La Presse Bisontine 141 - Mars 2013

BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 141 - Mars 2013

POLÉMIQUE Une bataille de chiffres Le tramway a détruit 20, 200, ou 640 emplois ? La majorité municipale, l’opposition, la Chambre de Commerce, chacun y va de ses chiffres. Il n’en reste pas moins que seule la C.C.I. a réalisé une étude comparative suffisamment solide pour lui donner du crédit.

C’ est un peu en mar- chant sur des œufs que Dominique Roy, le pré- sident de C.C.I. du Doubs présentait son étude le 6 février dernier sur ce sujet “éminemment brûlant et polé- mique” comme il le qualifie lui- même. Car il sait que ce dossier n’est pas, mais pas du tout du goût du maire de Besançon qui aurait exercé une amicale pres- sion pour que la C.C.I. ne com- munique pas l’ensemble des résultats de son étude. Réalisée en octobre 2012, cette enquête menée par le service commerce de la C.C.I. portait sur le suivi de 532 enseignes situées sur le parcours du futur tramway (pour 165 d’entre elles) ou entre 100m et 200mde celui- ci (367 établissements). Lamême étude réalisée en février 2011 (avant le début des travaux) sur le même périmètre, recensait alors 560 établissements. “On a donc assisté dans l’intervalle à une perte nette de 28 points de vente, 16 situés sur le tracé, 12

d’affaires entre les deux enquêtes. 12,6 % d’entre eux ont tout de même déclaré un chiffre en hausse, comme quoi… Mais en février 2011, ils étaient 37,8% à déclarer une activité en haus- se. Et entre les deux périodes, “80 %des commerçants ont affir- mé que leur clientèle avait chan- gé : moins de flux, moins de fré- quentation des personnes extérieures et moins de personnes âgées.” Ces chiffres ont immédiatement fait bondir le maire de Besan- çon qui réagissait le jour même. Jean-Louis Fousseret dénonce “une méthodologie

sur le périmètre élargi” résume Dominique Roy. En février 2011, les 560 éta- blissements recensés employaient selon les calculs de la C.C.I., 2 424 salariés (sur les 560 commerces, 537 avaient répondu à l’enquête), soit un effectif moyen de 4,33 salariés par commerce. L’enquête d’octobre 2012 (471 répondants sur les 532) fait apparaître un total estimé de salariés de 2 218. “Soit une perte d’environ 200 emplois entre les deux périodes” ajoute le président Roy. Dans le détail, les mouvements de commerces donnent les résul- tats suivants toujours sur ce même périmètre : 59 cessations d’activité, dont 28 fermetures, 19 liquidations judiciaires et 12 délocalisations. Dans le même temps, 31 entreprises étaient créées, ce qui aboutit une nou- velle fois à cette perte nette de 28 enseignes. Deux tiers des commerçants interrogés par la C.C.I. ont décla- ré une baisse de leur chiffre

Dans son enquête, la C.C.I. a ciblé les rues en jaune (tracé) et en rose pour le quartier centre.

municipales ?… Au-delà de cette étude chiffrée qui a le mérite d’avoir été enga- gée, le président de la C.C.I. Dominique Roy regrette “lamul- tiplicité des acteurs en lien avec le commerce :Ville,Agglo, Unions de commerçants, C.C.I., office du commerce…Dans ce contex- te-là, il est franchement com- pliqué de lancer la moindre action.Ne serait-ce que d’installer des grands panneaux lumineux pour annoncer les parkings- relais, on n’a jamais réussi à le faire !” Il en appelle à une meilleure collaboration avec les services municipaux. Le maire l’assure d’ores et déjà de sa “plei- ne collaboration.” J.-F.H.

enseignes ont changé soit de pro- priétaire soit de nom et 6 d’entre elles avaient déjà fermé avant le début des travaux” plaide Jean-Louis Fousseret. À cette bataille de chiffres, l’opposition municipale en ajou- te une autre par la voix de l’U.M.P.Michel Omouri qui affir- me, lui, après des calculs alam- biqués mêlant emplois directs, emplois induits et emplois indi- rects, que le tramway a abouti à la destruction de 639 emplois. “Ces chiffres ont été posés après un travail de trois mois en lien avec un expert de l’I.N.S.E.E.” affirme M. Omouri. La C.C.I. annonce un troisième volet de son enquête au prin- temps 2014. Juste avant les

tionnelle.” La mairie, jusqu’ici, avait plutôt tendance à mini- miser les dégâts collatéraux du tramway, parlant depuis quelques semaines d’une ving- taine d’emplois perdus. Sur la véracité des pertes de chiffre d’affaires, le maire reste égale- ment très dubitatif. “40 % des commerçants interrogés affir- ment qu’ils ont eu une baisse de chiffre d’affaires de plus de 30 %. Or, de manière très objective, sur 40 commerces indemnisés par la commission d’indemnisation amiable, seuls 6 % d’entre eux déclarent une perte de chiffre d’affaires supérieure à 30 %.” Le maire conteste enfin la ces- sation d’activité des 59 enseignes citées par le rapport. “Plusieurs

Le maire dénonce “des données déclaratives et non vérifiées.”

fondée sur une démarche origi- nale alimentée par des données déclaratives et non vérifiées et ne repose pas sur une démarche scien- tifique tradi-

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