La Presse Bisontine 150 - Janvier 2014

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 150 - Janvier 2014

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ENQUÊTE

Malaise au travail

Professeur à l’Université, Jean-Pierre Minary intervient aussi dans les administra- tions ou entreprises qui doivent faire face au malaise de leurs salariés.

Deux salariées d’une étude notariale dénoncent un harcèlement moral Parce que le malaise au travail touche toutes les catégories socio-professionnelles, La Presse Bisontine a rencontré deux femmes qui racontent leur calvaire. Elles ont porté l’affaire devant le conseil des prud’hommes de Besançon.

E lles parlent de “mort psy- chologique.” De boule au ventre avant de pousser la porte du bureau. D’insomnie. De peur. Si les faits font aujourd’hui partie du pas- sé, Sandra et Vanessa (N.D.L.R. : prénoms d’usage) replongent très vite dans ce qu’elles appel- lent “leur cauchemar” qui aura duré plus dix ans pour une et six ans pour l’autre. Harcelées psychologiquement, toutes deux ont décidé de porter l’affaire devant le conseil des pru- d’hommes de Besançon qui jugeait l’affaire le 10 décembre,

à l’heure où nous bouclions ces lignes. Comme beaucoup de salariés, leur entrée en poste est rose. L’avenir le sera moins. Embau- chée dans une étude notariale de Besançon, elles vont, disent- elles, subir la “folie humaine.” Appelées non pas par leur pré- nom mais par leurs initiales, elles vont devoir faire face aux sauts d’humeur, cris et “flicage” intempestifs de leur supérieur. Tout a débuté de manière insi- dieuse. Engagée comme secré- taire en 1998, Sandra est la pre- mière à être embauchée. Très

rapidement, elle évolue et fait valoir ses compétences en rédi- geant des actes notariés alors qu’elle ne possède qu’un statut de secrétaire. Quelques années plus tard et ses compétences acquises, Sandra réclame une augmentation. Elle est alors payée au S.M.I.C. Son chef accep- te l’augmentation. “C’est à par- tir de là que tout a commencé” se souvient-elle. Très vite, ledit responsable va retourner les autres salariés contre elle au motif qu’elle est mieux payée que d’autres de ses collègues. “Je suis devenue la cible” lâche-

t-elle. Puis, il minute ses arri- vées, son travail, ses allées et venues aux toilettes, la surcharge de travail. Une surveillance de tous les instants devenue insup- portable. Arrivée en 2009, Vanessa dit vivre le même calvaire : “Lorsque l’on vous fait comprendre que vous êtes un parasite, une incom- pétente, que l’on vous parle com- me à un “chien”, on commence à culpabiliser.” Une culpabilité dont ont eu du mal à se défaire les deux femmes. “Mais notre travail était bien fait. J’avais peur de chaque réaction de cet-

te personne. Je mettais un casque pour me protéger” image San- dra, qui prend sur elle. Puis, le physique lâche : arrêtée par la médecine du travail durant un an, elle fait une dépression liée au travail. Sa collègue, pour sa santé et pour sa famille, décide de franchir le pas en dénonçant les faits : “J’ai démissionné en dénonçant ce harcèlement…mais lorsque j’ai repris un autre tra- vail dans le domaine juridique, mon ancien employeur a appe- lé mon nouveau responsable pour

balancer des choses horribles. Je croyais que cela n’allait jamais s’arrêter.” Si la personne incri- minée n’est plus notaire, les deux salariées réclament réparation : financière et morale. “Nous vou- lons montrer aussi que toutes les catégories socio-profession- nelles sont touchées par ce har- cèlement” disent-elles. Après avoir refusé une conciliation à l’amiable, elles ont remis leur destin entre les mains du conseil des prud’hommes. Place à la reconstruction.

Battant Dans notre précédente édition, une petite erreur s’est glissée dans l’article consacré au bilan de Jean-Louis Fousseret dressé par l’opposant Philippe Gonon. Ce dernier évoquait une trentaine de commerces vides à Battant et non 230 comme il a été indiqué. Dont acte. Folk Bal Folk de Noël le samedi 14 décembre à 20h à la M.J.C. Clairs-Soleils, 67 E rue de Chalezeule à Besançon. Au programme du bal, le groupe Akan, célèbre groupe folk haut-saônois né de la rencontre entre deux diatonicistes (Pierre et Pierre-Louis), une flûtiste (Catherine) et un guitariste (Jean-François), et rejoint ensuite par un violoniste (Bruno), avec un répertoire de musique folk traditionnelle des régions françaises mais aussi de différents pays du monde. Renseignements sur www.mjc-palente.fr Questions à… Jean-Pierre Minary “Il y a deux manières de faire craquer un salarié” Professeur de psychologie à l’université, Jean-Pierre Minary explique comment la pression sur les salariés est exacerbée en période de crise. La Presse Bisontine : Le malaise au travail épargne-t-il cer- taines catégories socio-professionnelles ? Jean-Pierre Minary : Non. Avec la crise, on demande aux sala- riés dʼêtre flexibles, dʼaccroître leurs polyvalences. Cʼest une pres- sion à la mobilisation subjective. On vous demande dʼen faire plus. Ce qui rend cette pression encore plus insupportable, cʼest aussi en raison de la précarité de lʼemploi. La personne sʼimplique sans quʼil nʼy ait de gratitude ou de reconnaissance financière. L.P.B. : Pourquoi les salariés culpabilisent autant et se taisent, quitte à flirter avec le burn-out ? J.-P.M. : Il y a deux manières de faire craquer un salarié : en le surchargeant de travail. Cette surcharge met la personne à la limi- te de ses compétences et elle craque. La seconde méthode, sou- vent pour les cadres, cʼest le placard. Et puis, il y a le chômage. Beaucoup de salariés ont peur de la précarité et du chômage. Cet- te idée de précarisation dans le travail pèse sur la famille. Cʼest une double insécurité qui peut conduire au suicide. Il y a 30 ans, on ne parlait pas de cela. Les filets sociaux ont disparu et lʼindividualisme prime. Venir en aide à une personne harcelée, cʼest soi-même prendre un risque. Recueilli par E.Ch.

PARKING

Stationnement gratuit et interrogations

Le casse-tête du

parking-relais Casamène L’avenir du parking-relais Casamène, situé entre le pont de Velotte et Tarragnoz, s’inscrit en pointillé depuis qu’il a été fermé puis rouvert après que les gens du voyage aient quitté les lieux. La ligne de bus 31 le dessert à nouveau depuis le 2 décembre. Jusqu’à quand ?

Le parking Casamène est rouvert.

EN BREF

E n 2011 à son ouverture, lors des débuts des travaux du tram- way, Casamène était vendu com- me le lieu idéal pour garer sa voitu- re sur 200 places de parking gratuites, à seulement 2 kilomètres du centre- ville. Les automobilistes n’ont visi- blement pas mordu. Pis, les rares habitués ont été échaudés lorsqu’ils ont trouvé un parking occupé par les gens du voyage puis fermé durant le moins de novembre car illégalement occupé. La ligne de bus 31 qui des- servait n’y transitait plus depuis le 24 octobre dernier à 17 heures Le ser- vice des lignes Ginko n’a repris que le 2 décembre au matin. Malgré le fait que le parking soit réser-

vé aux véhicules de moins de deux mètres de hauteur, des caravanes et autres utilitaires ont en effet inves- ti les lieux. Il a fallu la décision du préfet pour que les occupants quit- tent le lieu : “Depuis lundi 2 décembre,

pants étaient parvenus à déplacer les rochers qui avaient été posés pour les empêcher de passer. Malgré ces 200 places gratuites, Casa- mène attire peu, même s’il est idéa- lement situé à 20 minutes à pied du centre-ville et à 10 minutes à vélo, autant en bus, pour les personnes en provenance de Beure et de la route de Lyon. Avec la mise en service du tramway, rien ne dit que ce parking restera ouvert et gratuit. La Ville et la C.A.G.B. vont étudier la question. Pour l’heure, il reste les P + R des Chaprais, de Micropolis, de Témis, de la route de Franois et bientôt du Fort Benoît (côté est). E.Ch.

le parking est à nou- veau rouvert et la ligne de bus 31 le dessert, confirme le responsable des transports du Grand Besançon Yann Chauvin. Il a fallu que la Ville nettoie le site et remette de nouveaux dispositifs pour éviter que cela ne se repro- duise.” Malins, les occu-

Les rochers déplacés.

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