La Presse Bisontine 150 - Janvier 2014

LES POINTURES DE LA RECHERCHE

La Presse Bisontine n° 150 - Janvier 2014

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BESANÇON

Femto-S.T. John Dudley, le conquérant de la science physique Néo-Zélandais d’origine,

D ans ses veines coule le sang de Guillaume le Conquérant. Un héri- tage qui explique, peut-être, son insatiable d’envie de mettre la main sur des données jamais explorées. John Dud- ley fait partie de la branche des Dudley, des ancêtres qui ont quitté l’Angleterre en 1857 pour s’installer en Nouvelle-Zélande avec leurs 25 moutons. “Dans ma généalogie, je remonte en effet jusqu’à Guillaume le Conqué- rant” précise amusé le chercheur bisontin, arrivé ici en 2000 après avoir été recruté comme professeur à l’université de Franche- Comté. Déjà chercheur en Nouvelle-Zélan- de dans les années quatre-vingt-dix, il sent poindre un certain “isolement scientifique” dans cette île d’Océanie située à 2 000 kilo- mètres de l’Australie. “Ne serait-ce que pour disposer d’un matériel scientifique, il fal- lait attendre 3 mois contre 3 jours mainte- nant” se souvient-il. Alors qu’il est en poste dans son pays, il demande un congé d’une année sabbatique entre 1998 et 1999. “Je savais que la Fran- ce disposait d’une tradition en optique. Je suis arrivé à Besançon.” En 2000, un poste de chercheur… à l’université de Franche- Comté est ouvert, poste auquel il faut can- didater par minitel. Problè- me, John est en font désormais de lui “LA” référence mondiale. Récom- pensé de la médaille d’argent du C.N.R.S., John possède un parcours à l’image de sa personnalité : unique. John Dudley est arrivé il y a 13 ans à l’institut Femto-S.T. de Besançon. Ses recherches dans le domaine de l’optique

John Dudley, chercheur reconnu mondialement dans le domaine de

il ne faut pas croire qu’on la possédera tou- jours le lendemain” admet celui qui n’a mis que trois mois pour apprendre notre langue. Visiblement, cette abnégation a porté ses fruits en révolutionnant le monde de l’optique. Ses recherches se sont traduites notam- ment par “le contrôle poussé de la propa- gation non linéaire et de l’amplification d’impulsions ultra-brèves sur fibre optique, le développement de nouvelles sources fibrées à ultra large bande, particulièrement les sources dites “de supercontinuum.” Si vous n’y comprenez rien, retenez que les recherches de John Dudley seront déve- loppées par des laboratoires, applications que vous retrouvez ensuite dans votre quo- tidien comme les écrans plats, les smart- phones, le découpage industriel, la méde- cine, les bases de stockage informatique ou encore la prévision des vagues scélérates dans l’océan. “À ma grande surprise, mes recherches et celles de l’équipe ont permis

d’expliquer physiquement ces vagues de l’océan, qui peuvent tout détruire sur leur passage.” Le but sera à terme de les pré- voir. Une bouée sera installée au large de l’Écosse afin de mesurer les variations du niveau de la mer. Médaillé d’argent par le C.N.R.S. cette année et félicité par ses pairs, John Dudley remer- cie son laboratoire, Femto-S.T. de lui avoir fait confiance et aussi permis de chercher “à long terme” alors que la plupart des labo- ratoires (anglais notamment) veulent des résultats à court terme. “La recherche fon- damentale peut prendre 5, 10, 50 ans. J’ai mis 12 ans avant de voir les fruits et les impacts de mes recherches” explique l’homme membre de l’Institut universitaire de Fran- ce qui a publié plus de 200 contributions dans les revues scientifiques internatio- nales. Il a déjà participé à 300 conférences ! Un chiffre impressionnant qui ne l’empêche pas de donner des cours aux élèves : “Je ne

veux pas me déconnecter du monde réel…” dit-il tout en reconnaissant que les étu- diants français sont d’assez bons scienti- fiques. Tombé amoureux de la Franche-Comté pour ses paysages, John se sent bien ici et rap- pelle que ses habits ou sa voiture ne sont plus altérés par le sel de la mer. À 47 ans, le scientifique aimerait avoir des journées de 80 heures pour optimiser son travail et la foultitude de données à véri- fier. Pour l’anecdote, l’équation de modéli- sation des vagues extrêmes optiques écri- te sur le tableau (notre photo) a été en partie résolue lors de notre entrevue. John espère aller plus loin. Il n’exclut pas qu’un jour l’homme puisse développer un système de télétransportation… même si certaines règles de la physique disent que c’est impossible. Mais impossible n’est pas Néo-Zélandais. E.Ch.

Jusqu’à la télétrans- portation.

Nouvelle-Zélande où il n’y a qu’un poste de ce type dans l’île : au consulat de France. Si John l’utilisera, il aura entre-temps fabriqué le sien en développant un logiciel lui permettant de le relier à son ordinateur. Cet exemple explique - en partie - son tem- pérament : rien n’arrête John. Boulimique de travail, il peut se réveiller en pleine nuit ou annuler un cours qu’il délivre à ses élèves si une idée lui vient en tête. “Lorsque l’on a une bonne idée sur le moment,

l’optique, s’attaque à une

équation “de modélisation des vagues

extrêmes optiques.”

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