La Presse Bisontine 143 - Mai 2013

BESANÇON 20

La Presse Bisontine n° 143 - Mai 2013

LE FEUILLETON DU TRAM

Les commerces du centre-ville

La transmission de fonds

de commerce se complique

L’ Union des commerçants de Besançon s’inquiète toujours de la situation économique du centre-ville. Une des traduc- tions de sa dégradation, liée à plusieurs facteurs, exogène (la crise) et endo- gènes (le chantier du tram, le démé- nagement de l’hôpital), est la dépré- ciation de la valeur des fonds de commerce. Pour Jérôme Cart, le pré- sident de l’association, ce ne sont pas les exemples qui manquent. “Rue Ber- sot, une personne a acheté son droit au bail 80 000 euros il y a quelques années. Elle le revend aujourd’hui 10 000 euros. Un emplacement numéro 1 actuelle- ment au centre-ville peut perdre plus de 50 % de sa valeur. Rue Proudhon encore, un pas-de-porte acquis 40 000 euros est cédé à 15 000 euros et il ne trouve pas preneur. C’est tempo- raire, certes. Dès que le tram va fonc- tionner, les prix vont remonter. Mais en attendant, les commerçants les plus en difficulté sont en train de tout perdre” détaille Jérôme Cart. Les tarifs sont en baisse. Des acqué- reurs s’intéressent au marché mais les transactions achoppent souvent sur les exigences d’un arbitre incontournable : la banque. “J’ai l’exemple d’un acqué- reur qui a demandé un financement à sept banques. Elles l’ont toutes rejeté. Une huitième a dit oui” remarque Jérô- me Cart. “Le centre-ville est comme blacklisté. Les banques ne prennent pas de risque pour financer l’achat d’un fonds de com- merce. En ce qui me concerne, elles ne veulent pas m’aider. Elles ne lâchent plus un centime d’euro” note ce com- merçant installé en haut de la Boucle. Les établissements bancaires une fois de plus seraient responsables de tous les maux, ne jouant pas leur rôle de soutien au développement économique. Les financeurs se dérobent quand l’entreprise a besoin d’eux. Une cri- tique trop générale que nuance Alain Grenot, le président du Comité des banques de Franche-Comté. Selon lui, ce n’est pas de gaieté de cœur qu’une banque n’accorde pas de financement à un porteur de projet. “Ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un commerce au centre-ville de Besançon qu’une banque ne prête pas. Quel que soit le dossier, notre rôle est d’évaluer la viabilité du projet. On sait mettre de la souplesse dans le financement quand il le faut, Le contexte écono- mique de la Boucle se traduit par une baisse de la valeur des fonds de commerce. Effet tram, ou crise ? Les candidats à la reprise sont là, mais les transactions achoppent souvent sur les exigences d’un arbitre incontournable : la banque.

Les banques évaluent la viabilité d’un projet avant de prêter pour éviter qu’il ne capote.

mais on ne peut pas laisser un client s’embarquer dans une affaire bancale. L’objectif est qu’il ait le maximum de chances de réussir pour gagner sa vie” dit-il. Le diagnostic des établissements ban- caires repose, un, sur l’analyse de situa- tion de l’emprunteur, et deux, sur l’évaluation du contexte économique. À ce propos, le centre-ville n’est pas au mieux de sa forme. “Ce n’est pas le seul élément, mais il serait ridicule de dire que le chantier du tram n’impacte pas le commerce au centre-ville. Ce n’est pas le cas de tous, mais incontestablement des commerçants souffrent et voient leur chiffre d’affaires divisé par deux. On a vu le même phénomène à Dijon lors de la construction du tramway. Mais aujourd’hui dans cette ville, les perspectives de chiffre d’affaires sont meilleures. J’espère qu’un effet simi- laire se produira à Besançon” poursuit Alain Grenot reconnaissant qu’actuellement il y a un problème dans la transmission des fonds de commerces. Dans la situation économique du moment, il est préférable qu’un inves- tisseur se présente devant son ban-

quier avec des fonds propres. À défaut, il y a de fortes chances qu’il se voit refuser un prêt. “En général, on com- mence à étudier un pro- jet à partir d’un apport de 20 à 25 %dumontant de l’opération. Sans fonds propres, on court à la per- te. Or, nous constatons aujourd’hui dans les banques que les entre- prises n’ont plus ces fonds propres qui leur donnent une latitude d’action” remarque Alain Grenot. Il conclut : “Si par exemple, un commerçant emprunte et que sa mar- ge sert à rémunérer la banque, et non plus à le faire vivre, ça ne présen- te aucun intérêt.” T.C.

“Le centre- ville est comme blacklisté.”

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