La Presse Bisontine 159 - Novembre 2014

Chefs d’entreprise, Commerçants,

La Presse Bisontine n° 159 - Novembre 2014

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Réaction Marie-Guite Dufay “Je prends le risque de m’exposer. Je l’assume” La présidente de Région Marie-Guite Dufay revient en détail sur la réforme territoriale. Elle défend l’union de la Bourgogne et de la Franche-Comté, y compris face à ceux qui doutent de l’opportunité de ce mariage. Rencontre.

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L a Presse Bisontine : Pouvez-vous nous dire finalement à quoi sert cette réfor- me ? Marie-Guite Dufay : L’union fait la force ! Dans le contexte actuel, nous sommes des nains. Ce constat vaut pour la Franche-Comté et pour la Bourgogne. Les Régions doivent s’unir pour assu- mer les compétences dans les domaines de la recherche par exemple, de l’économie. Il faut d’autres moyens pour accompagner le développement de nos territoires et encourager la créa- tion d’emplois. En fusionnant, nous aurons accès à d’autres modes de finan- cement qui vont nous permettre d’être plus efficaces pour l’économie de demain. Ces moyens ne seront plus abordables pour les petites régions. C’est du bon sens aujourd’hui de dire que nous avons besoin de territoires forts. L.P.B. : Comment expliquez-vous qu’il y ait autant de personnes réfractaires à cette réfor- me ? M.-G.D. : Je ne dirais pas que le doute est majoritaire, mais il y a une deman- de d’explication forte. Je rappelle que plus de 60 % de la population est favo- rable à cette réforme. Tout le monde sent bien qu’on ne peut pas rester dans cette situation et qu’il faut avancer vers la fusion. Le problème est que nous sommes dans un système telle- ment compliqué que personne ne sait de quoi on parle. C’est pour cela que

lors des réunions publiques, j’ai souhaité que l’on fasse un rappel sur les compétences des Régions. L.P.B. : Lors de l’annonce de la fusion des Régions au prin- temps dernier, vous avez lais- sé entendre que cette fusion permettrait de faire des éco- nomies. Or,à la réunion publique de Besançon vous avez expli- qué que les économies vien- draient ultérieurement. La fusion est-elle oui ou non synonyme d’économies ?

d’économie sur le budget de décembre et cela sans toucher aux services que l’on rend ? Nous sommes déjà dans une démarche de gestion efficace. L.P.B. : Une des craintes qui est soulevée dans les débats est l’avenir de Besançon qui ver- rait disparaître ses services publics au profit de Dijon ? M.-G.D. : Croyez-vous que nous sommes dans cette démarche ? Vous pensez franchement qu’avec cette réforme on va construire des bâtiments à Dijon pour loger les fonctionnaires qui tra- vaillent pour l’instant à Besançon ? Il faut être sérieux. Il y a aura un pro- jet politique. Nous allons créer les conditions d’un développement har- monieux de nos territoires. Tout ne va pas partir à Dijon. Pour être solide, une Région a besoin de tous ses terri- toires et d’aller au-devant de ses por- teurs de projets. La Région doit être “ingénieur” dans ses territoires. L.P.B. : Ne craignez-vous pas en revanche que les Bourguignons qui seront majoritaires dans la future assemblée régionale tirent la cou- verture à eux ? M.-G.D. : Croyez-vous que le Jura qui est sous-représenté au Conseil régio- nal de Franche-Comté par rapport au Doubs est oublié ? Nous sommes dans de la stratégie. Notre rôle d’élu est de savoir comment un territoire peut par- ticiper au développement de l’ensemble. Ce n’est pas une question de nombre

“Tout ne va pas partir à Dijon.”

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M.-G.D. : Jamais je n’ai dit que le but premier de cette fusion était de faire des économies. J’ai parlé de l’économie, ce qui est différent, parce que je consi- dère que la responsabilité que la Région est d’être aux côtés des porteurs de projets dans des secteurs d’activité innovants tels que la transition éner- gétique. J’ai expliqué aussi qu’à une époque où les budgets sont contraints, des économies se feraient progressi- vement dans le temps à la suite de cet- te fusion qui va permettre de mettre en place des groupements d’achat com- mun par exemple. Mais les économies principales se feront sur les postes lorsque nous auront mutualisé les moyens. Savez-vous qu’en Franche-Comté nous devons faire 10 millions d’euros

pas prévu par le gouver- nement. Il n’est pas ima- ginable non plus d’organiser des référen- dums consultatifs dans chaque région. L.P.B. :Pas de référendummais des réunions publiques… M.-G.D. : Je suis la seule présidente de Région de France à prendre le pouls des citoyens dans ce dos- sier, et à donner des expli- cations sur ce qu’est une grande Région et les rai- sons pour lesquelles il faut la créer. J’ai rencontré des

d’élus qui pourraient obtenir plus de subventions pour un territoire au détri- ment d’un autre. Nous ne sommes pas dans un rapport de force. S’il devait y en avoir un, ce serait entre l’urbain et le rural. La principale crainte que j’entends vient des territoires ruraux qui ont peur d’être abandonnés. Je le répète, notre rôle est de travailler à un développement harmonieux de l’ensemble. L.P.B. : A l’occasion de la réunion à Besan- çon, la question vous a été posée d’organiser un référendum sur ce sujet. Vous vous êtes opposée à cette idée, pourquoi ? M.-G.D. : J’ai peut-être répondu de façon un peu raide. On agite cela comme un chiffon rouge.Mais le référendum n’est

“Nous ne sommes pas dans un rapport de force.”

chefs d’entreprise, des associations, des acteurs de la culture, des élus et pas seulement la population. L’exercice participatif a été très intéressant. J’ai l’intention de présenter le fruit de ce travail d’échange au président de la République sous la forme d’un livre blanc. Je prends le risque de m’exposer. Je l’assume. Mais sur cette réforme, il y a tellement de contresens et d’ambiguïtés, que j’ai besoin de me confronter aux gens pour expliquer les choses. L.P.B. : Un budget de 72 000 euros a été alloué pour organiser deux journées de concertation citoyennes. C’est beaucoup pour une réfor- me qui est ficelée ? M.-G.D. : C’est la rançon de l’objectivité. Nous avons fait appel à un cabinet expert dans cette méthode qui consis- te à faire travailler les citoyens sur le projet de création d’une grande Région. Ce ne sont ni des élus, ni des fonc- tionnaires qui sont à la manœuvre. J’attends de ce travail des éléments d’envie, de peur aussi. Le résultat de cette réflexion collective figurera dans le Livre blanc. L.P.B. : Quel projet voudriez-vous voir mener en premier dans le cadre de l’union de la Bour- gogne et de la Franche-Comté ? M.-G.D. : L’énergie, c’est le premier chan- tier à mener. Il faut engager la réha- bilitation thermique des logements. La Région doit prendre des risques aux côtés des banques et s’engager avec des gens qui ont par exemple des projets dans le photovoltaïque. Je pré- cise qu’on crée en ce moment une socié- té d’économie mixte entre la Bourgogne et la Franche-Comté pour les énergies renouvelables. Propos recueillis par T.C.

Marie-Guite Dufay : “Je ne dirais pas que le doute est majoritaire, mais il y a une demande d’explication forte.”

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