La Presse Bisontine 141 - Mars 2013

Le tram bisontin

comportera 132 places par rame.

Zoom Les indiscrétions de Bagnères

La longueur des rames augmentée de 60 cm. Petite incongruité toute française : entre la com- mande des rames et leur fabrication, les “recom- mandations” des autorités françaises ont évo- lué en matière de sécurité. Les normes anti-accidents imposent d’ajouter une sorte de pare-chocs, à l’avant et à l’arrière des rames, augmentant leur longueur de 30 cm de chaque côté. La santé financière de C.A.F. “Notre groupe est en bonne santé, malgré la rumeur propre à Besançon” martèle Francis Nakache. Les détracteurs du tram bisontin disent le groupe espagnol fragile. En 2012, il a vendu dans le monde plus de tramways qu’Alstom, avec 89 rames. Le chiffre d’affaires du groupe C.A.F. a augmenté de 11 % entre juin 2011 et juin 2012, le profit net après impôts s’établit à 78,9 millions d’euros. Le carnet de commandes s’élève à 5,1 milliards d’euros, c’est trois ans d’activité. C.A.F. emploie 7 125 per- sonnes à travers le monde, dont 120 chez C.F.D. Pourquoi des câbles aériens ? À l’heure où la tendance est à enfouir tous les réseaux, le tramway de Besançon, comme la plupart des tramways français, sera équipé de lignes aériennes de contact (L.A.C.). Or, C.A.F. possède la technologie “sans fil” : le système, sans caténaires, est baptiséA.C.R. Il fonctionnne grâce à des super-condensateurs qui puisent leur énergie dans le freinage du tram. La vraie innovation aurait été pour Besançon de se doter de ce tram “sans fil”, le surcoût aurait été de 5 millions d’euros. Mais “les rames bisontines sont prédestinées à pouvoir accueillir un jour se système sans caténaires” affirme Laurent Caseau. 132 places, 38 assises. Chacune des 19 rames bisontines pourra accueillir 132 voyageurs (32 assis et 100 debout). Les six places sur strapontins ne seront pas exploi- tables en cas de forte fréquentation. Le tram bisontin roulera au plus vite à 70 km/h (le long de laMalcombe) et auminimum à 15 km/h (pla- ce de la Révolution). La pente maximale sera de 7 % rue Nicolas-Nicole. 350 trams passeront tous les jours place de la Révolution, entre 5 heures et 1 heure dumatin. Sur les 400 chauf- feurs de bus bisontins (170 bus), 120 seront for- més à la conduite du tram. La date de mise en service encore avancée ? La C.A.G.B. a annoncé officiellement début jan- vier que le tram aurait six mois d’avance. Inau- guration prévue donc en décembre 2014 plutôt que juin 2015. Mais tous les travaux seront ter- minés en mars 2014. Le laps de temps néces- saire aux essais à blanc et à la formation des conducteurs pourrait peut-être être réduit de quelques semaines. Une mise en service du tram bisontin en septembre 2014 ? Pascal Gudefin le laisse entendre : “Si on peut faire encore mieux que décembre 2014, on le fera…”

Aucun élu dans la délégation. Une première visite avait été organisée par la C.A.G.B. au siège de C.A.F. dans le Pays Basque espagnol en octobre 2011. À l’époque, c’est le maire de Besançon qui conduisait fièrement sa délégation faite d’autres élus : NicoleWeinman, Jean-Claude Roy notamment. Pour cette visi- te dans les Hautes-Pyrénées, pas l’ombre d’un élu, même pas Jean-Louis Fousseret. Raison officielle : l’indisponibilité de ces élus bisontins les 12 et 13 février. Raison officieuse : après avoir consulté ses avocats, la Ville de Besançon a renoncé à envoyé le moindre élu. Selon les juristes, à près d’un an des prochaines munici- pales, cette visite d’usine aurait été considérée comme de la propagande pré-électorale. Cela s’appelle le principe de précaution… poussé à l’extrême, au grand dam des absents. Le tram sera bien climatisé. Pour des raisons d’économie, Jean-Louis Fous- seret avait demandé au constructeur C.A.F. de concevoir un simple système de réfrigération. Après discussion, C.A.F. a alerté la C.A.G.B. qu’il ne pouvait pas proposer autre chose qu’une climatisation classique. “Donc le tram bisontin sera bien climatisé. Mais ce choix final n’engendrera aucun surcoût et on donnera les consignes pour utiliser cette clim comme un refroidisseur en cas de réel besoin” promet Pas- cal Gudefin. Les autres petites corrections. Outre la climatisation qui n’était pas prévue au départ, la C.A.G.B. a demandé quelques petites modifications à C.A.F. D’abord de rem- bourrer un peu plus les sièges suite au constat qu’ont pu faire les Bisontins dans la maquette située devant le centre Saint-Pierre.Trop durs, les sièges seront donc rembourrés. Autre chan- gement, souhaité cette fois par l’exploitant Transdev : la pose de vitres latérales dans la cabine pour améliorer la visibilité des chauf- feurs. Enfin, le siège des conducteurs a subi une petite modification pour le rendre plus confor- table. Ces petits plus ont généré un surcoût de 100 000 euros. Deux trams fabriqués à Bagnères, et après ? L’usine de Bagnères-de-Bigorre rachetée par l’Espagnol C.A.F. en 2008 (60 % du capital) puis complètement en 2010 a fabriqué ses deux pre- miers trams : pour Nantes, des rames de 37 m dont les dernières sont en tests finaux avant livraison prochaine, et pour Besançon. Après, c’est l’incertitude. “L’année 2012 a été en demi- teinte” reconnaît Laurent Caseau, directeur commercial de C.F.D. L’usine de Bagnères a répondu à l’appel d’offres lancé cette année par Avignon. Elle compte aussi sur d’autres projets lancés par Nice (deuxième ligne), Montpellier (cinquième ligne), Nîmes,Amiens et Caen. “Mais on ne vend pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué, même si on est dans les Pyrénées…” sourit Francis Nakache.

Bagnères-de-Bigorre (8 000 habitants) abrite l’usine C.F.D., spécialisée depuis plus de 100 ans dans le ferroviaire (ex-entreprise Soulé).

Laurent Caseau est le directeur commercial de C.F.D.

Francis Nakache, directeur général de C.A.F. France.

La première rame du tram bisontin

fabriquée à Bagnères est en phase d’essai.

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