La Presse Bisontine 135 - Septembre 2012

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 135 - Septembre 2012

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TRAMWAY : OÙ SONT CEUX QUI SE RÉJOUISSENT ?

“Besançon est une trop petite ville pour faire un tram”, “le centre-ville, c’est pire que Beyrouth”, “le maire n’a pas conscience de nos difficultés”, “on va finir par mettre la clé sous la porte”… À se promener dans les rues du centre-ville, c’est à longueur de journées que l’on entend ces remarques lorsqu’est abordé le sujet le plus épineux de ces dernières années : le chantier du tramway. La Presse Bisontine a tenté d’aller à la rencontre de ceux qui, à l’évocation du tram, ne perdent pas leur sourire et leur sérénité. Ils sont peu nombreux, voire très rares, mais il y en a, pour dire que le tram- way est une bonne chose pour la ville, voire pour leur activité. Ils ont été difficiles à dénicher, ils sont les “réjouis du chantier”. La parole est à eux en cette rentrée où le chantier du tram bisontin entre dans sa phase la plus critique.

COMMERCE Quai Veil-Picard L’esthéticienne s’installe au cœur des travaux C’est en toute conscience que Patricia Lapipe a ouvert au printemps son institut de beauté quai Veil-Picard. Un emplacement stratégique selon elle.

MARCHÉ Fabrice André “Soyons positifs et créatifs !” Primeur sur le marché beaux-arts, Fabrice André mise sur un servi- ce toujours plus performant pour fidéliser ses clients. Avec d’autres commerçants du marché, il lance les livraisons à domicile.

D ifficile de se frayer un passage entre les barrières et les gravats pour accéder au marché beaux-arts. Et pourtant, les habitués continuent à fréquenter ces halles où on trou- ve certainement les plus beaux produits frais de la ville. Il y a pourtant ceux pour qui l’ac- cès à ce centre commercial est devenu un peu le parcours du combattant, la faute aux tra- vaux. Des personnes âgées qui n’ont plus de bus desservant le marché, des personnes à mobilité réduite qui n’osent plus s’aventurer aux abords du marché ou des automobilistes découragés d’accéder en ville tant le trafic est compliqué, Fabrice André est bien conscient qu’il en existe beaucoup depuis le lancement du chantier il y a presque un an dans le péri- mètre de la place de la Révolution. C’est donc entre autres pour eux que Fabrice André, primeur depuis 18 ans au marché cou- vert, et plusieurs de ses confrères commer- çants (la boucherie Claudet, les salaisons régio-

nales Boillot, le Trou de souris, la maison Hédiard) ont lancé cet été le service de livrai- sons à domicile. “Quand les travaux du tram ont démarré, on a pris le temps de la réflexion. On a décidé de mettre en place ce service qui sera complété dans les tout prochains mois par un service Internet marchand. Les livrai- sons sont effectuées par une jeune société loca- le qui fonctionne avec un vélo à assistance élec-

E lle affiche un franc sou- rire. Et ce n’est pas le quai éventré ni même le bruit assourdissant des engins de chantier qui vont assombrir son visage. Patricia Lapipe a ouvert l’ins- titut “Ongle et esthétique” en mai dernier à un des endroits où le chantier bat son plein depuis plusieurs mois : le quai Veil-Picard. Avec son encorbel- lement au-dessus du Doubs, il sera certainement un des endroits les plus plaisants de Besançon dans quelques années. Mais pour l’instant, c’est un champ de ruines. Et pourtant, c’est là que l’esthéticienne a choisi de venir, quittant Rivot- te où elle était installée précé- demment pour créer son propre salon ici à Battant. “Je préfère venir maintenant que dans trois ans au risque qu’il n’y ait plus de pas-de-porte à louer. En ce moment je bénéficie en plus d’un loyer plus faible pour cause de travaux. Je ne regrette pas du tout mon choix, j’ai des nouvelles clientes tous les jours” sourit Patricia dont une partie de la clientèle l’a suivie jusqu’ici. Pour elle, la gêne occasionnée par le chantier est supportable. “C’est du lundi au jeudi soir. Et on n’est pas des “chochottes” après tout. Quand on a vraiment envie de travailler, il faut savoir fai- re abstraction de tout cela. Il

trique. Ce matin, nous ferons au moins quatre livraisons” déve- loppe FabriceAndré. Pour réagir aux aléas du chantier, il s’agit pour le primeur bisontin d’être “créatifs et positifs.” Un état d’es- prit qui semble être le bon. À force de travail et d’imagina- tion, Fabrice André reconnaît que le chantier du tramn’a pour l’instant eu aucun impact néga- tif sur son activité. J.-F.H.

“On a pris le temps de la réflexion.”

Patricia Lapipe a ouvert son salon d’esthétique en mai. Sans aucun regret.

te très bien. “Mes clients peu- vent se garer vers la rue d’Arènes et vers la Madeleine. Après les travaux, je prévois même de prendre en charge leur parking dans le tarif de mes prestations.” Sur sa vitrine pourtant est col- lée l’affiche “Commerces en dan- ger” lancée par l’Union des com- merçants. “C’est par solidarité avec tous ceux qui souffrent des travaux” affirme la gérante qui a juste émis une requête auprès des médiateurs du tram : que l’on installe quelques poubelles le long du quai en travaux. Si tout lemonde était comme Patri- cia doit se dire Jean-Louis Fous- seret… J.-F.H.

faut supporter les travaux enco- re quelques mois, et après ça ira. Apparemment, en octobre, le plus gros des travaux sera derrière nous, il faut juste être patient” ajoute-t-elle avec un optimiste

qui tranche avec la morosité ambiante. Évidemment, contrairement à d’autres com- merçants du coin, elle n’a pas de bilan des années précé- dentes avec les- quels comparer. Son activité ici dit-elle, se por-

“On n’est pas des “chochottes” après tout.”

Le principal atout pour fidéliser une clientèle, reste, selon Fabrice André, “la qualité de nos produits.”

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