La Presse Bisontine 145 - Juillet-Août 2013

BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 145 - Juillet-août 2013

ÉDUCATION Quelle légitimité pour cette école de formation ? La nouvelle école d’horlogerie ne tourne pas rond L’association de formation et de transmission des savoirs horlogers (F.T.S.H.) qui s’implante à Besançon est sur le point d’être poursui- vie par un de ses professeurs qui n’a jamais été payé pour les cours dispensés. Des élèves évoquent “un manque de matériel” pour des formations à 4 800 euros. Le créateur se défend.

Yannick Moricci a ouvert en juin une formation horlogère à Besançon. Le fonctionnement de son école, déjà présente dans le

Haut-Doubs, a été décrié.

au G.R.E.T.A., d’ailleurs je travaille avec celui de Delle. Mon objectif est de placer des jeunes en entre- prises. Dix ont pu être placés. Je vais d’ailleurs rencontrer d’autres entreprises pour des partena- riats.” La F.T.S.H., qui devra comme toutes les associations organi- ser une assemblée générale et présenter ses comptes, serait- elle philanthrope ? Le verdict tombera le 4 juillet avec le résul- tat des élèves admis ou non en C.A.P. E.Ch.

si sa vision : “Il a été payé, même trop payé. Il n’est plus chez nous. Je fais travailler les élèves dans de bonnes conditions. Les pro- fesseurs sont avec moi” explique- t-il. S’il a créé cette association, M. Moricci dit l’avoir fait dans le but de permettre à des per- sonnes de retrouver un emploi. “Je ne fais pas d’argent. J’en fais pour payer les professeurs et les locaux que nous louons. Ma for- mation (pour le C.A.P.) est à 4 800 euros, contre 9 600 euros au G.R.E.T.A. et 15 600 euros à l’A.F.P.A.. Je ne fais pas d’ombre

ling à Besançon des formations en horlogerie et bientôt en polis- sage se défend. Pour montrer sa légitimité, l’association montre qu’elle est adoubée par la C.A.G.B., par le P.L.I.E. (plan local d’insertion par l’économie) et l’A.F.P.I. (organisme de for- mation professionnel industriel). L’agglo a notamment accompa- gné le responsable dans la fina- lisation du montage du projet en lui proposant des locaux au sein du site de Palente et en faci- litant l’acquisition de matériel à bas prix. Yannick Moricci, président de la F.T.S.H., répond aux accusa- tions : “Ce que disent les élèves est faux ! rétorque-t-il. Avec 600 heures, on n’est jamais assez préparé. Certains élèves ne sont pas venus à toute la formation parce qu’ils étaient malades ou ils ne voulaient pas venir le same- di matin aux examens blancs. En plus, ils ont eu une organi- sation d’examen scandaleuse au lycée deMorteau (lire ci-dessous)” dit le président de l’association. L’accusation du professeur à son encontre, le président en a aus-

L’ horlogerie fait tourner les aiguilles des garde- temps. Les têtes aussi. Dans ce marché floris- sant, certains se sont lancés dans le business de la formation : c’est le cas de la F.T.S.H., autrement connue sous le nom de Forma- tion et de Transfert des Savoirs Horlogers installée à Montbe- noît, Maîche, et depuis juin à Besançon dans les anciens locaux de Breitling à Palente. Cette association (loi 1901) créée il y a huit mois fait réagir. Sous couvert de transmission de savoirs, elle fait payer des for- mations transmises par des pro- fesseurs qui sont soit des hor- logers de renomsoit des retraités du domaine. Elle en a le droit. Elle transmet ainsi les bases du métier.Attention, elle n’offre pas de diplôme mais prépare ses élèves à l’examen. Prix de l’heure : 10 euros. C’est moins cher que les autres sur la place,

société de recouvrement. “J’ai été très déçu du système de for- mation. Je suis arrivé en février mais j’ai décidé de partir car la formation était trop désordon- née et il manquait de matériel et de programme. Les gens qui travaillaient sur le chronographe étaient mélangés avec ceux qui préparaient le C.A.P., dit Jean- Marie Tissot, expert en horlo- gerie, formateur au C.F.H. de Genève et créateur de trois écoles de formation en Belgique. Je suis triste pour les jeunes.” Beaucoup ont en effet fait un prêt pour suivre ces cours ou demandé à leurs parents de les aider. Ce professeur avoue avoir appelé à plusieurs reprises le président de l’association pour régler la situation. “Je lui ai fac- turémes prestations viama socié- té. Il ne respecte pas ses engage- ments. J’engage une procédure.” La F.T.S.H. qui délivre dans les anciens locaux de la société Breit-

moins efficace aussi ? Premièrement, des élèves se sont plaints de la formation distillée dans le Haut-Doubs : “Je ne suis ni satisfait des cours, ni de cer- tains professeurs. Il y avait sou- vent un manque de matériel et unmanque de présence des profs” témoigne l’un d’entre eux qui a déboursé 4 800 euros pour 600 heures données à Montbe- noît. Ils sont dix à avoir passé le C.A.P. en candidat libre au lycée de Morteau dont les résultats seront connus le 4 juillet. Ce premier couac est corroboré par le témoi- gnage d’autres élèves qui disent “n’avoir pas eu ou peu de dessin technique dans leur formation” , élément principal pour valider le diplôme. Un professeur va même plus loin. Il décide de poursuivre l’association présidée par Yan- nick Moricci qui, selon lui, lui doit plus de 4 000 euros, via une

L’examen du C.A.P. remis en question ? L es candidats au C.A.P. en horlogerie qui ont passé lʼexamen au lycée de Morteau estiment “avoir bénéficié de mauvaises conditions dʼexamens.” Ils se sont réunis en collectif et ont adressé une lettre au recteur dʼacadémie dans laquelle ils poin- tent du doigt les dysfonctionnements : manque de matériel, non- respect de lʼanonymat et ouverture des plis avant le début de lʼépreuve ou encore travail sur un mouvement chinois. Le recteur dʼacadémie a ordonné une enquête. Il nʼa pas donné suite à nos questions.

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