La Presse Bisontine 147 - Octobre 2013

LES POINTURES DE LA RECHERCHE

La Presse Bisontine n° 147 - Octobre 2013

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BESANÇON Laboratoire chrono-environnement Leslie, au chevet des prairies Dans le cadre de sa thèse, Leslie Mauchamp a collecté des centaines d’informations sur la composition botanique des prairies du Haut-Doubs et du Jura, terreau historique du comté. Faut-il faucher ou fertiliser ? Tardivement ou non ? Quelles influences les pratiques ont-elles sur la biodiversité de nos terres ? Leslie Mauchamp sème ses graines…

D es jonquilles au prin- temps, des pâquerettes ensuite. Les prairies en Franche-Comté, c’est logi- quement ça : un panel de couleurs, de diversité et de sen- teurs, évoluant au fil des saisons. Mais nos prairies sont-elles aussi vertes qu’avant ? Parole d’anciens, les champs auraient perdu de leur lustre au point de rester “verts” tou- te l’année, ou à défaut, de s’éclaircir uniquement du jaune pétant des pissenlits, cette plante répandue adorant l’azote. Actuellement en thèse dans le labo- ratoire chrono-environnement, Les- lie Mauchamp - 25 ans - tente d’infirmer ou de démonter certaines croyances avec des données scien- tifiques irréfutables. Avec le sou- tien financier de la Région Franche- Comté et du Comité Interprofessionnel du Gruyère de Comté, elle travaille depuis trois ans sur cette question de la biodi- versité des prairies. Son travail de recensement des communautés

Leslie Mauchamp, doctorante au laboratoire chrono-envi- ronnement de Besançon, étudie la diversité botanique des prairies comtoises de 400 à 1 000 mètres d’altitude.

végétales ainsi que leur évolution dans le milieu devrait être rendu en 2014. Après avoir écumé les champs d’Orgelet (Jura), Pierrefontaine- les-Varans, Laviron, le plateau de Maîche et le Parc Naturel régional du Haut-Jura, sur une strate allant de 400 mètres d’altitude à plus de 1 000 mètres, la doctorante a ter- miné l’analyse des échantillons dans son laboratoire chrono-environne-

de graines” dit-elle. Selon ses pre- mières analyses, les différences de biodiversité varient très forte- ment selon le sec- teur géographique considéré : “Cela est dû en partie à la mécanisation et à la fauche préco- ce.” Sans surprise, Leslie Mauchamp évoque la régres-

coupe, pourrait provoquer des consé- quences néfastes. Si Leslie a par- fois dû courir plus vite que la fau- cheuse de l’agriculteur afin de recenser les plantes avant qu’elles ne soient coupées, elle n’ignore pas les dangers pervers de cette fauche toujours plus précoce. Reste à connaître les conséquences à long terme ? “Le stock de graines dans le sol pourrait diminuer. Mais il faut encore des recherches car les seuls relevés botaniques précis que nous avons pu comparer à de nou- veaux relevés remontent à dix ans. Ils ont été réalisés par le Conser- vatoire Botanique National de Franche-Comté ou le C.I.G.C. Nous ne pouvons donc connaître que des tendances de variations même si ce sont dans ces dix dernières années que les méthodes agricoles semblent avoir le plus évolué” dit-elle. Néanmoins, la doctorante espère dégager des pistes de recherche en comparant ces données. Pour éva- luer les causes et les conséquences, c’est plus délicat. “On sait qu’il y a du changement, que la flore s’est adaptée aux pratiques. Les plantes qui aiment l’azote, on les retrouve plus fréquemment dans certaines prairies mais on ne connaît pas encore toutes les causes ou consé- quences.” Si la doctorante émettra des recom- mandations, elle rendra compte de son travail aux agriculteurs, les premiers concernés. Une plaquet- te d’information pourrait être édi- tée puis distribuée aux profes- sionnels. Avec les deux trèfles à quatre feuilles qu’elle a trouvés dans ses pérégrinations, Leslie et sa thèse ont de grande chance d’avoir bonne presse… E.Ch.

48 parcelles étudiées, j’ai pu rele- ver 197 espèces différentes de plantes sur la montagne jurassienne. C’est pas mal” calcule la jeune femme dirigée dans sa thèse par le pro- fesseur des universités François Gillet. Outre les fleurs récoltées, elle a également collecté 1 300 insectes, les sauterelles étant des indicateurs de la structuration de la végétation. Leslie a également échantillonné les sols afin de déter- miner leur profondeur et certains paramètres physiques et chimiques. Quand le comté fait sa publicité sur les milliers de fleurs qui le com- pose, est-ce une publicité menson- gère ? Pas vraiment, à écouter la biologiste. “Grâce au cahier des charges du comté, on limite pas mal les effets des changements des modes de gestion si bien que les prairies sont “assez” préservées. Mais il faut encore voir les conséquences d’une fauche parfois un peu précoce. En coupant trop tôt, les plantes ne peu- vent pas se reproduire et ne par- viennent pas à alimenter la banque

197 espèces de plantes différentes.

ment situé à la faculté des sciences de Besançon. Un travail long qui l’a conduit à multi- plier les kilomètres à pied dans les champs et rencon- tré de nombreux agriculteurs afin d’appréhender les pratiques agricoles de notre région. La doctorante dis- pose - déjà - d’un résultat : “Sur les

Des secteurs moins diversifiés.

sion des narcisses ou des orchidées. Parfois, la flore s’adapte : face à des sols toujours plus azotés, des plantes comme le rumex (oseille) se déve- loppent. “Il y a effectivement des changements importants dans la composition floristique des prairies depuis ces 10 dernières années” com- mente la thésarde. Sans surprise, la nouvelle pratique du séchage du foin en grange, qui permet une fauche plus précoce et/ou un ramas- sage du foin plus rapide après la

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Les narcisses régressent dans certaines zones de la région.

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