé pas les photographies de Jack Varlet.

L a Presse Bisontine : Ce livre n’est pas le premier, loin de là, à traiter du patrimoine bison- tin. Vous-même, en tant qu’auteur, avez déjà publié sur ce sujet. Cependant cet ouvrage est peut-être le seul à le présenter dans une aussi large diversité. Quel était votre objec- tif au départ ? Lionel Estavoyer : Un des buts de ce livre est de promouvoir la vil- le de Besançon et d’attirer sur elle l’attention des Bisontins, des touristes, des responsables poli- tiques et institutionnels. La capi- tale comtoise est le deuxième plus grand secteur protégé de France ! Elle abrite deux cents monuments classés. L.P.B. : Pourquoi avoir attendu pour publier ce livre ? L.E. : Il y a 30 ans quand j’ai com- mencé à fairemes premiers livres, Flammarion avait demandé à Louis Cêtre de faire un livre ayant pour thème Besançon ville d’art et d’histoire. À l’époque, je n’ai pas suivi. Plus tard, je me suis dit qu’il fallait se lancer dans ce projet. J’ai trouvé un excellent photographe, Jack Varlet, et un éditeur, “Les éditions du Belvé- dère”, qui m’a laissé carte blanche pour travailler. L.P.B. : Cet ouvrage est le fruit de plu- sieurs années de recherche. Ce temps était-il nécessaire pour déceler des particularités patrimoniales qui nous échappent ? L.E. : Nous avons pérégriné pen- dant cinq ans avec Jack Varlet pour réaliser un livre dans lequel le lecteur découvrira des images de la ville différentes de celles

que la Citadelle ou la porte noire. Autour il y a 2 700 escaliers remar- quables, et des mil- liers de maisons de différentes époques qui ont un intérêt historique et archi- tectural. Le presti- ge de notre histoire, c’est aussi les per- sonnages illustres tels queVictor Hugo, les frères Lumière, Vauban. J’ajoute une nature excep- tionnelle et une

caractère exceptionnel pour une église provinciale, qui mérite une explication. À la Révolution, les édifices religieux ont été pillés. Au moment du rétablissement du culte, on a acquis auprès de l’abbaye de la Charité cet excep- tionnel ensemble de mobilier pour l’installer dans le chœur de l’église Saint-Maurice. Derrière les photographies qui figurent dans ce livre, il y a des histoires que je raconte. L.P.B. : C’est ce message d’une atten- tion nécessaire à porter au patrimoine que vous voulez faire passer aux lec- teurs qui n’ont peut-être plus conscien- ce de la qualité de l’environnement qui les entoure ? L.E. : Le message est que nous avons la chance d’habiter une ville exceptionnelle et qu’il ne faut pas l’oublier. En revanche, je ne suis pas sûr que les gens

qu’on lui présente habituelle- ment. Il y a notamment beau- coup de photographies d’objets issus de collections privées. Beau- coup de photos sont prises dans des lieux qui ne sont pas direc- tement accessibles au public, comme un petit pavillon chinois installé dans une propriété pri- vée, qui a été probablement acquis lors d’une Exposition universel- le. Nous sommes tombés sur des gens bienveillants qui ont accep- té de nous laisser entrer chez eux. Au total, on publie 350 pho- tos. Les 2/3 des illustrations pré- sents dans ce livre sont montrées pour la première fois au public. Le but de ces images est de don- ner à l’ensemble un aspect très esthétique, pour obliger le lec- teur à s’attarder sur des choses qu’il n’a pas l’habitude de voir. La difficulté a été de choisir par- mi des centaines de clichés inté- ressants, ceux qui allaient per- mettre d’illustrer au mieux les textes historiques qui accompa- gnent chacun des 17 chapitres. L.P.B. : Entre les photos et les textes, on voyage à travers les époques et on prend conscience de la diversité de ce patrimoine. Est-ce spécifique à Besan- çon ? L.E. : Le patrimoine bisontin est d’une grande variété. Celui de Carcassonne, c’est le MoyenÂge, à Nancy c’est le XVIIIème siècle et l’art nouveau. Besançon couvre toutes les époques. Mais il n’y a pas, c’est vrai, un grand monu- ment emblématique connu de tous, comme en ont d’autres villes. Néanmoins, le paysage urbain compte ici quelques joyaux tels

L.E. : Ma situation à la ville de Besançon fait que je connais bien le patrimoine. Je suis peut-être un des derniers témoins sur un certain nombre d’aspects du patri- moine bisontin. Je crois que depuis 40 ans je ne cesse de fai- re du prosélytisme à ce sujet. Je m’y suis épuisé. Mais de voir décrite la richesse patrimoniale de Besançon par Arnaud Brejon, conservateur général du patri- moine, qui signe la préface de ce livre, je me dis que je ne me suis pas trompé. L.P.B. : Comment expliquez-vous que le patrimoine ait été à ce point proté- gé à Besançon, ce qui n’est pas le cas de toutes les villes de France ? L.E. : Nous n’en serions pas là sans la contrepartie de la col- lectivité qui entretient ce patri- moine depuis des décennies. Dans les années qui ont suivi la secon- de guerre mondiale, la ville n’a pas eu les moyens financiers nécessaires pour réaliser les grands projets qu’elle envisa- geait et qui auraient conduit à la destruction d’une partie du patrimoine bâti. Elle est restée conservatrice par la force des choses et n’a pas franchi le pas de la modernité. Elle s’est donc retrouvée à la tête d’un patri- moine de 350 hectares, presque intact. Il y a ici plus de 2 000 ans

L.P.B. : Dans cette multitude de réfé- rences, vous avez dû faire des choix ? L.E. : Le plus dur a été de trier les photos. Il y a une multitude de choses qui auraient eu leur place dans ce livre qui provien- nent par exemple de la biblio- thèque municipale. Nous avons dû nous résoudre à faire des choix. On a publié par exemple la célèbre lettre de Marx et Engels à Proudhon en date du 5 mai 1846. Faut-il rappeler que nous possédons à Besançon, le plus grand fonds de la corres- pondance de Proudhon, 5 000 lettres. Un livre a une valeur d’éternité. Celui-ci présente un état du patri- moine de la ville de Besançon dans ce qu’elle a de plus curieux, de plus intéressant, de plus enthousiasmant. À force de dire et de redire ces choses-là, elles finissent par être entendues. L.P.B. :Y aura-t-il un tome II à ce livre ? L.E. : Faire un second livre serait possible. Mais je serais obligé de me priver des incontournables comme Granvelle dont je parle dans cet ouvrage. Je l’avoue, je réfléchis à un deuxième livre sans savoir encore quelle forme il prendra. L.P.B. :Vous êtes devenu le porte-parole des défenseurs du patrimoine bisontin…

“Au total, on publie 350 photos.”

richesse des collections détenues par le Musée des Beaux-arts ou la bibliothèque municipale. L.P.B. : Vous parlez de cette ville com- me si vous la découvriez pour la pre- mière fois. Besançon ne cesse de vous surprendre ? L.E. : Oui, je suis émerveillé par cette ville. Je suis d’ici, ma famil- le est ici, j’ai fait mes études ici durant lesquelles j’ai eu la chan- ce de rencontrer des professeurs d’histoire incroyables qui m’ont transmis leur passion. Finale- ment, c’est un peu ma vie qui est dans ce livre. J’ai encore décou- vert des choses en le faisant. “Besançon ville d’art et d’histoire”, c’est ma proclamation. L.P.B. : Vous vous êtes fait plaisir ? L.E. : Tout ce que j’ai montré dans ce livre, c’est tout ce que j’aime. C’est tout ce qui pour moi a un intérêt historique comme ce déli- re de bois doré qui orne l’église Saint-Maurice. Cela revêt un

ne regardent pas leur ville, même si c’est vrai, ce sont souvent les personnes qui arrivent de l’extérieur qui nous font prendre lamesu- re de la qualité patri- moniale de Besan- çon. Alors restons curieux. Aux Tille- royes par exemple, se trouve une colon- ne qui marque l’emplacement pré- sumé de la tente de Louis XIV lors du siè- ge de Besançon. Rue des Granges se trou- ve une écurie super- bement restaurée.

“Un livre a une valeur d’éternité.”

FABRICE ÉBOUÉ

ARNAUD DUCRET

MADELEINE PROUST

LE LAC DES CYGNES CELTIC LEGENDS

FRANCK DUBOSC

ABBA MANIA

SAM. 21 FEV 2015 20h00 MICROPOLIS BESANÇON

MER. 04 MARS 2015 20h30 MICROPOLIS BESANÇON

JEU. 19 MARS 2015 20h30 MICROPOLIS BESANÇON

SAM. 28 MARS 2015 20h30 MICROPOLIS BESANÇON

SAM. 07 FEV 2015 16h00 THÉÂTRE LEDOUX BESANÇON 20h00

JEU. 29 JANV 2015 20h30 KURSAAL BESANÇON

MER. 04 FEV 2015 20h30 KURSAAL BESANÇON

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