La Presse Bisontine 149 - Décembre 2013

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 149 - Décembre 2013

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POLITIQUE

La position des communistes bisontins “On ne se soumettra pas aux consignes de Jean-Louis Fousseret” Christophe Lime, adjoint au maire depuis 2001, est le porte-parole de la

L a Presse Bisontine : Les communistes bisontins ont voté massive- ment en faveur d’une liste d’union alors que précédemment vous aviez préparé un protocole d’accord pour que le Front de Gauche dont vous faites partie présente une liste autonome. Cela mérite sans doute quelques explications sur votre démarche… Christophe Lime : Nous avons justement pris tout le temps de construire une démarche qui est le fruit de près d’un an de réflexions et de rencontres. Notre raisonnement de base a été le suivant : “qu’est-ce qui peut ressortir de bon pour les Bisontins ?” et d’emblée on a affirmé notre volonté de battre la droite et l’extrême droite. En décembre 2012, nous avons entamé la réflexion sur le bilan des élus communistes au sein de la municipalité bisontine. Nous avons estimé qu’il y avait une vraie reconnais- sance de leur travail dans plusieurs domaines : C.C.A.S., eau, assainissement, centre de tri, etc., et donc que ces élus avaient servi à faire avancer les choses. On en a conclu qu’il fallait être dans la majorité pour peser sur ses choix. Puis on a travaillé avec nos partenaires du Front de Gauche et toutes ses entités, et paral- lèlement nous avons travaillé sur un programme avec des pro- positions. L’idée, jusqu’en septembre, était de partir avec eux sur une liste autonome. Nous avons également rencontré nos actuels alliés de la municipalité, écologistes et socialistes pour connaître leur position. Puis certaines organisations du Front de Gauche ont un peu traîné à nous répondre alors que nous avions fixé l’assemblée générale du P.C.F. bisontin au 18 octobre. Et ce jour- là, nous avons voté. L.P.B. : Pour rejoindre la liste de Jean-Louis Fousseret dès le premier tour… C.L. : Pas exactement. Sur le bulletin de vote, il y avait plusieurs questions. La première était de savoir si les militants approu- vaient l’idée d’une liste autonome selon le protocole que nous avions proposé à nos partenaires du Front de Gauche. La secon- de consistait à savoir si les militants étaient également partants pour une liste autonome même dans le cas où toutes les compo- santes du Front de Gauche ne se positionnaient pas. À la pre- mière question sur l’idée d’une liste autonome, 94,6 % des 83 votants se sont prononcés pour. Mais au deuxième vote, ils n’ont été que 11,25 % à se prononcer en faveur d’une liste autonome au cas où le protocole préparé avec les autres composantes du Front de Gauche n’était pas adopté, ce qui a été le cas. Et dans cette hypothèse de la non-ratification du protocole, ils ont donc été 88,75 % à se prononcer pour l’adhésion à une liste d’union avec le maire sortant. L.P.B. : Ce n’est pas paradoxal à vos yeux ? C.L. : Non, car les communistes avaient besoin d’une lisibilité. On était prêt à s’engager dans une liste Front de Gauche mais avec des choix bien précis. Comme le Parti de Gauche ne s’était pas délégation communiste pour les prochaines élections municipales. Il justifie le choix du P.C. de rejoindre dès le premier tour la liste de Jean-Louis Fousseret, tout en gardant sa liberté de parole.

Christophe Lime, à droite, et de gauche à droite, Thibaut Respingue, collaborateur des élus communistes à la Ville, Thibaut Bize, secrétaire départemental du P.C. et Gérard Monnier, militant communiste.

scolaires et que sur les gros dossiers comme Saint-Jacques, les Prés-de-Vaux ou laViotte, on associe la population avant de prendre les décisions. On a demandé aussi qu’à mi-mandat, les élus aillent devant la population pour expliquer ce qu’ils ont pu ou pas pu mettre en œuvre. Et qu’enfin le C.C.A.S. soit doté d’un budget plus important. L.P.B. : Et sur le plan de l’urbanisme, de la culture ?… C.L. : En matière d’urbanisme, on souhaite que les efforts soient concentrés sur la Grette, que l’opération de renouvellement urbain réalisée sur Planoise soit étendue à la Grette. L’autre quartier qui doit être privilégié, c’est Palente-Orchamps. Sur le plan culturel, il faudra trouver un événement annuel inno- vant mais qui devra se baser sur les compétences locales. L.P.B. : Combien d’élus communistes avez-vous négocié avec Jean-Louis Fousseret ? C.L. : Six personnes en position éligible, plus deux autres, et ces personnes ne seront pas forcément toutes encartées au P.C. Ma principale préoccupation sera l’utilité de ces élus communistes. Il y aura des élus d’expérience et un rajeunissement. L.P.B. : Qu’est-ce que signifie être communiste au XXIème siècle ? C.L. : Être communiste, c’est penser à l’avenir des humains et de la planète. Le communisme, c’est une culture. Si le parti com- muniste s’est beaucoup interrogé suite à la chute du mur de Ber- lin, on a su recréer en France une vraie dynamique, mais qui est encore insuffisante. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on a été un des membres fondateurs du Front de Gauche et on consi- dère aujourd’hui que le Front de Gauche doit encore s’élargir avec de nouvelles forces, et notamment avec des personnes encar- tées dans aucun parti. Nous sommes une gauche alternative de construction. L.P.B. : On dit que la droite n’a jamais eu autant de chance de faire basculer cette Ville de Besançon. Vous partagez cet avis ? C.L. : Complètement, il y a un vrai risque. Et il existe un vrai risque aussi de voir le F.N. progresser. Et j’estime que la montée du F.N., c’est aussi l’échec de la gauche. La droite est une vraie menace car le contexte national va certainement jouer sur une démobilisation d’une partie de la gauche. J’estime néanmoins que sur le plan local, la majorité avec toutes ses composantes présente un bilan qui est plutôt positif. Propos recueillis par J.-F.H.

sants les uns envers les autres. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que nous avons des diver- gences à l’intérieur du Front de Gauche. Et ce n’est pas parce que nous serons dans la liste Fous- seret que nous ne continuerons pas à coller des affiches “Non à l’austérité budgétaire imposée par le gouvernement”. L.P.B. : Cela ne vous gêne donc pas de cautionner la poli- tique des socialistes ? C.L. : Tous les maires en France, y compris les maires communistes, vont subir l’austérité de l’État. On considère que sur le plan local, on peut avoir des élus communistes qui soient utiles. On l’a encore prouvé récemment au conseil munici- pal de Besançon quand on a poussé la majorité à adopter la taxe d’habitation sur les logements vacants. Un deuxième exemple prochain ? La communauté d’agglomération va prendre la déci- sion en décembre de revenir en régie concernant la collecte du verre. Ce qui prouve bien notre uti- lité sur des vraies valeurs de gauche. L.P.B. : Dans les discussions avec Jean-Louis Fousseret, quels engagements avez-vous obtenu qu’il prenne lors d’un éventuel troisième mandat ?

“La montée du F.N., c’est l’échec de la gauche.”

prononcé pour ce protocole commun, les com- munistes n’ont pas voulu s’embarquer dans l’inconnue, ils ont fait un choix cohérent qui cor- respond à la position de départ : être utiles et avoir des élus. Nous avons pris la solution d’efficacité. L.P.B. : Mais au fond, qu’est-ce qui vous différencie vrai- ment de vos partenaires du Front de Gauche ? C.L. : La seule chose qui nous différencie, c’est le soir du premier tour où eux ne se sont pas pro- noncés franchement sur leur soutien à la liste de gauche qui arriverait en tête. De notre côté, c’était tout à fait clair. L.P.B. : Les membres du Parti de Gauche notamment ne sont pas tendres avec vous depuis votre ralliement à la future liste Fousseret. Vous n’avez pas le sentiment que le beau Front de Gauche est mort à Besançon ? C.L. : Je ne le pense pas. Les composantes du Front de Gauche restent nos partenaires. Après la parenthèse des municipales il y a d’autres échéances, les Européennes notamment. De notre côté en tout cas, nous ferons tout pour fai- re vivre le Front de Gauche. Il faut surtout évi- ter de tomber dans des propos excessifs ou bles-

“Les communistes n’ont pas voulu s’embarquer dans l’inconnue.”

C.L. : Nous avons obtenu une dizaine de points sur lesquels nous ne voulions pas transiger. D’abord dans l’accord avec lui sera marqué noir sur blanc que les communistes garderont leur liber- té de parole et de vote au sein du conseil. On ne se soumettra pas aux consignes de Jean-Louis Fousseret. Ensuite, il y aura au cours du mandat des expressions du P.C.F. seul. Nous ferons aus- si des réunions spécifiques dans les quartiers. Le troisième point est qu’il ne devra y avoir aucune alliance avec le centre-droit. L.P.B. : Et des mesures sur la vie quotidienne des Bisontins ? C.L. : Nous avons obtenu qu’il n’y ait aucune augmentation des impôts locaux à l’initiative de la Ville durant tout le mandat. Ensuite qu’il y ait le maintien, voire le renforcement des services publics dans cette ville. Nous avons obtenu également que soient lancées deux études, l’une sur le transport public pour un éven- tuel passage en régie publique, l’autre sur le réseau de chaleur de Planoise. Sur les relations avec la population, nous avons exigé un comité de mise en œuvre et de suivi de la réforme des rythmes

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