La Presse Bisontine 136 - Octobre 2012

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 136 - Octobre 2012

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Les parents de Fanny veulent la vérité Le 14 janvier dernier, leur fille Fanny et son compagnon perdaient la vie dans un accident dû au verglas, survenu vers le pont De Gaulle. L’affaire a été classée par le procureur. Jean-Paul et Véronique Grisot en appellent désormais au procureur général. JUSTICE Suite à l’accident du pont De Gaulle

N on, ils ne s’y résoudront pas à cette implacable fatalité qui a brisé la vie de leur fille Fan- ny, celle de son compagnon Bertrand et donc la leur, en ce same- di 14 janvier aumatin.À 7 h 50 ce jour- là, alors que Fanny Grisot accompagne son ami Bertrand Depecker à son tra- vail, la 206 de la jeune fille glisse sur la chaussée, elle est percutée par un bus Ginko puis s’embrase. Le bilan est terrible, les deux occupants de la voi- ture périssent. Comme pour tout acci- dent mortel, une enquête de police est engagée, elle aboutira à un non-lieu prononcé par le procureur de la Répu- blique. Pas de responsable, pas de cou- pable. Cette conclusion, les parents de Fan- ny ne l’acceptent pas. Ils ne cherchent pas à désigner un coupable, mais veu- lent faire la lumière sur ce qui s’est passé juste avant ce funeste matin de janvier. Après avoir eu accès au dos- sier, ils dénoncent aujourd’hui “des incohérences, des manquements, des incompréhensions.” Huit mois après le

drame, la douleur est intacte. “On sait pertinemment que notre démarche ne va pas nous ramener notre fille. Fan- ny portait des valeurs de justice, de don de soi, c’est pour elle, au nom de ces valeurs-là qu’on se bat” commente avec pudeur Jean-Paul Grisot. Ce que contestent avant tout les époux Grisot, c’est la manière dont les ser- vices municipaux ont appréhendé cet- te matinée de janvier marquée par un

Fanny Grisot et Bertrand Depecker ont perdu la vie le 14 janvier dernier.

Alors qu’elle n’a rien fait” résume M. Grisot. C’est cette somme d’incohérences que la justice bisontine est appelée à exa- miner. Deux hypothèses se présente- ront alors : soit le procureur général Jérôme Deharve décide de rouvrir l’enquête, soit il classe à nouveau l’affaire. Dans ce cas, la famille Grisot se résoudra à porter plainte auprès du doyen des juges d’instruction. Pour que, au nom de Fanny, 26 ans et de Bertrand, 28 ans, la vérité soit faite sur ce petit matin glacé qui a coûté la vie à un jeune couple qui avait pour- tant l’avenir devant lui. J.-F.H.

appels reçus par le gardien du parc de la voirie. Il y a encore tellement de zones d’ombre…” ajoute Véronique Grisot les yeux embués de larmes. Les parents de Fanny s’étonnent aussi que des témoignages qu’ils jugent pourtant capitaux comme celui de cette infir- mière, de cet employé municipal ou de ce dépanneur, tous attestant la pré- sence généralisée du verglas, n’aient jamais été prises en compte par la jus- tice alors que seul le récit officiel de la Ville, qui ne s’appuie sur aucun docu- ment précis, a été retenu. LaVille pour- tant affirmait avoir mené une enquê- te interne dans ses services. “Selon la justice, la Ville a fait ce qu’il faut…

communales, et les bus Ginko circu- laient, alors qu’apparemment plusieurs chauffeurs avaient fait part de ces conditions dangereuses. Autant de carences sans doute fatales aux deux jeunes gens qui roulaient prudemment dans une voiture parfaitement en état. Dans leur requête auprès du procu- reur général, les époux Grisot et leur fils Paul-Maxime estiment que les cadres de laVille “n’ont pas fait prendre par leurs subordonnés les mesures nécessaires pour éviter cet accident.” D’ailleurs, “il nous a été impossible de savoir précisément qui était d’astreinte cette nuit-là, tout comme n’apparaît pas dans le procès-verbal la liste des

verglas quasi générali- sé sur Besançon. Météo France avait pourtant transmis un bulletin d’alerte à la Ville, la D.I.R.-Est avait pour- tant décidé de saler les routes nationales dès 4 heures du matin, un accident lié au verglas s’était pourtant produit quelques heures aupa- ravant sur la rocade. Malgré cela, personne à la Ville n’a pris la déci- sion de saler les routes

“Il y a encore

tellement de zones d’ombre.”

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