La Presse Bisontine 142 - Avril 2013

DOSSIER I

21 La Presse Bisontine n° 142 - Avril 2013

EDGAR FAURE LE FRANC-COMTOIS

Il y a tout juste 25 ans disparaissait un des hommes politiques les plus emblé- matiques du XX ème siècle. Plusieurs fois ministres, juge au procès de Nuremberg, président du conseil, président de l’Assemblée Nationale, académicien, plu- sieurs fois sénateur et député, Edgar Fau- re a également marqué l’histoire de notre région en tant que président du Conseil régional de Franche-Comté jusqu’au 30 mars 1988, jour de son décès. L’illustre homme aura également laissé sa trace dans le Haut-Doubs et à Pontarlier en par- ticulier, ville dont il fut maire durant un mandat, entre 1971 et 1977. À l’occasion de l’anniversaire de sa disparition, La Pres- se Bisontine s’est penchée sur la presti- gieuse carrière du Franc-Comtois d’adoption. L’homme fort de Franche-Comté - que

personne n’a encore remplacé - a laissé une pla- ce indélébile dans les mémoires, que ce soit sur le plan national, international ou local. Homma- ge et anecdotes.

Au Conseil régional de Franche-Comté, dont il sera le président jusqu’à sa mort le 30 mars 1988.

SA VIE

Avocat à 19 ans

Avocat, parlementaire, ministre et… Franc-Comtois

Chez son ami Henri Maire, dans

les caves d’Arbois.

À l’heure où le non-cumul des mandats fait son chemin, Edgar Faure est un exemple caricatural du système politique français qui encourage le cumul. Retour sur un parcours étourdissant.

les responsabilités nationales. Deux exemples : sur la seule année 1974, Edgar Faure est en même temps pré- sident de l’Assemblée nationale, mai- re de Pontarlier, conseiller général du canton de Pontarlier, député du Doubs et président de l’établissement public régional qui deviendra en 1982 le Conseil régional de Franche-Comté. En 1966, il est à la fois sénateur du Jura, ministre de l’Agriculture, maire de Port-Lesney et président du Conseil général du Jura.Tout cela pour un seul homme. Il faut dire que l’homme est doué,même surdoué. Titulaire du baccalauréat à 15 ans et demi avec dispense d’âge, il est encore mineur quand il entame sa carrière d’avocat, à 19 ans, après avoir mené de front des études de droit, d’histoire et de langues orientales. C’est en tant que juriste que le jeune Edgar Faure, alors âgé de 37 ans est désigné pour siéger comme procureur général adjoint français au tribunal militaire international de Nuremberg où seront jugés les criminels de guerre nazis. Et c’est en 1946 qu’il entame sa fulgu- rante série de responsabilités minis- térielles et électives, le faisant vivre entre le Jura, Paris et le Haut-Doubs. Cette succession de portefeuilles offi- ciels n’est interrompue - provisoire- ment - qu’en 1961, à une époque où

H eureusement que la loi élec- torale française interdit d’être à la fois sénateur et député. S’il y a bien un personnage politique qui aurait pu, et avoir le talent

de cumuler les deux, c’est bien Edgar Faure. Le Jurassien et Doubien d’adoption a enchaîné à un rythme peut-être inédit sous les IV ème et V ème République les fonctions électives et

l’élu prend quelques distances avec le gaullisme. À 53 ans, Edgar Faure pro- fite de cette petite transition pour pas- ser une agrégation de droit romain et d’histoire du droit. Il sera reçu premier du concours… et deviendra professeur de faculté à Dijon et à Besançon.

aussi puisqu’il sera un pianiste plutôt doué, doublé d’un compositeur de chan- sons. Ses différents écrits lui vaudront d’être reçu en 1978 parmi les immor- tels de l’Académie française, suprême honneur. Ceux qui ont côtoyé Edgar Faure se souviennent aussi de l’homme d’esprit à la repartie incomparable (voir ses petites phrases page suivante). Son côté charmeur aussi.Une serveuse qu’il regardait avec insistance dans un res- taurant lui demande : “Pourquoi me dévisagez-vous comme ça ?” , Edgar Fau- re lui fait cette réponse : “Je ne vous dévisage pas, je vous envisage…” Res- pect… J.-F.H.

En juin 1987, il inaugure les T.E.R. En Franche- Comté (Photos C.R. Franche- Comté).

À 53 ans, il passe une agrégation

À ses talents politiques, il en ajoute d’autres.Celui pour la littérature. Il se fera connaître notam- ment en tant qu’auteur de romans policiers sous le pseudonyme d’Edgar Sanday (sans “D”…). Celui pour la musique

de droit romain.

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