La Presse Bisontine 136 - Octobre 2012
ÉCONOMIE
La Presse Bisontine n° 136 - Octobre 2012
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ÉTUDE
Dans le Grand Besançon Des entreprises prudentes mais vaillantes
La Banque de France dresse un portrait économique ciselé de l’Agglomération du Grand Besançon dans le cadre d’une étude commandée par la C.A.G.B. Premier enseignement : ce territoire est industriel.
D ans le cadre de Cap 2015, sa stratégie de développement économique, la Communauté d’Agglomération du Grand Besançon a missionné la Banque de France pour qu’elle éta- blisse un diagnostic précis de la situa- tion économique de son territoire. Les résultats de l’analyse rendus au début de l’été par la B.D.F. viennent appuyer les observations de la Chambre de Commerce et de l’Industrie du Doubs qui amis en évidence le caractère indus- triel de la grande région bisontine (voir notre précédente édition). La Banque de France qui a travaillé sur les derniers bilans disponibles de 739 sociétés (tous secteurs d’activité confondus) dresse un portrait ciselé du tissu économique de la C.A.G.B. et le compare aux communautés d’ag- glomération de Clermont-Ferrand, Poi- tiers, Limoges et Dijon. Le premier enseignement en effet, est le poids de l’industrie qui représente
34 % du chiffre d’affaires du périmètre étudié. Ce secteur d’activité arrive der- rière le commerce (43,8 %) mais lar- gement devant les services (14,8 %) et le bâtiment (7,4 %). Son chiffre d’af- faires est de 4 points supérieur au panel de comparaison. “À l’évidence,
nous avons une éco- nomie structurante à caractère indus- triel. Cela peut sur- prendre dans une vil- le que l’on perçoit surtout comme administrative” indique Serge Deloye, directeur régional adjoint de la Banque de Fran- ce de Besançon. L’in- dustrie est plus lar- gement tournée vers l’export, 2 fois plus en tout cas que le panel de comparai-
“Nos entreprises ont les fondamentaux.”
La Banque de France qui a réalisé l’étude précise que les données qu’elle contient sont des moyennes.
son et 1,5 fois plus que le reste de la France. On apprend encore que 40 % du volume d’affaire de l’industrie bison- tine concerne des produits métalliques (découpage, emboutissage, sous-trai- tance pour l’automobile). La seconde observation est que le tis- su économique du Grand Besançon est constitué à 88%d’entreprises qui comp- tent mois de dix salariés, et 95 %moins de cinquante. Des chiffres similaires aux autres communautés d’agglomé- ration. Cela ne surprend pas Serge Deloye. “ La France est constituée de petites et moyennes entreprises. Ce n’est pas une tare, car leur taille leur per- met d’être beaucoup plus réactives.” 67 % des sociétés reposent sur des capi- taux privés du Doubs. Ce sont donc des structures familiales qui emploient plus de 50 % des effectifs. Si globalement les entreprises duGrand Besançon résistent un peu mieux à la crise qu’ailleurs (le chiffre d’affaires dans l’industrie a tout de même recu- lé de 22 % en 2008-2009 et de 14 % en 2009-2010), plusieurs observations sont synonymes de vulnérabilité. Par- mi elles, il y a le recul des investisse- ments, le faible engagement dans la recherche et le développement (0,33 % en 2010 contre 2,63 % sur le panel de comparaison et 0,62 % à l’échelle natio- nale) et le taux d’obsolescence des équi- pements qui est de 12 points supérieur aux autres agglomérations et de 10 par rapport à la moyenne française. Des tendances à mettre en perspecti- ve avec le poids de la main-d’œuvre qui pèse pour 73 % dans la valeur ajou- tée de nos entreprises, contre 65 % dans celles du panel de comparaison. Moins d’investissements, des équipe- ments qu’il faudra renouveler un jour ou l’autre, une main-d’œuvre impor- tante, ces critères freinent la compé- titivité des entreprises. À la décharge des entrepreneurs, le contexte écono-
mique actuel appelle à la prudence. Dans le Grand Besançon, beaucoup adoptent une gestion en “bon père de famille”. “ En 2010, 76 % des entre- prises ont fait des résultats. On s’aper- çoit que quand elles gagnent de l’ar- gent elles commencent par se désendetter. Elles ont assaini leurs finances ces der- nières années et jouent en quelque sor- te la carte de la sécurité. L’argent est dans les entreprises” poursuit Serge Deloye. Par exemple, le taux d’endet- tement est passé de 70 % à 49 % dans l’industrie. La B.D.F. observe le début d’un chan- gement dans la stratégie des entre- prises. Certaines commencent à reprendre des risques en relançant l’investissement. “ C’est important qu’elles ne prennent pas trop de retard.” La tendance est donc plutôt celle de l’optimisme dans le Grand Besançon. “ Nos entreprises ont des fondamen- taux, elles ont encore des performances mais il faut qu’elles soient attentives au taux d’investissement et au degré d’obsolescence de leurs équipements” termine Serge Deloye. Le directeur adjoint de la Banque de France va réactualiser dans les pro- chaines semaines ces données en inté- grant les bilans 2011 des sociétés pour présenter aux élus, une situation plus fine encore du contexte économique de l’Agglo. T.C. Repères Le Grand Besançon, cʼest : 4 121 entreprises en 2011 45 671 effectifs pôle emploi 3 686 millions dʼeuros de chiffre dʼaffaires en 2010 réalisés par les enti- tés les plus structurantes
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