La Presse Bisontine 152 - Mars 2014

28 DOSSIER I

La Presse Bisontine n° 152 - Mars 2014

Indépendance Besançon autrement Ismaël Boudjekada veut une mairie militante Le plus jeune candidat des élections municipales à Besançon annonce un programme essentiellement tourné vers l’économie. Selon lui, la mairie a des

leviers en main pour créer une dynamique

1 - Diminuer l’endettement par habitant Faire diminuer l’endettement par habi- tant est une priorité pour Ismaël Boud- jekada. “Nous nous engageons sur les six ans du mandat à le faire passer de 938 euros actuellement à 820 euros.” Pour y parvenir, le candidat a élaboré une stratégie qu’il livre dans ses grandes lignes. “L’objectif est de diminuer les coûts de fonctionnement de la mairie qui ont augmenté de 44 % sur le der- nier mandat de Jean-Louis Fousseret. Une des sources d’économie est de fai- re passer de 23 à 11 le nombre d’adjoints. Ils vont fonctionner avec des conseillers titulaires qui seront plus nombreux. En revanche, nous ne toucherons pas aux services de la ville.” Le candidat promet d’être plus attentif aux sub- ventions. “Nous refuserons de sub- ventionner des projets à plus de 45 % des fonds nécessaires à leur lancement à l’exception des manifestations cul- turelles et sportives.” Plus anecdotique : “Nous abandonnerons le principe du buffet servi en fin de conseil munici- pal, ce qui permettra d’économiser plus de 10 000 euros par an.” La transpa- rence guidera son action. “Il y a un tel ras-le-bol de la politique que nous devons la transparence à nos concitoyens.” Ismaël Boudjekada veut mettre pla- ce une monnaie locale à Besançon à l’exemple de certaines villes du sud- ouest. Le but est d’encourager les Bisontins à consommer local, et les commerçants à créer de l’emploi. “Le principe consiste à subventionner les achats locaux à hauteur de 10 %. Le ministère du Redressement productif finance jusqu’à 50 % ce genre d’initiative qui doit créer de l’emploi, le reste étant à la charge de la mai- rie.” Concrètement pour le consom- mateur : “S’il achète pour cent euros, il bénéficiera d’un bon d’achat de 10 euros valable chez les commerçants de Besançon. Sur ces dix euros, six sont pris en charge par la mairie et quatre par l’État. Le retour sur inves- tissement se fait sur trois ans. Tout l’enjeu sera d’expliquer aux Bisontins qu’un endettement à court terme pour accompagner cette mesure n’est pas contradictoire avec notre souci de fai- re des économies.” Car en contrepar- tie, “nous inviterons les commerçants d’une même branche d’activité à tra- vailler ensemble sur des achats grou- pés de fourniture par exemple, pour qu’ils fassent des économies d’échelle et augmentent leurs marges. Nous vou- drions par ailleurs que les commerces nous fournissent un bilan provision- nel du nombre d’emplois qu’ils veu- lent créer.” Pour mener à bien un tel projet, “il faut une mairie militante économique sur la ville et des emplois. Explications. 2 - Créer une monnaie locale pour dynamiser le commerce

Ismaël Boudjekada, 18 ans, est prêt à en découdre avec sa liste “Besançon autrement.”

tion de la sécurité de celle de la cul- ture. “Un des enjeux du mandat est de renouer les liens entre les responsables politiques et les jeunes des quartiers. Nous devons trouver le moyen de les impliquer en les faisant travailler avec la mairie et les commerçants sur divers projets. On peut imaginer de créer avec eux du mobilier urbain. Ils le respec- teront s’ils ont mis une part d’eux- mêmes dans sa réalisation. En échan-

ge de leur investissement, ces jeunes gagneront un voyage. Cet échange de bons procédés est nécessaire pour que le dispositif réussisse. La ville de Man- deure travaille dans ce sens et les résul- tats sont positifs.” Ismaël Boudjekada veut impliquer les jeunes dans la vie bisontine en créant le label “Besançon solidaire.” Il souhaite aussi que la mai- rie lutte contre le harcèlement à l’école “en impliquant les élèves eux-mêmes

dans la détection de troubles chez un camarade qui conduisent parfois au suicide. Un enfant sur dix est harcelé en milieu scolaire.” Enfin, la sécurité, c’est aussi des camé- ras de vidéosurveillance. “Il ne faut pas en mettre partout évidemment car ces équipements représentent un coût à l’achat et à la maintenance. Nous tra- vaillerons sur le thème de la sécurité avec les services de police.”

et pas spectatrice. Par ce moyen, on peut créer une dynamique positive dans le commerce local.” 3 - Création d’une maison

du développement de l’économie locale

Pour le candidat, la municipalité peut favoriser l’emploi local grâce à la créa- tion d’une maison du développement de l’économie complémentaire de Pôle Emploi. “Dans ce lieu, nous propose- rons aux porteurs de projet un dia- gnostic gratuit de la viabilité écono- mique de leur idée. La municipalité permettra par ailleurs aux entrepre- neurs qui se lancent et qui n’ont pas beaucoup de capitaux, de bénéficier du soutien du service communication de la mairie. Mon but est de libérer l’initiative en supprimant ce côté dis- suasif de la création d’entreprise.” L’autre raison d’être de cette maison “est d’accompagner les demandeurs d’emploi. Elle mettra en relation les entreprises locales dont nous connaî- trons les besoins en terme de person- nel et les demandeurs d’emploi. Nous pourrons ainsi déterminer les besoins de formation.” 4 - L’alimentation, la clé d’une bonne santé Conformément à ce principe de mai- rie militante, Ismaël Boudjekada sera attentif à ce que les élèves de Besan- çon auront dans leur assiette, à la can- tine. “Je voudrais qu’une convention anti-O.G.M. soit signée entre les éta- blissements scolaires et les fournis- seurs. Nous devons avoir la certitude que de la maternelle à l’Université, il n’y a pas d’O.G.M. dans les assiettes. Nous n’avons pas cette garantie actuel- lement.” Côté santé, Ismaël Boudje- kada est déterminé à implanter enfin un pôle santé aux Clairs-Soleils. 5 - Sécurité et culture Le candidat ne dissocie pas la ques-

Financement Des choses en grand à petit budget Avec sa liste indépendante, Ismaël Boudjekada dispose d’un budget de campagne de 3 500 euros. Avec cette enveloppe, il fait des miracles auxquels ne croient pas beaucoup ses concurrents.

E n plus d’être le plus jeune candidat de ces muni- cipales (il a 18 ans), Ismaël Boudjekada est aussi le plus économe.Sonbudget de campagne n’excédera pas 3 500 euros ! C’est en tout cas ce qu’il prétend. Et avec ça, ce jeune homme fait des miracles. Mais comment fait- il le bougre alors que les têtes d’affiche, Jacques Gros- perrin et Jean-Louis Fousseret, engagent chacune plus de 100 000 euros pour cette élection ? La recette d’Ismaël Boudjekada est simple : c’est le système D. Tout d’abord le candidat a fait l’impasse sur une perma- nence de campagne. Ensuite, il a fédéré autour de lui des étudiants bisontins de la filière info-com qui travaillent sur sa communication et les outils qui vont avec tels que son blog. “Je n’ai pas d’agence de communication” insis- te le candidat. Ses 100 000 tracts imprimés à Besançon lui reviendraient à moins de 700 euros. Récemment, il s’est lancé dans une opération “galettes”, distribuant les parts aux Bisontins tout en dialoguant avec eux sur son projet. “J’en ai fabriqué 300 par mes propres moyens en achetant les ingrédients” dit-il. Passe encore. Mais là où beaucoup de ses concurrents doutent de sa bonne foi, c’est sur l’événement “Une autre idée de Besan- çon” qu’il organise samedi 1 er mars au centre-ville. Ismaël Boudjekada et ses co-listiers vont déployer les grands moyens, avec des animations place Pasteur comme des battles de breakdance. En fin d’après-midi, à partir de 18 heures, des concerts gratuits pour toutes les géné- rations auront lieu sur une scène spécialement instal-

lée place de la Révolution. Le candidat annonce notam- ment la venue du D.J. Hakimakli. La soirée se pour- suivra à la discothèque 8 ème Avenue, en présence des artistes, mais cette fois il faudra débourser 10 euros. Cet événement inédit ne lui coûterait rien ou presque. “Nous avons fonctionné uniquement dans le cadre de partenariats. Par exemple, les T-shirts à l’effigie de notre liste nous sont offerts par un commerçant. Les artistes viennent gracieusement. Je vais dépenser moins de 1 000 euros pour leur déplacement et leur hébergement.” Par sa façon de faire, Ismaël Boudjekada nourrit l’incrédulité des autres candidats qui demandent à voir, eux qui utilisent des moyens de campagne plus conven- tionnels mais aussi plus coûteux. L’intéressé n’est pas surpris. “Je comprends leur étonnement. Mais ils ont la culture de la folie des grandeurs. S’ils n’étaient pas cer- tains de faire un score supérieur à 5 % à partir duquel leurs frais de campagne seront remboursés par le contri- buable, sans doute seraient-ils plus raisonnables. Per- sonnellement, ça me dérange par ce biais de participer indirectement au financement de la campagne du Front National” remarque Ismaël Boudjekada. Il ajoute : “Nous, nous sommes dans la débrouille. J’ai fait le choix d’une campagne courte et intense, avec un côté un peu améri- cain. Si je passe la barre des 5 %, je reverserai le rem- boursement de mes frais de campagne aux Restos du cœur de Besançon. Ils sont déjà prévenus.” Rendez-vous est pris.

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