La Presse Bisontine 150 - Janvier 2014

LE PORTRAIT

43 La Presse Bisontine n° 150 - Janvier 2014

BESANÇON

52 poèmes, un par semaine

Luc Faivre, les belles heures d’un poète L’écriture est entrée très tôt dans la vie de Luc Faivre. À 57 ans, ce poète autodidacte originaire des Combes

C ôté professionnel, comme beau- coup de cadres, Luc Faivre a une vie de bureau trépidante. Le sien est à Planoise.À57 ans, il est le directeur du Syndicat Mixte d’Énergie duDoubs (Syded), une fonc- tion qu’il occupe depuis 12 ans main- tenant. Ce gestionnaire actif au regard rieur, qui échappe à l’ennui, est une personnalité dont le portrait serait tron- qué s’il fallait s’en tenir à ce qu’il est au travail. En vérité, les verres de ses lunettes dissimulent unhomme de vers, dont ondécouvre aujourd’hui l’existence. Luc Faivre écrit pour lui des poèmes depuis l’âge de vingt ans. Il s’est réso- lu à en publier 52 d’entre eux, à comp- te d’auteur dans un livre intitulé “Une année d’Amour”. La plupart des textes a été écrite ces dernières années. Le contraste de sa vie est là, dans cette forme d’expression qu’il affectionne publie son premier recueil de poèmes. Rencontre.

Guitariste également, Luc Faivre met en musique certains de ses poèmes.

particulièrement alors que rienne l’y prédestinait. “Je n’ai pas de formation lit- téraire et je lis plutôt des essais.En revanche, j’aime écrire. Le poème est com- me un flash dans le sens où le texte est court. Mais il est initié par une réflexion plus profonde” explique l’auteur autodidacte. Son bagage est celui que l’école de laRépublique lui a don- né à une époque où elle avait l’exigence de l’enseignement de la langue française. Luc Faivre écrit, c’est sa respiration, comme d’autres peignent, chan- tent ou jouent de la musique. Chez cet hom- me curieux de nature et plein d’humour, l’écriture procure une sensation

dit, “trois lettres qui signifient structu- re, musique et sens” s’amuse-t-il. La qualité du texte dépend de la réunion de ces trois éléments qui distillent de la musicalité, de la compréhension et finalement de l’émotion. Chaque mot est choisi avec une exigence dans le vocabulaire. La poésie est la forme d’expression qui convient le mieux à Luc Faivre. Un temps, il s’est essayé au roman, sans réussite. “J’ai travaillé trois ans sur un projet. J’ai écrit un tiers de l’histoire. J’ai arrêté car je n’avais plus d’idées.” Lemanuscrit dort depuis dans un tiroir. C’est en 2012 que l’envie lui est venue de faire partager aux autres sa poésie. Lamaturité était là.Audépart,l’auteur avait dans l’idée de réaliser un calen- driermêlant ses textes aux belles pho- tographies deMaryvonne Brunel, une amie lyonnaise, et de Doris Kalberer- Bettineschi. “Je trouvais que le calen- drier était le support idéal pour faire entrer la poésie dans les cuisines.” Fina- lement, le projet va évoluer vers la réa- lisation d’un livre sous l’influence d’une graphiste bisontine,Marie-ÉdithHen- kel. L’aventure de l’édition, un monde dont il ne connaissait rien, portée par ces rencontres, va emballer Luc Faivre, qui parle même de miracle. Les pho- tos et la mise en page donnent de la force à ses poèmes qui ont tous une his- toire. “Quand j’en relis certain,j’ai enco- re la sensation de l’écriture comme ce soir d’automne au bord du lac à Yver- don.” Il y a 52 poèmes dans ces pages, un par semaine, une temporalité souhaitée par l’auteur. Luc Faivre a commencé à diffuser “Une année d’Amour.”Le livre commence à vivre sa vie sur les tables de nuit,dans les cuisines,etmême dans les sacs àmain des dames (son format le permet). L’auteur se félicite que ce recueil devienne un objet du quotidien. Mais un objet dont on tourne les pages au gré de ses humeurs et de ses envies, pour oxygéner son âme. T.C.

francebleu.fr

“J’ai encore la sensation de l’écriture.”

Les Cordons Bleus en direct de la cuisine de France Bleu Besançon aux Halles des Beaux Arts chaque vendredi de 10h à 11h

intense de liberté et d’apaisement, per- ceptible dans ses textes qui expriment la joie et l’espoir. En le lisant, on com- prend vite que le poète n’appartient pas à la catégorie des torturés. L’auteur ne puise pas son inspiration dans l’agitation du bureau, bien que tout soit susceptible de faire germer dans son esprit une idée.Cela peut être un mot, une banalité du quotidien, un paysage, un événement ou l’actualité. Au fil du temps, l’éveilleur a appris à faire le tri pour ne garder que les bribes de phrases dont il est certain qu’elles seront le socle d’un poème à venir. “J’ai tout essayé pour garder mes idées. Je les ai notées, enregistrées. Mais quand je reprenais mes notes, ces phrases n’avaient plus d’énergie. Finalement, j’ai décidé de laisser aller mes idées. Certaines passent,d’autres restent.Puis unmatin,jeme réveille,et c’est lemoment d’écrire.” Cette fulgurance est impré- visible. Tout se passe dans le calme de l’aube, entre 5 et 6 heures du matin, devant un café. Luc Faivre s’installe à la table de la cuisine de son habitation de Bregille pour coucher ses vers sur le papier en langage S.M.S. comme il

vu d'ici

© Arnaud Castagné

poesiesendoubs@laposte.net

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online