La Presse Bisontine 150 - Janvier 2014

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 150 - Janvier 2014

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ENGAGEMENT

Ils confirment leur liste “Jean-Louis Fousseret n’est plus tout à fait en phase”

Évincés de la liste de Jean-Louis Fousseret, les deux élus socialistes de la majorité municipale sortante ne veulent pas en rester là. Plein d’entrain, ils montent leur propre liste tendance centre-gauche.

L a Presse Bisontine :Vous avez été tous les deux écar- tés de la liste de Jean-Louis Fousseret. On a parlé d’un manque d’investissement, de quadragénaires trop nombreux,pour expliquer les choix faits. Mais connais- sez-vous aujourd’hui les raisons de votre éviction ? Frank Monneur : Sur la question de l’investissement, je défie quiconque de me mettre en défaut sur mon activité au sein du parti socialiste, au conseil municipal, sur mon engagement dans les projets, ou sur ma présence auprès des Bisontins. Jemain- tiens dans cette histoire que les partisans d’Ar- naud Montebourg dont je suis, ont été délibéré- ment écartés de la nouvelle équipe alors que son courant a reçu 22 % des suffrages lors des pri- maires socialistes à Besançon il y a deux ans. Didier Gendraud : J’ai reçu un coup de fil le samedi matin de Jean-Louis Fousseret m’indiquant que ma candidature n’avait pas été retenue par la commission. Puis il m’a dit : “Tu n’as pas démé- rité.” A mon sens, il n’y a pas de raison objective au fait que j’aie été mis à l’écart. Comme je suis un ancien Vert, j’ai peut-être fait les frais de l’ac- cord Vert-P.S. L.P.B. : Pensez-vous faire les frais de vos prises de posi- tions en faveur d’un candidat socialiste lors des législa- tives ? F.M. : Sur les quatre élus qui plaidaient pour une candidature socialiste à la place d’Éric Alauzet, trois ont été écartés. Le quatrième, Yves-Michel Dahoui, est en queue de liste. Est-ce une coïnci- dence ? Si je suis pour l’écologie, j’ai souvent été contre les Verts de la municipalité car ils fonc- tionnent selon des dogmes qu’ils imposent aux habitants. Je paie sans doute aujourd’hui le prix de mon opposition. D.G. : En tout cas si Jean-Louis Fousseret s’est bat- tu pour nous, je note qu’il n’a pas obtenu gain de cause. Pour abandonner ses fidèles lieutenants dont certains l’ont soutenu pendant 19 ans, soit il est torturé d’avoir dû en arriver là, soit il a subi la volonté du P.S. et dans ce cas, je prends un coup sur la tête car je n’imaginais pas le personnage comme ça. L.P.B. : Jean-Sébastien Leuba a été retenu. Un commen- taire ? D.G. : J’ai un souci avec Jean-Sébastien Leuba. Le maire lui a enlevé sa délégation après l'histoire du Pavé dans la Mare et aujourd’hui il est repris sur la liste. Il y a là une subtilité politique qui m’échappe. Je pense que Monsieur Leuba se sent déjà dans la peau d’un futur maire. Il suffit pour s’en convaincre de regarder son facebook. Il a très bien manœuvré au parti socialiste. F.M. : En intégrant Jean-Sébastien Leuba sur la liste, on donne une prime à la déloyauté. L.P.B. : Avez-vous le sentiment de faire partie d’une géné- ration sacrifiée, alors que vous auriez pu incarner la relè- ve ? F.M. : Jean-Louis Fousseret aurait dû faire part de ses intentions de transmettre le flambeau aux nouvelles générations dont nous faisons partie. Je rappelle qu’il a été adjoint de Robert Schwint en 1983. Cela fait donc trente ans qu’il est dans l’exécutif bisontin. Il est triste et dommageable qu’il ne se sente pas la responsabilité de passer la main Ce ne sont pas les deux quadragénaires qui sont dans son sillon qui vont bouleverser la donne. L.P.B. : Vous avez décidé de créer votre propre liste. Où en êtes-vous de ce projet ? D.G. : On crée une liste sans étiquette dans le but de rassembler des Bisontins qui ont envie de tra- vailler sur un projet ambitieux pour la ville.Depuis que j’ai lancé l’idée de faire une liste, nous sen- tons cette attente des Bisontins de 35 à 50 ans de voir autre chose se mettre en place pour leur ville. Une ville qui doit s’assumer davantage com- me capitale régionale, comme ville étudiante.Une ville encore qui doit proposer des choses à la “matière grise” qui choisit de s’installer durable-

ment ici. Nous avons fait le constat lorsque nous étions aux affaires qu’il était possible de changer les choses sur la sécurité, la labellisation Unes- co. Je pensais que le plan “Fousseret 3” ferait quelque chose de tout cela. À mon sens, l’équipe dont le maire sortant s’est entouré ne laisse pas de place à l’inventivité. La liste constituée par le P.S. pour accompagner Jean-Louis Fousseret est très politique. L.P.B. : Une liste sans étiquette mais qui a des valeurs poli- tiques… D.G. : Évidemment par rapport à nos valeurs, cet- te liste sera plutôt centre-gauche.Mais nous allons faire campagne pour Besançon avec des person- nalités qui n’afficheront pas d’étiquette politique. L.P.B. : Faut-il s’attendre à trouver sur votre liste principa- lement des jeunes ? D.G. : Il ne s’agit pas de faire du jeunisme. Des per- sonnes de soixante ans peuvent être jeunes dans leur tête et inventives. Ce sont des gens comme cela qui ont cette personnalité-là que l’on contac- te. Nous cherchons des citoyens qui sont à la fois fiers d’être Bisontins et qui l’assument. Il n’y a pas de gens sans voix dit le proverbe, il n’y a que des gens sans oreilles. Nous sommes porteurs d’espoir pour toute une population qui estime n’avoir jamais été entendue. À nous de le concré- tiser. F.M. : La liste sera surprenante. Elle ne sera pas faite d’ apparatchiks et de technocrates. L.P.B. : Dites-vous cela par rapport à la liste de Jean-Louis Fousseret ? D.G. : Si dans cette liste il n’y avait pas trois élé- phants, six ou sept directeurs de cabinet, et que les jeunes aient eu une vraie place, je l’aurais sans doute soutenue. Ce qui m’a décidé à me lancer, c’est que cette liste ne présente aucun signe d’éner- gie nouvelle. F.M. : Lamoyenne d’âge de sa liste passe de 44 ans en 2008 à 50,5 ans ! C’est une liste vieillissante qui n’est pas le signe d’un renouvellement des générations. L.P.B. : Votre liste est-elle bouclée ? F.M. : Notre liste n’est pas encore bouclée. Elle le serami-janvier.Nous avons déjà des engagements fermes. Il ne s’agit en aucun cas de faire une lis- te “des déçus de”, de ceux qui ont “de l’énergie pour construire”. Nous refusons de voir cette vil- le devenir une sous-préfecture. D.G. : La liste a un nomde travail,“Besançon, nou- velles ambitions”.Actuellement, nous sommes en train de la construire. En dix jours seulement, nous avons déjà beaucoup avancé. Nous sommes surpris. On ne pensait pas qu’il y avait une telle attente des Bisontins à soutenir une nouvelle génération plus dynamique, plus ambitieuse. C’est très positif et très encourageant pour la suite. L.P.B. : Quel accueil recevez-vous auprès des Bisontins ? D.G. : La liste est très bien accueillie, avec un vrai enthousiasme. Cela nous réconforte à l’heure on sent un désamour de la population pour la politique. Quand on leur parle de la vie de leur ville et de son ave- nir, le sujet les intéresse. Le risque de ces municipales est que la gran- de gagnante soit l’abstention. “On garde les pieds sur terre.”

Didier Gendraud

et Frank Monneur sont déterminés à aller au bout de leur projet.

en phase, et nous étions là pour l’aider à le res- ter. L.P.B. :Et les socialistes, comment accueillent-ils votre dis- sidence ? F.M. : C’est le cadet de nos soucis. Le P.S. devrait plutôt nous remercier de notre initiative au regard du nombre de personnes qui nous disent qu’il est hors de question pour elles de voter Jean-Louis Fousseret au premier tour. Il devrait nous remer- cier car nous allons sans doute rassembler un électorat qui n’est pas mobilisé en sa faveur. D.G. : Les socialistes essaient de nous marginali- ser. Cela fait partie du jeu. Mais le P.S. se mar- ginalise lui-même. Être associé aujourd’hui à Jean-MarcAyrault et François Hollande n’est pas forcément un avantage dans le contexte actuel. Mais les Bisontins, eux, ne nous marginalisent pas. L.P.B. : Qui de vous deux sera la tête de liste ? D.G. : Nous en discutons. Rien ne nous oblige d’ailleurs à suivre un schéma classique : “tous derrière un seul homme.”On se concentre d’abord sur la constitution de la liste car sans elle, jamais nous n’aurons lesmoyens de faire passer nos idées. Nous devons également travailler le programme et sur les moyens de le faire passer aux Bison- tins. L.P.B. : Votre programme justement est-il déjà défini dans ses grandes lignes ? Si oui, lesquelles ? D.G. : Nous bâtirons notre programme avec les gens qui nous rejoignent. Nous affinerons avec eux la direction vers laquelle nous voulons aller. L.P.B : Ne redoutez-vous de passer pour des revanchards faisant de l’anti-Fousseret ? F.M. : Nous sommes des responsables politiques, des citoyens engagés. Nous ne faisons pas de l’an- ti Jean-Louis Fousseret qui reste une personne pour laquelle j’ai de l’estime. Nous sommes dans l’action et dans la construction d’un projet pour les Bisontins et pas dans un esprit revanchard. C’est notre rôle maintenant de prendre les pro- blèmes à bras-le-corps. L.P.B. : Redoutez-vous la machine électorale du P.S. ? F.M. : Quand on dit que la machine P.S. se met en marche, il faut relativiser. 60 ans de socialisme à Besançon, et 98 personnes qui votent la liste de Monsieur Fousseret, c’est dire ! Voilà le résultat ! En vérité, cette section est moribonde. L.P.B. : Néanmoins, vous n’avez ni militants ni la logistique d’un parti pour vous aider. De quels moyens disposez- vous ? D.G. : Je ne suis pas inquiet sur lesmoyens humains car des gens nous approchent et sont prêts à nous donner un coup de main. Nous allons inventer et innover en matière de communication pour faire passer nos messages. Nous saurons faire parler de nous. Nous sommes joyeux et enthousiastes. Nous n’allons pas faire une campagne triste tout en restant sérieux.

faire pour vous marginaliser ! D.G. : On apparaît comme les petits poucets de la campagne. Nous n’avons pas de militants, mais dire que nous n’avons pas de réseau sur lequel nous pouvons compter c’est mal nous connaître. Avec Frank, nous avons des réseaux qui se com- plètent. J’entends dire dans le “carré moquette” de lamairie que nous n’irons pas au bout de notre entreprise. J’entends aussi une inquiétude par rapport à notre projet. F.M. : Nous sommes déterminés. Pour faire une comparaison avec le sport, on voit souvent arri- ver en finale de la coupe de France de foot une petite équipe que personne n’attendait. Et bien, ça ne me dérange pas d’être le petit poucet qui peut créer la surprise. L.P.B. : Recevez-vous le soutien de militants socialistes ? F.M. : Oui, on reçoit le soutien de militants du par- ti socialiste écœurés par ce qui s’est passé ces der- nières semaines. Des militants du P.S. viendront nous donner un coup de main. L.P.B. : En cas d’alliance au second tour, sur quelle base engageriez-vous les discussions ? F.M. : Tout d’abord, en aucun cas nous ne pour- rions nous allier avec Jacques Grosperrin. S’il devait y avoir des discussions au second tour avec Jean-Louis Fousseret, il est clair que cette allian- ce ne pourrait se faire que sur des points pro- grammatiques, car nous arriverons avec des idées qu’il n’a pas. L.P.B. : Avec votre initiative, vous allez changer inévitable- ment de posture au conseil municipal si vous deviez être élus ? D.G. : Nous pourrons trouver notre place au conseil municipal, mais ce ne sera plus jamais celle que nous avons pu occuper jusqu’à présent. Nous aurons une liberté de parole sur les projets, et des ambitions. L.P.B. :Comment vivez-vous cette aventure Frank Monneur, vous qui êtes un pur produit du parti socialiste ? Didier Gen- draud et vous-même n’en avez d’ailleurs pas démission- né. F.M. : Je suis en train de vivre un grand moment de liberté sur le plan humain, ainsi que d’un point de vue militant et relationnel. Depuis 20 ans que je m’investis en politique, je ne me suis jamais senti aussi libre. Le fait d’avoir coupé le cordon avec Jean-Louis Fousseret me donne une liberté nouvelle et inouïe. Et on nous demande de démis- sionner du P.S. On répond qu’il y a des statuts au parti. Si le P.S. juge qu’on doit être exclu, il n’a qu’à engager des procédures. L.P.B. : Quel résultat espérez-vous faire aux élections de 2014 ? F.M. : On garde les pieds sur terre. Nous espérons faire un score honorable et apporter un nouveau souffle démocratique à Besançon. D.G. : Nous voulons mobiliser des électeurs qui ne se seraient pas déplacés si nous ne nous présen- tions pas, et faire entendre une autre voix. Propos recueillis par T.C.

F.M. : Avant de nous engager, nous n’avions pas mesuré qu’il y avait une telle attente de la part des Bisontins. Nous voulons briser la monotonie de la vie politique bison- tine, et cette tendance qui nous mène vers une politique verveine- menthe ou ceinture-bretelles.Quand Jean-Louis Fousseret dit qu’il fera des propositions décoiffantes, on peut dire que ça sent bon les années quatre-vingt. Il n’est plus tout à fait

L.P.B. :Vous avez tout à prouver et vos adversaires vont tout

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