La Presse Bisontine 145 - Juillet-Août 2013

La Presse Bisontine n° 145 - Juillet-août 2013 L’ÉVÉNEMENT L’ÉTUDE OFFICIELLE QUI MINIMISE LES EFFETS DU TRAM

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EXCLUSIF

500 Bisontins sondés et un

L es commerçants de la boucle, dont le moral est à l’image de leurs prix, soldé, feront grise mine à la lecture de cet- te étude demeurée secrète jusque-là. La S.E.D.D. (Socié- té d’équipement du département du Doubs) a comman- dé au cabinet C.2.J. Conseil un diagnostic sur le commerce en centre-ville. Le maire Jean-Louis Fousseret, qui a toujours pro- mis aux forces vives commerciales une augmentation de la fré- quentation des chalands au centre une fois le tram en service, devra revoir son discours. C’est en tout cas ce que révèle, à la page 38, ladite étude. À la question “Viendrez-vous plus souvent dans le centre-ville après la mise en service du tram ?” , 305 per- sonnes qui disent “non” (soit 64 %) contre seulement 170 “oui”. La fréquentation ne changerait donc pas pour environ 2 per- sonnes sur 3. Pour ceux qui utiliseront le tram, les arguments sont simples : “Facilité d’accès (cité 35 fois), son caractère pratique (27 fois), plus rapide que le bus (13), par curiosité (11 fois), plus de pro- blème de stationnement (7 fois).” Sur les 500 personnes interrogées, 274 annoncent en revanche que le tram ne les incitera pas à venir plus souvent. Ils argu- mentent : “Le tram ne changera pas mon comportement (66 fois), de réalisée en mai sur le commerce en centre-ville. On apprend que la fréquenta- tion en cœur de ville ne changera pas pour deux Bisontins sur trois après la mise en service du tram. Un désaveu ? Les contours de l’enquête choc La Presse Bisontine s’est procuré une étu-

L’été s’annonce chaud pour le maire et président d’agglo. Après la démission des deux présidents de la commission d’indemnisation du tramway, suivie de l’annulation par la cour administrative de Nancy du jugement du tribunal administratif Besançon qui avait jugé non recevable une requête contre la déclaration d’utilité publique du tramway, voilà qu’une étude que La Presse Bisontine dévoile en exclusivité casse les espoirs et les attentes. Selon le diagnostic établi par un cabinet d’études missionné par la S.E.D.D., la mise en service du tramway n’incitera pas les Bisontins à venir davantage au centre-ville pour consommer. Coup dur. Le tram serait-il un mirage du développement économique local ?

AFFAIRES

Plusieurs difficultés

Le tramway attaqué dans sa légitimité Décision de justice, étude sur le commerce défavorable, démission des co-présidents de la C.I.A.T., des ennuis viennent troubler la fin de chantier du tramway.

“P our ou contre le tram ?” Le débat autour de cette question est ana- chronique et stérile. Au stade où en sont les travaux, il faut plutôt espérer, dans l’intérêt de la collectivité, que ce nouveau moyen de transport en commun démontrera son utilité et son efficacité une fois en fonction- nement. La mise en service du tramway est prévue pour décembre 2014. Le chantier s’achèvera quelques mois plus tôt, en mars. Mais alors que l’on entrevoit le bout du tunnel, une série d’ennuis ravive la polé- mique. Elle vient troubler une apparente sérénité et entamer la légitimité du projet. La première vague vient duTri- bunal administratif de Nancy dont la décision du 10 juin auto- rise trois associations citoyennes (Mouvement Franche-Comté, Union civique des contribuables citoyens de Franche-Comté et Besançon Renouveau) à atta- quer en justice l’enquête d’uti- lité publique du tramway. La juridiction nancéienne contre- dit sur ce point leTribunal admi- nistratif de Besançon qui le

c’est le taux de rentabilité trop bas du tramway (3,2 %) pour qu’il puisse être considéré d’uti- lité publique. Un chiffre que l’Agglo contredit puisqu’elle annonce une rentabilité voisi- ne des 8 % ! “Le préfet aurait dû dire non. Mais au moins, s’il y a des déficits, grâce à notre action, la facture pourra être envoyée à l’État” ironise Jean-Philippe Allenbach. À cette hypothèse judiciaire, embarrassante si elle se confir- me, s’ajoute une récente étude de la Société d’équipement du Doubs (S.E.D.D.). Au regard de ses conclusions, l’Agglo aurait sans doute préféré qu’elle res- te dans un placard.Dans ce docu- ment qui détaille les habitudes de consommation dans la capi- tale régionale, on apprend que deux Bisontins sur trois ne vien- dront pas plus au centre-ville après lamise en service du tram. Un chiffre encore plus fort chez les actifs. Les résultats de cette enquête vont casser un peu plus le moral des commerçants dont beaucoup voient leur chiffre d’affaires recu- ler à cause des travaux.Àmoins d’être sur le tracé, ils ne peu-

12 juillet 2012 avait jugé irre- cevable la requête en annula- tion de la D.U.P. déposée par ces trois associations représentées par Jean-Philippe Allenbach, Serge Grass et Jean-Pierre Sou- lier. “On repart de zéro. Le Tri- bunal administratif de Besan- çon va devoir juger sur le fond” se félicite Jean-Philippe Allen- bach. C’est une petite victoire pour les détracteurs qui esti- ment avoir suffisamment de preuves pour faire annuler la déclaration d’utilité publique.

S’ils devaient y parvenir, le tram- way ne sera pas démonté pour autant. “Si nous obtenons gain de cause, nous pour- rons considérer qu’il a été construit dans l’illégalité avec une responsabi- lité conjointe de l’État et de l’Ag- glo” poursuit M. Allenbach. Selon lui, ce qui aurait dû alerter le pré- fet à l’époque,

La première rame du tramway est arrivée le 6 juin à Besançon.

“Favoritisme et corruption.”

letin secret. “C’est pour moi la vraie démocratie. Cela aurait été tout à l’honneur de Jean- Louis Fousseret de procéder ain- si car les membres de l’Agglo auraient voté sans avoir de pres- sion, et sans craindre des repré- sailles en fonction de leur choix. Le projet de tramway aurait sans doute été accepté, mais il aurait été beaucoup plus légitime.Main- tenant, compte tenu de l’inves- tissement, je souhaite que le tram soit un succès.” Lorsqu’il a été voté, le projet a recueilli 17 voix contre. T.C.

qu’il était inopportun de déro- ger aux règles d’éligibilité des dossiers considérant avec des termes très durs que cela ouvrait la porte “au favoritisme et à la corruption.” Nous avons sollici- té Gabriel Mignot pour obtenir des explications complémen- taires. Il n’a pas donné suite. Face à cette série d’écueils, les langues se délient à l’Agglo sur la manière dont le tramway a été décidé. Stéphane Courbet, le maire de Roche-lez- Beaupré, regrette qu’à l’époque le vote n’ait pas eu lieu à bul-

vent pas espérer lamoindre com- pensation de la part de la com- mission d’indemnisation amiable du tramway (C.I.A.T.). Un prin- cipe restrictif qui divise les membres de la commission et qui d’ailleurs a provoqué la démission récente des deux co- présidents Daniel Tricot et Gabriel Mignot. Ils ont réagi ainsi suite à la proposition d’in- demniser un commerçant qui n’était pas directement sur le parcours mais qui prétendait faire les frais des travaux. Les démissionnaires ont considéré

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