La Presse Bisontine 147 - Octobre 2013

22 DOSSIER

Mr. DOUNO GRAND VOYANT MÉDIUM

La Presse Bisontine n° 147 - Octobre 2013

POINT DE VUE François-Xavier Cahn “L’architecte est novice dans la conception des projets urbains” Le président de l’ordre des architectes de Franche-Comté estime que la profession est à un tournant. Il ne s’agit plus de construire des bâtiments, mais de réfléchir à des problématiques plus globales de projet urbain.

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L a Presse Bisontine : Il semble que le ralentissement du marché de la construction pénalise aussi les archi- tectes. La crise concerne-t-elle la pro- fession et dans quelle mesure ? François-Xavier Cahn : Les architectes dans l’exercice de leur métier de maître d’œuvre ont beaucoup de mal. Ils souf- frent ! La cause de cette difficulté est liée à la conjoncture pour certains, d’autres disent à la crise, d’autres enco- re accusent la mondialisation. À mon sens, cette situation est liée au phé- nomène du changement.

pas un mal. Mais ça le devient dans le sens où cette évolution est trop rapi- de. À l’inverse, cela fait depuis les années soixante-dix que l’on sait qu’il faut régler le problème de l’accessibilité aux handicapés. Un retard considé- rable a été pris dans ce domaine alors que tous les bâtiments devront être accessibles en 2015. Ce n’est pas du laxisme, mais on a traîné. C’est un peu la même la même chose concernant la construction. Aujourd’hui, il est plus facile de faire une maison passive dont on sait dès le départ du projet qu’elle ne devra pas consommer d’énergie, que de construire en respectant la R.T. 2012 qui est une usine à gaz. C’est un pro- tocole très compliqué à utiliser. C’est une étape, une de plus. Après la mai- son passive, celle qui suivra sera la maison positive qui va imposer aux gens d’être producteurs d’énergie. L.P.B. : A-t-on en France, la culture de l’architecture ? F.-X.C. : En Italie, lorsqu’une personne a un problème d’architecture, elle va voir un architecte. En France, on ne va pas voir un architecte. Dans notre pays, la culture architecturale n’est pas une culture du quotidien comme en Italie où elle l’est pour tout le mon- de. En France, ce domaine est consi- déré comme élitiste. C’est la consé- quence à mon sens de la façon “d’enseigner” l’architecture dans les écoles du primaire au lycée. On n’apprend pas directement l’architecture, en revanche on nous parle des cathédrales, des temples romains, d’Athènes, de Léonard De Vinci. Finalement, les gens ont une culture architecturale classique très importante, plus importante qu’enAlle- magne par exemple. Mais la culture architecturale comme le mouvement moderne Bauhaus ne s’apprend pas en France, sauf dans les écoles d’architecture. Propos recueillis par T.C.

le projet urbain vient avant le projet architectural qui représente encore 99% de la mission de l’architecte, alors qu’il ne devrait en représenter que 75 % compte tenu de cette nouvelle donne. L’idéal serait que l’architecte ait toutes ces nouvelles compétences qui per- mettent d’aborder un projet urbain dans sa globalité.Nous sommes dans un vira- ge, et il faut le négocier. Les architectes y parviennent. Nous avons tous les élé- ments pour bien prendre ce viragemême si nous sommes dans une période où il y a moins d’affaires, et plus de concur- rence. Àmon sens, l’architecte du futur sera plus fort que l’architecte d’il y a cinquante ans. Il redeviendra le seul maître à bord des projets car il est le seul à avoir cette capacité à analyser, définir, réaliser. L.P.B. : Vous prétendez que les communes se développent autour de projets urbains. Or, en terme d’aménagement, on a le sentiment que l’abandon des P.O.S. au profit des P.L.U. n’a pas véritablement changé la donne ? F.-X.C. : Les trois quarts des plans d’occupation des sols (P.O.S) ont été transformés en plans locaux d’urbanisme. Cela a été un copier-col- ler, alors que le P.L.U. doit produire un projet urbain. Ce n’est pas toujours le cas. Lorsque dans des petites com- munes on explique que l’intérêt col- lectif doit primer sur l’intérêt privé dans le cadre des réflexions qui accom- pagnent le P.L.U., le message a par- fois du mal à passer. Il faut continuer de l’expliquer. L.P.B. : La construction est également soumi- se à des normes qui évoluent comme la régle- mentation thermique 2012 (R.T. 2012). Qu’en pensez-vous ? F.-X.C. : Ces cinq dernières années, je n’ai jamais vu autant de réglementa- tions se superposer les unes aux autres, et qui se durcissent notamment en faveur des économies d’énergie. Per- sonnellement, je trouve que ce n’est

vellement urbain) qui nous invite à réfléchir à des projets urbains, qui tien- nent compte de la mixité des choses. Ce sont les populations, les activités, il faut aussi éviter l’étalement urbain pour contrôler les transports, les dépla- cements, l’énergie, et préserver le ter- rain agricole. Il y a une foule de para- mètres à prendre en compte. Nous ne sommes plus dans une démarche d’urbanisme de zonage (zones à vivre, à habiter, à commercer). Or, l’architecte est novice dans la conception de ces projets urbains, tout comme la plupart des donneurs d’ordres d’ailleurs. Il n’y a que des pionniers. L.P.B. : En quoi cette évolution vers des pro- jets urbains, d’ensemble, déroute-t-elle les architectes, alors qu’ils devraient être meneurs dans ce changement ? F.-X.C. : Le problème est que beaucoup de professions qui gravitent autour de l’architecte se sont engouffrées dans la brèche.Il s’agit par exemple des bureaux d’études, des géomètres. Les architectes cèdent du terrain à de nouveauxmétiers comme les O.P.C. (ordonnancement, pilotage, coordination), ou coordinateur S.P.S. (sécurité protection santé). De fait, ils ont perdu de leur autorité sur les chantiers. Il faut comprendre que

L.P.B. : Qu’entendez-vous par changement ? F.-X.C. : C’est un changement qui se fait depuis quelques années, et que nous, les architectes, n’avons pas vu venir. Il est soudain, rapide, voire précipité. Ce changement est lié à une prise de conscience générale de ce que l’on appel- le communément “le développement durable.” Le métier d’architecte est au cœur de cette préoccupation, parce que son rôle, à l’origine, est d’aménager l’espace. Mais l’espace, avant d’être un bâtiment, c’est d’abord un territoire. Ce changement de perception s’est pro- duit avec la loi S.R.U. (solidarité renou-

François- Xavier Cahn : “À mon sens, l’architecte du futur sera plus fort que l’architecte d’il y a cin- quante ans.”

REPÈRES 55 projets référencés Promenades architecturales à travers le Doubs

C’est un livre original que publie la Maison de l’Architecture de Franche-Comté. Il s’agit d’un gui- de dans lequel l’idée des balades est l’architecture moderne et contemporaine dans le Doubs. P armi les guides qui existent sur la région, celui publié par la Mai- son de l’Architecture de Franche- Comté sort du lot. Cette association a choisi l’architecture contemporaine dans le Doubs comme fil rouge aux balades qu’elle propose aux lecteurs. Le livre, qui tient facilement dans une poche, s’intitule “Guide de l’architecture moderne et contemporaine en Franche- Comté.”Au début de chaque partie on

trouve une carte, sur laquelle sont loca- lisés les projets architecturaux qui méritent un détour : là une maison individuelle, ici un bâtiment public. On ne peut pas se tromper puisque les adresses des lieux en question sont indiquées. Pour chaque projet, le lec- teur dispose d’une fiche explicative et du nom de l’architecte qui l’a réali- sé.Du Grand Besançon à Montbéliard en passant par le Haut-Doubs, 55 pro- jets à l’architecture remarquable sont référencés dans ce guide. De quoi don- ner des idées aux particuliers qui ont envie de construire une maison indi- viduelle. Ce livre ne concerne que le Doubs. La Maison de l’Architecture de Franche-Comté envisage des éditions pour le Jura, la Haute-Saône et le Ter- ritoire-de-Belfort.

“Guide de l’architecture moderne et contemporaine en Franche-Comté” Disponible en librairie - prix 18 euros Tél. : 03 81 83 40 60 - www.archicontemporaine.org

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