La Presse Bisontine 141 - Mars 2013

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 141 - Mars 2013

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COMMERCE

Le tiers du chiffre d’affaires Les gérants du Spar rendent leur tablier Après une année passée à

LOGEMENT

Un équilibre dur à trouver

De la mixité à la confrontation sociale L’insécurité et une taxe d’habitation trop élevée sont deux freins à l’installation de locataires dans le nouveau parc locatif privé des Clairs-Soleils.

N icolas et Carole Clément jettent l’éponge. Au terme d’un an d’activité, ils abandonnent la géran- ce du magasin Spar de la place des Lumières aux Clairs-Soleils. Il conti- gérer le magasin, Carole et Nicolas Clément veulent tirer leur révérence. L’expérience aux Clairs-Soleils leur laisse un goût amer.

nuera de fonctionner, mais sans eux. Le projet commercial dans lequel ils avaient mis beaucoup d’espoir tourne au fiasco. “Nous sommes au tiers du chiffre d’affaires prévisionnel. Comptablement parlant, ce n’est pas possible de continuer ainsi. Je ne gagne pas ma vie. Pour nous, c’est une grosse déception, car nous nous sommes personnellement beaucoup investis pour très peu de résultat” regrette Nicolas Clé- ment. Les journées sont longues place des Lumières. Des heures s’écoulent, six par-

fois, sans qu’un seul client ne passe la porte du Spar. La surface de vente de plus de 200 mètres carrés paraît démesurée par rapport à l’activité. “Moi, je viens là pour me dépanner. Je trouve que les prix sont un peu trop chers. J’aurais préféré qu’on nous mette un discounter ” remarque une habitante du quartier sortant du magasin de proximité. Comme elle, la majorité des clients viennent acheter des bricoles ici et ne remplissent pas leur cad- die pour la semaine. Spar devait être la locomotive du quar- tier, mais elle tousse et n’a accroché aucun wagon. “La place des Lumières est belle. Le problème n’est pas là. Àmon sens, c’est tout le projet de rénovation urbaine qui n’a pas été suffisamment réfléchi à la base. Sinon, les autres cellules commerciales qu’il faut aménager seraient occupées tout comme l’espace médical. On a voulu une mixité sociale. Ce genre de brassage ne se décrète pas en construisant des bâtiments. Le niveau de vie des habitants n’a pas changé. On ne peut pas en vouloir aux gens qui vivent là.Toute cette histoire res- semble à gâchis” remarque encore Nico- las Clément. La Société d’Équipement du Doubs (S.E.D.D.) qui aménage le quartier pour le compte de la collectivité reconnaît qu’il n’est pas simple de faire venir des com- merces aux Clairs-Soleils. C’est pour cela qu’un effort est fait sur le montant des loyers commerciaux. “Il y a des touches notamment pour du médical et du para- médical. Mais il faut se dire que tout cela prendra du temps” indique la S.E.D.D.

L e pari du Plan de Rénovation Urbaine est de réussir la mixi- té sociale en mêlant habitat public et privé. Nexity gère trois rési- dences privées aux Clairs-Soleils pour le compte de Foncière Loge- ment, soit 82 appartements neufs et 10 pavillons, offrant un bon niveau de prestation. Cet habitat locatif sur mesure sʼadresse à des catégories sociales supérieures. Il est censé les attirer dans un quartier défavo- risé. Pour louer un logement, un couple avec deux enfants doit gagner au moins 3 097 euros nets par mois et justifier notamment dʼun C.D.I., et 1 900 euros nets pour une per- sonne seule. “Ce qui intéresse les gens au départ, cʼest quʼil nʼy a pas de frais dʼagence. Les appartements sont plutôt haut de gamme et les loyers sont inférieurs au prix du mar- ché (630 euros en moyenne charges comprises pour 93 m 2 )” annonce Nexity. Malgré cela, 35 % de ce parc immo- bilier est vide et le turn over est per- manent dans les pavillons. Pour

Nexity, les deux freins sont “lʼinsécurité et le montant de la taxe dʼhabitation qui atteint les 1 200 euros pour un deux pièces, et 2 500 euros pour un pavillon.” Une fiscalité trop élevée pour un quartier où la sta- bilité nʼest quʼapparente. Les pavillons sont régulièrement cam- briolés et les agressions verbales envers les occupants sont récur- rentes. “On leur fait sentir quʼils sont riches, et quʼils nʼont rien à faire sur ce territoire. Des locataires sont ter- rorisés. Cʼest la limite de la mixité, car beaucoup de gens qui ont une histoire ici, ne comprennent pas quʼils nʼaient pas accès à ce parc locatif privé construit à lʼemplacement des immeubles où ils vivaient.” Au lieu dʼune mixité, on assiste donc à un début de confrontation socia- le aux Clairs-Soleils, tout le contrai- re de lʼesprit du P.R.U. Lʼenjeu pour la collectivité est de trouver les moyens dʼinverser cette tendance pour éviter que les Clairs-So dʼaujourdʼhui ressemblent aux Clairs- So dʼhier.

Parfois, aucun client pendant six heures d'affilée.

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