La Presse Bisontine 142 - Avril 2013

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 142 - Avril 2013

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INDUSTRIE Une extension du site Bourgeois découpage prépare l’avenir L’entreprise bisontine a

connu une fin d’année 2012 compliquée. Les investissements actuellement consentis sur les moteurs élec- triques et hybrides lui permettent d’être prête à conquérir les nou- veaux marchés de l’automobile. Entretien avec Olivier Bourgeois, le directeur général.

L a Presse Bisontine :Vous reprenez des terrains de la gendarmerie sur votre site historique de Trépillot. Que motive cette extension dans un contexte plutôt morose pour l’industrie ? Olivier Bourgeois : Ces possibilités futures d’extension vont nous per- mettre de suivre la petite révolu- tion liée à l’électromobilité, c’est-à- dire la fabrication de tous les éléments des moteurs pour véhi- cules électriques et hybrides qui constituent l’avenir de l’automobile. Les moteurs que nous fabriquons seront de plus en plus légers, moins encombrants et moins polluants. Ils sont faits d’aciers très abrasifs, chargés en silicium et c’est pour

découper ces aciers-là que nous devons nous équiper de nouvelles machines. Nous avons récemment terminé un bâtiment de 3 000 m 2 pour abriter les premiers équipe- ments. Avec ces nouveaux terrains repris sur la gendarmerie, nous pré- parons les futurs investissements. L.P.B. : Le matériel classique ne suffit donc pas ? O.B. : Le découpage de ces nouveaux aciers n’a plus rien à voir avec la mécanique de précision tradition- nelle qu’on faisait jusqu’à mainte- nant avec des épaisseurs de 0,5mm. Là, on arrive à des épaisseurs de 0,2 mm sur des moteurs aux dia- mètres plus importants, de 300 à 400 mm. Le jeu de découpage sur nos machines est pour l’instant de l’épaisseur d’un cheveu, soit 80 microns. Avec les nouvelles tech- nologies, il va falloir “couper les cheveux en quatre”. Nous tra- vaillons actuellement sur des tolé- rances de 40 microns, voire 20. Nous sommes donc en train de fabriquer des moyens d’usinage de très haute précision et il nous fau- dra des moyens de découpage pour garantir cette extrême précision. Avec ces nouveaux équipements de production, on pulvérise les tolé-

Olivier Bourgeois : “Ces nouveaux marchés,

rances de l’horlogerie. Les premiers inves- tissements en ce sens ont été décidés il y a quatre ans et les pre- mières fabrications ont démarré. L.P.B. : Pour quels clients ? O.B. : Nous fabriquons les moteurs élec- triques pour la Zoé de Renault, pour la Volt de General Motors, des moteurs hybrides pour le VW Touareg, le Porsche

année. Notamment au quatrième trimestre où il y a eu un véritable coup de frein qui a nécessité de mettre en place du chômage par- tiel pour 80 personnes. Nous avons remédié à cela début 2013 et pour le moment, ce chômage partiel est supprimé. Pour la suite, nous n’avons hélas aucune visibilité. C’est pour- quoi il est prématuré de parler de reprise. L.P.B. : Pourquoi continuez-vous à inves- tir sur Besançon ? O.B. : Besançon est et restera notre cœur de métier. Nous avons ici un personnel technique qualifié qui nous permet de garder une lon- gueur d’avance. Le savoir-faire est ici. Même s’il est en effet de plus en plus difficile de rester en Fran- ce avec les charges qui pèsent sur nos épaules. Nous devons être aus- si là où est la croissance. C’est pour- quoi il faut trouver le bon équilibre avec les moyens financiers de l’entreprise et une représentation internationale. L.P.B. : Comment se répartit l’effectif sala- rié de l’entreprise R. Bourgeois ? O.B. : Nous avons 380 personnes sur le site de Trépillot, 150 personnes sur l’entreprise Scoder à Pirey (cour- bage et pliage), une cinquantaine de personnes sur notre site suisse de Courgenay et 200 personnes sur notre site chinois d’Haining au Sud- Ouest de Shanghai, soit 850 sala- riés au total. Propos recueillis par J.-F.H.

nous en avons la conviction, seront en for- te progres- sion dans les prochaines années.”

Le 26 février, les engins démo- lissaient un des bâtiments de la gendarmerie de Trépillot. L’emprise fonciè- re est reprise par R. Bourgeois.

“Il est prématuré de parler de reprise.”

Cayenne, le Renault Kangoo, etc. Tous ces marchés, nous en avons la conviction, seront en forte haus- se dans les prochaines années même si la progression est encore lente. À l’heure actuelle, on livre déjà entre 3 000 et 4 000 moteurs par mois pour des applications de moteurs hybrides. L.P.B. : L’optimisme est donc de rigueur, mais qu’en est-il de la conjoncture actuel- le ? O.B. : Comme nos clients et nos four- nisseurs, nous subissons le ralen- tissement actuel. C’est justement dans cette conjoncture plus calme qu’il faut mettre toutes les chances de notre côté en continuant à inves- tir. Même si la reprise n’est pas pour demain. L.P.B. :Comment avez-vous traversé 2012 ? O.B. : 2012 n’a pas été une bonne

Zoom Un centre d’usinage unique en Europe Même en Allemagne, il nʼexiste aucun exemplaire de cet équipement qui vaut la bagatelle dʼ1,5 million dʼeuros, si bien que des industriels allemands viennent en visite chez R. Bour- geois à Besançon pour découvrir la “bête”. Ce centre dʼusinage est en effet le premier à être livré en Europe par la firme japonaise Yasda. Elle fait la fierté des ateliers de méca- nique Bourgeois. “Cet investissement a été consenti justement pour nous permettre de fabriquer les outils nécessaires à la réalisation des moteurs électriques. Sur une plaque de 2 mètres de long, lʼerreur nʼest que de 2 microns au maximum” indique Thomas Lecuppe, responsable des ateliers de mécanique et du développement chez Bourgeois. Si la conjoncture est en dents de scie actuellement, les besoins en termes de main-dʼœuvre restent réels. À lʼatelier de mécanique, Thomas Lecuppe est à la recherche de quatre outilleurs, une denrée devenue rare sur le marché du travail.

Ce centre d’usinage, au fond, est complé- té par d’autres machines nouvelles dans l’atelier de mécanique. Au total, 2,5 millions d’euros d’investissement.

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