La Presse Bisontine 147 - Octobre 2013

A g e n d a

La Presse Bisontine n° 147 - Octobre 2013

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THÉÂTRE - LA NOUVELLE DIRECTRICE DU C.D.N.

“Notre métier est d’inventer de la beauté, de l’espérance, du lyrisme” Célie Pauthe est directrice du Centre Dramatique National de Besançon depuis la rentrée. Elle succède à Christophe Maltot qui n’aura effectué qu’un court séjour à Besançon. La créatrice s’est fixé trois priorités.

L a Presse Bisontine : Ce n’est pas trop compliqué d’arriver à la tête du C.D.N. alors que la programmation de la saison est déjà bouclée, tout en succédant à Chris- tophe Maltot parti au bout d’un an seu- lement ? Célie Pauthe : C’est vrai qu’il est plus courant pour un directeur de C.D.N. de commencer sa mis- sion en décembre et qu’ici à Besançon la situation s’était com- plexifiée du fait du départ pré- coce de Christophe Maltot. Mais Vincent Adelus a très bien assu- ré l’intérim et parfaitement bien finalisé cette saison 2012-2013 imaginée par Christophe Maltot et dans laquelle je me retrouve complètement. Tous les engage- ments ont été respectés et je peux compter sur une équipe solide. Après une crise dans les rela- tions humaines, je retrouve une situation saine et une équipe enthousiaste. Et dès janvier je pourrai compter sur une direc- trice adjointe, Claire Devins qui est l’actuelle administratrice de ma compagnie, pour m’épauler dans la fonction de directrice que j’assumerai totalement. L.P.B. : À 38 ans, c’est votre première expérience de directrice. Pourquoi avoir postulé et ici à Besançon ? C.P. : C’est en effet ma première

C.D.N. un vivier de création. Je veux absolument continuer à développer le soutien aux com- pagnies indépendantes et aux artistes d’aujourd’hui qui auront tous un point commun : ne pas se satisfaire dumonde dans lequel on vit. C’est le message artis- tique essentiel. L.P.B. : Quand on est artiste de théâtre, on est forcément désabusé par rapport au monde actuel ? C.P. : Il faut bien reconnaître que l’on vit dans un monde frappé par des injustices sociales de plus en plus terribles, nous sommes dans un monde traversé par le cynisme, mais aussi par l’enthousiasme. Notre travail d’artiste est celui de tenter, cher- cher, expérimenter des chemins de traverse, c’est-à-dire des formes nouvelles qui inventent tout le temps et qui parviennent à dépla- cer notre regard par rapport à la société dans laquelle nous vivons. Au final, loin d’être pes- simiste ou désabusé, le théâtre est une fabrique d’espérances. Même quand on met en scène des auteurs qui vont chercher dans le plus sombre de l’âme humaine. Ce n’est finalement qu’un message d’espoir. Notre métier est d’inventer de la beau- té, de l’espérance, du lyrisme.

d’un C.D.N. ? C.P. : Le C.D.N. doit plus que jamais défendre une politique auda- cieuse, de prise de risques et de soutien aux compagnies indé- pendantes. J’en assume totale- ment l’esprit. L.P.B. : Vous avez même pu intégrer dans la programmation de cette sai- son une pièce qui sera mise en scène par vous-même ? C.P. : Christophe Maltot et Vin- cent Adelus avaient laissé une place dans la programmation à un spectacle de la future direc- trice. “Yukonstyle” est un spec- tacle que j’avais créé l’an dernier au Théâtre de la Colline et que j’avais joué à Lausanne où l’équipe du C.D.N. l’avait vu. L.P.B. : Où comptez-vous emmener ce C.D.N. ?

expérience à la direction d’un C.D.N. et c’est la première fois que je postulais à une telle fonc- tion. Cela faisait plusieurs années que je ressentais le désir de tra- vailler en équipe et en ce sens, un théâtre est un travail d’équipe dans toutes les étapes, de la conception d’une pièce à sa pré- sentation. Je n’ai pas candidaté ailleurs qu’à Besançon parce que cette ville où je suis venue jouer en 2008 une pièce d’Ingmar Berg- man représente beaucoup pour moi. Mon père en tant qu’acteur y avait travaillé pendant plu- sieurs mois quand j’étais ado- lescente. J’ai un magnifique sou- venir de cette région. Je trouve aussi qu’il y a dans cette ville des acteurs culturels qui ont envie de faire de belles choses, comme Anne Tanguy à la scène natio- nale. Il y a aussi ces paysages, la saline d’Arc-et-Senans pas loin d’ici dont je me suis inspirée pour monter ma première scénogra- phie. C’est tout un réseau de fils qui fabriquent un vrai désir. En plus, le C.D.N. de Besançon est une équipe et un plateau à taille humaine.Tout ce que j’espère ici, c’est qu’on arrive à monter entre nous un vrai travail d’équipe, de solidarité et de partage.

un auteur internationalement connu. L.P.B. : Le jeune public, par qui vous allez conquérir votre futur vivier de spectateurs, n’est-il pas un peu négli- gé avec un seul spectacle cette sai- son, “le Petit Poucet” ? C.P. : Je serai très attentive au jeune public. Avec nos parte- naires, on a justement prévu de réfléchir autour de la program- mation et de parcours de sensi- bilisation dès l’école primaire. Nous en reparlerons bientôt. L.P.B. Votre mandat est censé durer quatre ans. Quelles sont les orienta- tions que vous vous êtes fixées pour ces quatre ans ? C.P. : Je me suis fixé trois priori- tés dans mon souhait de parta- ger ce bel outil. D’abord il y aura un artiste associé sur la durée de mon mandat, en la personne de Maud Hufnagel, une artiste issue de l’école de la marionnet- te de Charleville-Mézière. On va l’accompagner dans la produc- tion de ses réalisations et mon-

L.P.B. : Le théâtre est-il vraiment en cri- se ? C.P. : Paradoxalement, par rap- port à la crise que vit le théâtre, je pense qu’on traverse une époque formidable pour le théâtre car on voit un tas de compagnies qui réinventent des modes de travail et c’est justement cette inventivité que je souhaite accom- pagner le plus possible ici. L.P.B. : Quels seront les temps forts de la saison ? C.P. : Cette saison, il s’agit d’abord de défendre la création et les spectacles qui vont être créés et répétés ici. On peut citer le tra- vail autour des Shadoks, le spec- tacle “Rose is a rose is a rose…” qui est un spectacle issu des ate- liers de lecture qui ont eu lieu tout au long de la dernière sai- son. Le “Love is money” que le C.D.N. co-produit. Et je me réjouis aussi particulièrement de la col- laboration qui existe dès cette année avec la scène nationale autour du cycle Joël Pommerat,

C.P. : Quand on est un artiste à la tête d’un C.D.N., c’est pour conti- nuer à insuffler et porter une vraie ouverture artistique, avec d’autres artistes dans un partage de l’outil et une dynamique. L’idée est de faire du

“Je veux faire du C.D.N. un vivier de création.”

L.P.B. : Quelle est pour vous la mission

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