La Presse Bisontine 142 - Avril 2013

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 142 - Avril 2013

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POLÉMIQUE Accessibilité des handicapés

Besançon mauvais élève ? Dans son dernier rapport classant les villes de France selon leur accessibilité aux handicapés, l’association des paralysés de France (A.P.F.) classe Besançon au 76 ème rang. Un bulletin de notes annuel qui ne fait pas plaisir à Jean-Jacques Demonet, l’élu municipal en charge de cette question. Explications.

“F orcément, ce baro- mètre qui nous pla- ce dans les villes les moins accessibles ne nous satisfait pas mais ce n’est pas inattendu !” lance d’emblée l’élu qui explique cette chute : “Sur le Grand Besançon, les transports urbains fonctionnent à 60 % avec des bus équipés. La loi nous oblige à mettre en pla- ce un transport de substitution d’ici 2015, ce que nous avons déjà fait mais ce n’est pas pris en

Sur le reste des dossiers dont il a la charge, il a là aussi quelques difficultés à comprendre ce clas- sement. “Nous faisons des efforts importants dans les écoles, les piscines, à la gare L.G.V., etc. Prenez aussi l’exemple de la gare Viotte avec l’installation de quatre ascenseurs.” Bien sûr, toutes les constructions neuves sont réa- lisées avec la mise en confor- mité qui s’impose. Chantiers plus difficiles quand il s’agit d’adapter des sites classés : “9

considération dans ce classe- ment !” D’ores et déjà en effet, sur 18 des 59 communes de la C.A.G.B., Ginko Access assure un service en porte à porte, au prix du transport urbain. “Nous sommes d’ailleurs victimes de notre succès” ajoute M. Demonet en avançant le chiffre de 700 personnes utilisatrices. Il ajou- te également pour clore ce volet transport : “Le tram sera quant à lui totalement accessible aux personnes handicapées.”

Le point de vue de l’A.P.F. du Doubs Directeur de la délégation départementale de l’A.P.F., Étienne Kauffmann apporte son analyse sur le classement très médiocre infligé par son association à la ville de Besançon. Les reproches existent évidemment mais avec quelques bémols. “Dʼ un côté certaines villes en France ont beaucoup avan- cé et dʼautres stagnent dʼoù cette chute de Besançon qui depuis les dernières élections de 2008 a consi- dérablement réduit lʼimportance de sa mission handicap. Ce nʼest sans doute plus une priorité. Il faut des crédits ailleurs…” Constat amer de ce responsable qui déplore également lʼabsence de réunions de la commission accessibilité de lʼagglo depuis juillet 2011 : “Comment voulez-vous dans ce cas faire remonter les difficul- tés ?” interroge-t-il, irrité par la situation. Toutefois, le représentant de lʼA.P.F. admet que Besançon joue de malchance dans ce classement, étant dʼune part pénalisée par la piètre accessibilité des cabinets médicaux privés sur laquel- le la ville nʼa aucune influence, critère qui compte néanmoins dans la note finale. Notation par ailleurs établie selon une grille qui ne prend pas en compte le service Ginko Access qui assure pour- tant un ramassage au porte à porte pour les personnes handica- pées. “Mais ce service est saturé et ne peut plus répondre à la demande. Notre position est de favoriser lʼinclusion, quʼune per- sonne handicapée puisse prendre les mêmes transports que tout le monde, à toute heure selon son choix, sans avoir besoin de réserver parfois longtemps à lʼavance.” Le tram répondra à cet- te attente, mais en 2015. “À ce moment-là cʼest évident, Besan- çon fera un grand bond dans notre classement !” concède-t-il, comme il admet également volontiers la volonté affichée par la ville et lʼagglo de rendre les services et bâtiments publics acces- sibles. “Tout irait beaucoup mieux si la mission handicap avait les moyens de faire du bon travail” conclut Étienne Kauffmann.

lieux de culte seront accessibles d’ici à la fin de l’année. Dont l’église Saint-Pierre grâce à une concertation constructive avec l’architecte des bâtiments de France.” La liste des dossiers traités par l’élu serait trop longue à détailler ici. Jean-Jacques Demonet ne souhaite donc pas se lamenter outre mesure sur ce mauvais point de l’A.P.F. : “Nous travaillons sur toute l’ag- glo avec une soixantaine d’as- sociations représentant tous les types de handicaps. Elles nous font remonter leurs demandes d’après leur vécu sur le terrain et nous travaillons aussi avec elles en amont des dossiers” conclut-il, serein quant à la réa- lité du jugement des personnes handicapées qui vivent dans le Grand Besançon. D.A. Jean-Jacques Demonet connaît parfaitement les difficultés d’accès des handicapés dans le Grand Besançon.

Divers aménage- ments sont effectués dans les rues en plus des efforts de mise aux normes des bâtiments.

LIVRE

Le “Dictionnaire du sport au féminin”

“Entraîneuse” et “sauteuse” :

demandez la définition

“L es dictionnaires sont tous misogynes” dit Christia- ne Tetet, docteure à l’Uni- versité de Franche-Com- té, qui répare pour le coup toutes les discriminations faites par Le Petit Robert ou le Larousse. Tous, sans exceptions, ont laissé sur la touche les femmes sportives. “Pour la définition de marathonien dans Le Petit Robert, le mot masculin apparaît en 1896. Or, personne ne dit qu’il appa- raît en 1964 lorsqu’une femme court pour la première fois un marathon” précise la chercheuse bisontine qui publie un ouvrage de 300 pages dont “le produit des ventes abondera un fonds de soutien au sport féminin” tient à souligner l’auteure, avec un “e” cet- te fois. Ce dictionnaire met fin à l’invisibilité linguistique des femmes dans le sport. “Dictionnaire du sport au féminin”. L’ouvrage donne à la femme sportive, trop souvent ignorée des lexicologues, sa légitimité dans la langue. La Bisontine Christiane Tetet, docteure en linguistique, publie le

1 400 termes pour la nommer, plus de 3 000 citations extraites d’environ 200 textes des XIX ème et XX ème siècle sont inclus dans cet ouvrage. Quitte à cas- ser les codes, Christiane Tetet rappelle pourquoi il ne faut pas craindre d’uti- liser le terme “entraîneuse”. “Lorsqu’ils sont employés dans un contexte, on les comprend. Exemple : l’entraîneuse de handball. Ce sont surtout la généra- tion des 50 ans qui a des difficultés à l’utiliser.” D’ici 2014, les journalistes sportifs devront apprendre à manier le terme “sauteuses”. “Les femmes accèdent au saut à ski aux prochains J.O. C’était une des dernières inter- dictions.”

Commander le livre : Maison régionale des sports, 3 avenue des Montboucons à Besançon. Prix : 35 euros. Le produit des ventes abondera un fonds de soutien au sport féminin

La cycliste et la selle.

Pied de nez à l’histoire, l’universitaire a choisi une photo de cyclistes féminines en 1920… période où les médecins pensaient que la selle “donnait des sensations aux femmes !” Cet ouvrage n’est pas dis- ponible en librairie mais au Comité régional olym- pique et sportif ou au C.D.O.S. (comité dépar- temental). La préface est de Valérie Fourneyron, ministre des Sports.

Le dictionnaire du sport au féminin rend hommage aux sportives.

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