La Presse Bisontine 147 - Octobre 2013

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 147 - Octobre 2013

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AMÉNAGEMENT

Un métier pas comme les autres Pascal Gudefin vit pour le tram

Cet ingénieur de 53 ans est directeur du projet tramway à Besançon. Une fonction faite “de stress, d’angoisse et de moments de bonheur” qu’il occupe depuis trois ans.

L a City, sixième étage, Mission Tramway. De son bureau vitré, Pascal Gudefin a une vue impre- nable sur le pont Canot fermé à la circulation pour cause de tra- vaux. C’est le milieu de l’après-midi. Équipés d’un casque et d’un gilet oran- ge, accessoires indispensables à la sécurité, les ouvriers en tenue régle- mentaire s’affairent à la construction de la plateforme du tram. “C’est un chantier magnifique tant par sa com- plexité, son étendue, que par ses avan- cées” résume le directeur du projet en jetant un coup d’œil par la fenêtre. Cela fait trois ans maintenant que Pascal Gudefin occupe cette fonction qui l’accapare. Son quotidien, c’est le tramway, une vie faite “de stress, d’angoisse et de moments de bonheur.” De stress, car ce qu’il redoute le plus c’est qu’un accident se produise sur ce chantier qui mobilise 500 personnes travaillant au milieu de la cité. C’est pour cette raison qu’il ne lâche rien sur la sécurité. Les instants de bon- heur pointent aussi, lorsqu’il consta- te que le projet se déroule dans le res-

pect des règles et du calendrier. Début septembre, la jonction entre les par- ties est et ouest du tram a été faite (7 kilomètres de part et d’autre), et désormais les premiers essais sont en cours. “C’est symbolique, mais quel chemin accompli” estime le respon- sable d’un ton satisfait. Cette vie, il l’a choisie, le jour où Jean- Louis Fousseret, le président de l’Agglo, lui a proposé de relever le challenge de faire passer le tramway d’une pha- se conceptuelle à une phase de réa- lisation. C’est sans trop hésiter que le directeur des espaces publics de la ville qu’il était a abandonné sa fonc- tion pour participer à cette aventu- re. Au regard de son curriculum vitæ , il était sans doute fait pour ce job ! À la base, Pascal Gudefin est ingénieur des travaux publics de l’État. Il a rou- lé sa bosse entre l’Île de la Réunion et la région parisienne avant de s’installer à Besançon. “J’ai partici- pé à la construction de villes nouvelles commeMarne-la-Vallée.Dans le Doubs, j’ai travaillé sur la déviation de Quin- gey et celle des Hôpitaux. Puis j’ai

Pascal Gudefin : “Si c’était à refaire, je le referais. Car ce projet va transformer la ville et semer de l’activité et de la richesse à Besançon.”

quitté les services de l’État pour intégrer la Ville et son service voirie pour commencer” explique-t- il.

teurs sont aussi mes oreilles et mes yeux sur le chantier.” Rien n’est laissé au hasard, tout est dans l’anticipation et la négociation. Aussi, la semaine de Pascal Gudefin est rythmée par un cycle de réunions obligatoires durant lesquelles tous les problèmes sont mis sur la table pour être solutionnés. Ces rendez-vous régu- liers servent aussi à organiser le plan- ning. Chaque semaine il voit les direc- teurs généraux de la ville et de l’Agglo. Chaque semaine il rencontre le mai- re et président de l’Agglo “qui est à la fois soucieux, impliqué et exigeant.” Chaque semaine encore Pascal Gude- fin participe à une réunion de coor- dination de chantier qui n’a qu’un seul objectif : “fabriquer de l’information” pour la population et les médias. “J’ai aussi une réunion hebdomadaire sur l’avancement du chantier avec lemaître d’œuvre. Toutes les deux semaines je rencontre les entreprises. Nous ne sommes pas dans l’improvisation.” Régulièrement, l’ingénieur est aussi sur le terrain pour vérifier que les consignes sont appliquées. Pascal Gudefin n’a qu’une idée, agir pour que l’engagement que les élus ont pris devant la population soit tenu : réaliser le tram le moins cher de Fran- ce (228 millions d’euros valeur 2008) en conciliant trois paramètres : la qua- lité, les délais et le coût. “C’est un pro- jet qui aura de la gueule, malgré le budget serré. Ce qui est stimulant dans cette expérience de prix bas, c’est que l’on a obligé le maître d’œuvre à réflé- chir différemment à un projet de tram. Sur ce point, l’exigence des élus a per- mis de tenir le budget” estime Pascal Gudefin. Sa mission s’achèvera une fois que le tramway sera mis en service. Alors sera venu le moment pour lui de réflé- chir à son avenir à Besançon, ou ailleurs. Pour l’instant, il n’a pas le temps d’y penser. T.C.

300 exposants 18 000 visiteurs

Ce cadre de 53 ans a donc une double expérience qui lui est précieuse dans la conduite du chantier du tramway. “J’ai la connaissance des grands projets. Mais la différence entre la construction d’une 2 x 2 voies par exemple et le tram, c’est que le chantier se dérou- le en milieu urbain, mou- vant. Il faut s’adapter à la vie de la ville. En ayant été à la voirie, j’ai une connaissance assez fine des rues, des habitants, des quartiers. Elle me sert.” Mais connaître son sujet ne suffit pas pour posséder cette fonction. Être directeur du tram exige de faire preu- ve d’une capacité d’écoute et de dia- logue importante. D’un côté il y a les élus auxquels il rend des comptes, de l’autre il y a les services, les entre- prises auxquels il faut donner les direc- tives. Ceux qui gravitent autour du chantier reconnaissent enPascal Gude- fin le tempérament d’un homme qui sait faire preuve de fermeté et de consensus. “L’organisation est colos- sale. Mon boulot est de la faire fonc- tionner. Certains soirs, je quitte le bureau en me disant, j’ai résolu cinq problèmes aujourd’hui, mais j’en ai découvert quinze autres. Il faut gar- der confiance en son équipe et en sa capacité à résoudre les difficultés” confie-t-il. Son équipe comme il dit, réunit 14 personnes qui l’épaulent. Parmi elles, il y a quatre ingénieurs, dont un qui s’occupe exclusivement de la sécurité du chantier. Mais il y a également cinq médiateurs, au ser- vice des riverains et des commerçants. “Je ne peux pas être partout. Cesmédia- “Nous ne sommes pas dans l’impro- visation.”

15 000 m 2 d’exposition, d’animations et de conférences

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