La Presse Bisontine 141 - Mars 2013

LES POINTURES DE LA RECHERCHE

La Presse Bisontine n° 141 - Mars 2013

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UNIVERSITÉ Neurosciences Menés par

le bout du nez Des scientifiques du laboratoire de neurosciences de Besançon veulent comprendre comment l’être humain régule ses émotions grâce à l’odeur. Pour cela, il utilise les bonnes et mauvaises senteurs. Des volontaires sont recherchés.

E uphorique. Triste. Gêné. Violent. Ou encore per- plexe. Ces cinq types d’émotions, vous les avez sans doute toutes connues. t à chaque fois, vous les avez régu- lées afin de ne pas passer pour un hurluberlu en criant votre joie en pleine rue à l’annonce d’une bon- ne nouvelle ou pleurer à la moindre déception, fut-elle amoureuse. L’être humain a donc cette faculté à régu- ler ses émotions. Facile à com- prendre, un peu plus complexe à démontrer. Le laboratoire neurosciences de l’Université de Besançon - basé pla- ce Leclerc - est en passe de décryp- ter ce mécanisme subtil de notre cerveau en lançant une étude à grande échelle. “L’objectif est de

sont stimulées. Et pour stimuler ces zones, Pierre-Édouard Billot, un des chercheurs qui réalise une thèse, fait appel à l’émanation de substances. “L’odeur est transmise directement par un système avec une odeur agréable, de banane, et du thioglycolique, une autre de soufre désagréable. Cette stimulation per- met de connaître les émotions direc- tement chez le sujet. On lui deman- de ensuite de réguler son émotion d’une mauvaise odeur et on peut l’apercevoir grâce à l’imagerie” explique-t-il. La recherche est fondamentale avant d’être appliquée. Peu de chan- ce de la voir donc dans la vie cou- rante mais peut-être intéressera- t-elle les lobbies de la consommation voire le marketing olfactif ? “Le

connaître les relations des troubles psychiatriques comme la dépres- sion, les troubles de l’humeur, en les expliquant grâce à l’olfactif. Cet- te étude par l’odorat est une porte d’entrée originale et peu expéri- mentée” explique le professeur Jean- Louis Millot, responsable du labo- ratoire. Des sujets volontaires ont tenté l’expérience à l’hôpital Minjoz de Besançon où les chercheurs ont uti- lisé la technique de l’I.R.M.F. (Ima- gerie par résonance magnétique fonctionnelle), permettant de visua- liser, de manière indirecte, l’activité cérébrale. Il s’agit d’une technique d’imagerie utilisée pour l’étude du fonctionnement du cerveau consis- tant à enregistrer des variations du flux sanguin lorsque ces zones

Pierre-Édouard Billot tente d’identifier les zones de notre cerveau qui sont impliquées dans la régulation émotionnelle.

marketing a des intérêts, note le professeur. Une étude a prouvé grâ- ce à une imagerie cérébrale que des individus avaient davantage d’activation avec une photo de Coca- Cola plutôt que Pepsi.” Un jour,

volontaires sains, droitiers, de 18 à 35 ans et de 60 ans et plus (deux classes d’âge), pour des études sur la régulation émotionnelle, en I.R.M.F. ou non. Nous voulons une population plus âgée car elle arri- ve mieux à réguler ses émotions que les jeunes” annonce le laboratoire, constitué en 1996. Spécialisé dans l’olfaction, il a développé ses com- pétences grâce à son équipe de recherche pluridisciplinaire com- posée d’ingénieurs, de techniciens et d’une douzaine de doctorants. Pour synthétiser leurs recherches, les Bisontins vont publier, en anglais, le résultat dans une revue spécia- lisée d’ici quelques mois. Ont-ils le nez fin ? À suivre.

l’odorat sera aussi important que la vue. S’il n’est sim- plement pas autant utilisé qu’il le devrait, c’est en rai- son de son caractè- re “animal” suppu- te Jean-Louis Millot. En attendant, les Bisontins poursui- vent les études depuis leur bureau place Leclerc : “Nous recherchons des

“Les anciens régulent

Pour juger le contrôle de l’émotion, les sujets volon- taires pas- sent dans l’I.R.M.F.

mieux leurs émotions.”

E.Ch.

Renseignements pour participer à l’étude : 03 81 66 50 57 ou pierre-edouard.billot@univ-fcomte.fr

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