La Presse Bisontine 145 - Juillet-Août 2013

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 145 - Juillet-août 2013

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Un train touristique débarque sur les rails du Plateau Les passionnés l’appellent l’autorail X-2800. Pour les voyageurs, c’est une Micheline. À L’Hôpital-du-Grosbois, une association de passionnés remet sur les rails un train destiné à la casse. Ils espè- rent en 2014 l’utiliser pour conduire les touristes sur la ligne des horlogers. Ils l’appelleront “Le Train des saveurs et des savoirs”. L’HÔPITAL-DU-GROSBOIS Une association réhabilite un autorail

À L’Hôpital-du-Grosbois, une voie de chemin de fer désaf- fectée revit, même si de la mauvaise herbe cache une partie du ballast. Abandon- né par Réseau Ferré de France, le tron- çon accolé à la ligne Morteau-Besan- çon est aujourd’hui le lien qui relie une dizaine de personnes à leur rêve : fai- re rouler à nouveau leur Autorail X- 2800. Comme tous les samedis ou presque, Gilbert,André,Michaël, Patrick, Jean, Frédéric et Nathalie, viennent au che- vet de cette “Micheline” arrivée en gare de L’Hôpital-du-Grosbois en octobre 2012 après un long chemin de croix. Desti- né à finir en boîte de conserve ou dans une casse, le train qui n’était plus uti- lisé depuis 2008 a droit à une nouvel- le vie. Un destin quasi inespéré. “Le dernier autorail à avoir circulé en Fran- ce, c’était ici, sur la ligneMorteau-Besan- çon, en 2009” rappelle Gilbert Pain- blanc, le vice-président de l’association. Les autorails ont été construits à 119 exemplaires de 1957 à 1962 et l’association a “longuement négocié avec la S.N.C.F. pour avoir cette machine” explique le président de l’association Autorail X-2800Michaël Billerey. C’est un peu lui le conducteur du projet. Lui, l’illuminé,qui a réussi à conduire d’autres passionnés sur le même chemin et sur- tout obtenir toutes les autorisations pour que la machine stationne ici. Tous les week-ends ou presque,les béné- voles se retrouvent donc au chevet de leur machine dont le moteur n’a plus ronronné depuis 2008. En juillet, ils espèrent bien entendre le doux son des

L’équipe de bénévoles qui remet en marche l’autorail à L’Hôpital-du- Grosbois.

825 chevaux (V12) vrombir. “On attend ce moment. On le redoute aussi” assu- re André Loriot, cheminot à la retrai- te, qui vérifie la compression dumoteur. Originaire de Lyon, l’homme âgé de 63 ans a choisi de s’impliquer dans cette aventure folle. Les travaux paraissent énormes. L’équipe a déjà réussi à dépla- cer des montagnes : “On a refait toute la voie de garage… qui était complète- ment pourrie, à la force de nos mains” témoigneM. Billerey. Pour avoir le droit de stationner leur machine, l’équipe fait preuve de patience, d’abnégation : “Nous avons envoyé des courriers àR.F.F. qui ne nous répondait pas. Nous avons fait appel au député de l’époque (N.D.L.R. : Jean-Marie Binétruy) qui a remonté notre demande jusqu’auminis- tère desTransports…15 jours après, on avait l’autorisation d’utiliser cette voie pourrie” s’amuse après coup le prési- dent. L’association paie 700 euros par an pour louer la voie. Le train, elle ne l’a pas acheté, mais loué à la S.N.C.F. au prix de 3 000 euros tous les cinq ans. La réfection du moteur, onéreuse, obli- ge les adhérents àmultiplier les actions afin de trouver des ressources finan- cières. L’année dernière, ils ont orga- nisé à Valdahon le salon des minia- tures. Plus de 4 000 visiteurs sont venus. Ils reconduisent donc l’opération en novembre prochain. Si la commune de Valdahon et la com- munauté de communes aident finan- cièrement l’association, les membres recherchent toujours des aides. Ils foi- sonnent de projets : “Le but est de créer ce train touristique. L’idée serait de conduire les touristes àMorteau, de leur

proposer un circuit de découverte. On souhaite ne pas faire que de la balade mais proposer des visites à Morteau.” Tous devront demander des sillons à Réseau Ferré de France puis suivre un protocole de formation à la conduite d’engins. Des conducteurs de métier (de la S.N.C.F.) seront là pour épauler les bénévoles. Un jour, Gilbert Painblanc (Arc-et-Senans),Michaël Billerey (Val- dahon), Frédéric Arnold (Lure), Jean Lavalley (Besançon), Nathalie Tisse- rand, Patrick Poirson et Bruno Brey- ton (Valence) seront dans leur machi- ne, transportés à 90 km/h sur la ligne des horlogers. Ils imaginent ce moment et le préparent… dans la convivialité. Rendez-vous l’année prochaine. Reste à composter les billets. E.Ch.

Le moteur développe

825 chevaux et consomme 1 litre au kilomètre.

Le dernier autorail a circulé en France en 2009 sur la ligne des horlogers (Morteau- Besançon).

L’intérieur du train est en bon état. Il peut transporter une soixantaine de personnes.

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