La Presse Bisontine 136 - Octobre 2012

ÉCONOMIE 48

La Presse Bisontine n° 136 - Octobre 2012

SUISSE VOISINE Manufacture Cartier 400 emplois créés pile à la frontière

En Suisse, à un kilomètre de Villers-le-lac, les habitants des Brenets ont dit “oui” à la vente d’un terrain communal à l’entreprise Cartier qui a en projet de construire une manufacture pour la joaillerie. À la clef, 400 emplois dont 60 % de frontaliers ! Dans ces conditions on se demande pourquoi Cartier ne s'installe pas en France.

lacommunedesBrenets.LeConseil communal espèremaintenant que le “projet ira de l’avant et que la demande de permis de construire sera rapidement déposée,mais c’est le groupe Richemont qui tient le calendrier.” Avec la votation, le projet a pris duretard.Pour l’instant,onne sait pas quand démarreront les tra- vaux. “Il est clair que les délais et échéances indicatifs avancés avant le référendumne peuvent plus être tenus poursuit le Conseil commu- nal. Ces échéances seront repous- sées de quelquesmois.Aumieux les premiers travaux pourront com- mencer au printemps 2013.” L’ouverture de lamanufacture ne devrait pas générer beaucoupplus

Les entreprises s'installent en Suisse car le contexte industriel et fiscal y est plus favorable.

D écidément, nos amis suisses n’en finissent pasdenoussurprendre. En France, on mani- feste contre une ligne T.G.V., une autoroute, une centra- le nucléaire, mais sans doute pas contrel’arrivéed’uneusineoualors pour l’empêcher de fermer. Autre pays, autre culture. Ces dernières semaines, c’est l’arrivée annoncée de Cartier qui a agité la bourgade des Brenets. Des habitants n’ont pas hésité à s’opposer au projet d’implantation d’une manufactu- re pour la joaillerie par la grande marque de luxe, prête à investir 50millions de francs suisses dans cenouveausitedeproductionavec àlaclefunpotentielde400emplois. Bigre, les Helvètes font les fines bouchessurundossierdontleconte- nu a de quoi faire pâlir de jalousie la “Grande Nation” en prise avec la désindustrialisation. AuxBrenets,lesanti-Cartierdénon- cent une augmentation des nui- sances générées surtout par le tra- fic frontalier. À l’inverse, les

pro-Cartier voient l’intérêt écono- mique du projet. D’après les esti- mations, la commune desBrenets devrait percevoir 600 000 francs suisses de recettes fiscales sup- plémentaires liées à l’impôt fron- talierpuisqueCartier annonceque 60%de lamain-d'œuvre sera fron- talière, c’est une des raisons pour lesquelles la marque a voulu se s’approcher de la frontière. À cet- te rentrée d’argent s’ajoute le pro- duit de la vente du terrain com- munal au groupe Richemont qui s’élève à un peu plus d’un million de francs suisses.

l’ontemportéd’unecourtelongueur. Sur le fond, il s’agissait de se pro- noncer : 1 - sur le changement d’affectation de la parcelle (8 256 mètres carrés) du Clos Ferré pour la classer enzone industriellealors qu’elle était dédiée à de l’habitat, et 2 - sur la vente du terrain. “ La commune est très satisfaite du résultat de la votation” remarque Alain Faessler, administrateur de

de nuisances qu’aujourd’hui aux Brenets. Quotidiennement, 2 900 frontaliers traversent le village pour gagner leur lieude travail au Locle ouàLaChaux-de-Fonds. “Le trafic frontalier se fait déjàparLes Brenets” poursuit Alain Faessler. Néanmoins, la commune a prévu des aménagements pour réguler

la circulation.Un feu tricolore sera mis en service aux Pargots. Les salariés frontaliers travaillant aux Brenetsserontinvitésàlaisserleur voiture à la frontière et à utiliser les bus gratuits qui les achemine- ront jusqu’à leur usine.L’initiative de la commune est bien vue.Déci- dément, ces Suisses…

MÉDICAL

Cet l’automne

Alors,commesouvent dans ce pays démo- cratique, pourmettre tout le monde d’accord,onavoté.Le 26 août,les électeurs de ce bourg de 1 200 habitantsontétéinvi- tésàseprononcersur laquestion.Le projet a été approuvé. Avec 338 voix contre 335, les partisans du“oui”

Skin Exigence s’installe à Témis La société bisontine spécialisée dans l’évaluation

Au mieux au printemps 2013

L’Oréal, Chanel, Helena Rubinstein ou encore Bulgari. Six personnes, dont deux esthéticiennes, composent l’effectif de Skin Exigence qui réalise des tests d’efficacité sur volontaires sains et qui développe également une activi- té de recherche. “Nous travaillons aus- si beaucoup pour la médecine esthé- tique (traitements anti-âge, peelings , injections…). Notre activité recherche concerne par exemple une gamme pour la peau des enfants. Autre exemple : nous avons fait des études pour des produits destinés aux peaux matures, une autre sur l’éclat du teint. Ces grandes marques font appel à nous, laboratoire de recherche indépendant, pour s’assurer une crédibilité. Par ailleurs, ils ne sont pas forcément équi- pés de nos outils ou n’ont pas nos idées” développe Sophie Mac-Mary. Pour Skin Exigence, c’est aussi l’heure de l’international. La société de Besan- çon commence à développer des par- tenariats avec d’autres clients plus lointains. “On entame cet automne un partenariat avec la Chine. J’ai enca- dré une dermatologue chinoise qui a développé un laboratoire en Chine. Il y a de plus en plus de demandes pour les peaux asiatiques. Nous avons aus- si un projet avec la Colombie” confie la dirigeante qui participera égale- ment à un congrès en Afrique du Sud

de produits cosmétiques quitte ses locaux de Saint-Jacques pour s’installer à Témis. Elle poursuit son développement.

S ophie Mac-Mary affiche un sou- rire teinté d’une petite dose de fébrilité. Sourire parce que la société qu’elle a créée en 2006 ren- force d’année en année sa notoriété auprès des plus grandes marques de cosmétique, et fébrilité car elle s’apprête à investir 50 000 euros dans l’aménagement de nouveaux locaux sur la zone de “Témisanté” où son loyer doublera par rapport à celui qu’elle paye au pavillon Sainte-Lucie au sein de l’hôpital Saint-Jacques, là où est né Skin Exigence. Cet automne, Skin Exigence démé- nage dans ces locaux flambant neufs loués par la Sedd au tarif de 47 175 euros par an (le Grand Besan- çon accorde une aide de 11 602 euros par an). “Notre loyer va doubler mais ce déménagement est nécessaire à notre développement” concède la dirigean- te de cette entreprise issue du labo- ratoire de dermatologie du professeur Humbert.ÀTémis, Skin Exigence dis- posera de locaux “beaucoup plus fonc- tionnels avec des équipements spéci- fiques concernant la température et l’hygrométrie.” Lauréate de la catégorie “création- développement” du Concours natio- nal d’aide à la création d’entreprise de technologies innovantes organisé par le ministère de la Recherche dès sa création, la société bisontine a construit sa réputation dans le domai- ne très pointu de la conception de tests d’efficacité pour l’industrie de la cos- métique. Ses clients ont pour nom

en octobre. Sur le plan national, Sophie Mac- Mary regrette seulement que, à cause de la frilo- sité des agences offi- cielles, “les études sont de plus en plus difficiles à mettre en œuvre en France.” Skin Exigence a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 300 000 euros. J.-F.H.

“On entame un partenariat

avec la Chine.”

Sophie Mac-Mary, fondatrice et dirigeante de la société Skin Exigence.

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