La Presse Bisontine 139 - Janvier 2013

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 139 - Janvier 2013

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BESANÇON

19 millions de chiffre d’affaires

L’inévitable croissance des labos d’analyses Les laboratoires d’analyses sont engagés dans une course en avant, contrainte par plusieurs facteurs : les normes draconiennes exigées par le législateur et la baisse des tarifs, imposée pour rééquilibrer les comptes de la Sécu. C.B.M. 25 qui vient d’ouvrir ses nouveaux locaux est un “géant” employant 180 personnes.

Toutes les analyses de C.B.M. 25 sont désormais réalisées sur le nouveau site de Terre-Rouge, dans le quartier de Saint-Ferjeux, qui est aussi un

labo de garde 24 heures sur

24 pour les médecins.

tellement le choix, confirme Fabienne Moulinier, autre associée de C.B.M. 25. D’une part à cause des normes de qualité draconiennes : nous sommes la seule profession dont le droit de s’installer est lié à l’obtention d’une norme I.S.O. Donc tout cela demande énormément d’investissements. Se regrouper est aussi une façon de se pro- téger contre ces groupes financiers.” L’autre raison principale qui pousse aux regroupements des labos est éga- lement économique. Il s’agit de réali- ser des économies d’échelle pour contrer la chute des tarifications liées aux actes, imposée par la Sécurité sociale. “Les lettres-clés ne bougent pas et le facteur multiplicateur va sans cesse vers le bas. En six ans, nous avons subi six baisses successives de nomencla- ture, soit 30 % de baisse. Donc on n’a pas d’autre choix que de se regrouper” ajoute Emmanuel Herbez. “Avec ce risque de tomber sous le joug de grands groupes, la profession court un danger évident” confirment les associés pour qui il est totalement incongru de voir l’argent de la Sécu, donc des contri- buables français, filer vers des fonds de pension australiens, espagnols ou suédois. Les biologistes ont fait part de leur colère sur le plan national il y a quelques semaines. Et pour les jeunes biologistes débutants, il s’avère impos- sible de reprendre des petits labora- toires, tant la charge est lourde. Pour les patients, ce phénomène de regroupements est-il dangereux ? Sans doute ont-ils été trop bien habitués à

avoir un laboratoire d’analyses presque à chaque coin de rue. La tendance sera certainement à la présence d’un labo par quartier dans les grandes villes. En milieu rural, l’existence des labo- ratoires ne semble pas non plus mena- cée. Les prélèvements s’effectueront toujours aux mêmes endroits, mais les analyses seront faites dans de grands plateaux techniques, à l’image de celui qui vient d’ouvrir rue de Terre-Rouge. Ou de celui qui est en phase de construc- tion aux Hauts-du-Chazal, à la hau- teur du rond-point d’entrée de Châ- teaufarine. Le projet d’un concurrent de C.B.M. 25. Car dans le monde des laboratoires d’analyses, la concurren- ce est également féroce, y compris loca- lement. J.-F.H. devenu grand C.B.M. 25, comme Centre de biolo- gie médicale du Doubs, est né en 1997 de la fusion de deux laboratoires, lʼun basé aux Chaprais (Museur-Bertrand), avec un site à Planoise, et lʼautre ins- tallé rue de Vesoul (Moulinier-Cour- tot), qui ont repris dans lʼopération un laboratoire installé à Montjoux. Les opérations de fusion se sont poursui- vies en 2008 avec lʼintégration dʼune autre entité possédant trois labora- toires (rue Gambetta, Planoise et Saô- ne). Entre-temps, C.B.M. 25 avait racheté un autre groupe de labora- toires (Grande rue qui sera fermé quelque temps plus tard, Saint-Fer- jeux et Palente, ce dernier fermé éga- lement). Lʼavant-dernière étape a eu lieu en 2011 avec lʼintégration au grou- pe C.B.M. 25 du laboratoire Biolab situé à École-Valentin, à Salins-les- Bains et à Planoise. La création du plateau technique de la rue de Terre-Rouge est donc lʼaboutissement dʼun processus enga- gé il y a quinze ans. Sur tous ses sites, C.B.M. 25 emploie aujourdʼhui 180 salariés et réalise un chiffre dʼaffaires de 19 millions dʼeuros. C.B.M. 25 est la propriété de huit associés, tous médecins, pharmaciens ou biologistes. Il est aujourdʼhui le plus gros groupe de laboratoires de Franche-Comté, avec environ 2 000 patients et ana- lyses par jour. Zoom C.B.M. 25, petit labo

Gérard Museur, le P.D.G. des laboratoires

C.B.M. 25, entouré de deux de ses associés, Fabienne Moulinier et Emmanuel Herbez.

E ntièrement rénovés, du sol au plafond, les nouveaux locaux du laboratoire d’analyses C.B.M. 25 ont ouvert leurs portes rue de Terre-Rouge, dans le quar- tier de Saint-Ferjeux. Ce vaste bâti- ment de plus de 5 000 m2 (2 000 m2 sont loués au C.H.U.) est désormais le vaisseau-amiral du groupe C.B.M. 25 qui parachève avec ce lourd investis- sement sa structuration (voir le zoom ci-dessous). Cette adresse regroupe un laboratoire d’analyses (qui devrait rem- placer à moyen terme celui de la rue de Dole voué à la fermeture) et le pla- teau technique où sont réalisées les

analyses de tous les laboratoires estam- pillés C.B.M. 25 du Grand Besançon. Désormais, C.B.M. 25, c’est une dizai- ne de sites qui vont jusqu’à Salins-les- Bains, et 180 salariés, dont 70 techni- ciens de laboratoire.

lisé ce “marché” en autorisant les plus grosses structures, avec une seule limi- te qui est le “territoire de santé”. “Dans notre région, le territoire de santé, c’est l’ensemble de la Franche-Comté, mais on ne peut pas représenter plus de 25 % des activités d’un territoire de santé” indique Emmanuel Herbez, un des huit associés de C.B.M. 25. Les mou- vements de fusion ne sont donc cer- tainement pas terminés. Mais ce qui pousse justement les labo- ratoires à se regrouper, c’est aussi pour éviter de se faire racheter par des groupes financiers, voire des fonds de pension étrangers qui détiennent déjà une bonne part du gâteau. “On n’a pas

C’est avant tout le légis- lateur qui pousse à créer ces méga-structures. Jusqu’en 2010, le nombre de laboratoires réunis au sein d’une même société était limi- té à 5. La loi H.P.S.T. (Hôpital patients san- té territoire) votée sous l’ère Sarkozy a libéra-

À terme, la fermeture du labo de la rue de Dole.

Le site a ouvert ses portes le 3 décembre, il sera inauguré en mars prochain. L’autre partie de ce bâtiment est louée au C.H.U. par la S.C.I. propriétaire des murs, composée des associés de C.B.M. 25.

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