La Presse Bisontine 134 - Juillet-Août 2012

DOSSIER SSIE

La Presse Bisontine n° 134 - Juillet-août 2012

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L’exploitation forestière Chaque année, la Ville propriétaire de la forêt de la forêt de Chailluz exploite plus de 5 000 m 3 de bois d’œuvre. Une manne de 150 000 euros pour les finances publiques.

Les gestionnaires de la forêt de Chailluz tentent de faire cohabiter en harmonie plusieurs fonctions a priori antagonistes : l’exploitation du bois, la fréquentation du public et la préservation de la biodiversité. Décryptage. CHAILLUZ, la forêt aux trois fonctions VIE DE LA FORÊT Exploitation, loisirs et écologie Chailluz, la forêt loisirs Depuis la fin des années soixante-dix, la forêt de Chailluz a également une vocation “sociale”. Les parcs animaliers en sont les symboles.

B ois sur pied ou façonné, chaque année, ce sont plus de 5 000 m3 de bois qui sont coupés et vendus dans la forêt de Chailluz. Soumise au régime fores- tier initié par l’O.N.F., la forêt de

bois coupé à Chailluz sera du bois d’œuvre, pour l’ameublement, du bois d’industrie (papier ou aggloméré) ou encore du bois de chauffage. “De manière générale, il y a une forte deman- de” note Fabienne Bénard, chef du service forêts à la Ville. Si l’affouage n’a jamais existé à Besançon, la Ville sélectionne chaque année des “cession- naires” , une dizaine d’exploitants privés, à qui elle donne le droit de prélever du bois de chauf- fage à raison d’une vingtaine de stères par ces- sionnaire, vendus entre 5 et 6 euros le stère. La Ville dispose d’une équipe de 7 bûcherons municipaux pour effectuer également tous les travaux de dégagement, d’éclaircies ou d’entretien courant de la forêt. Le plan d’aménagement forestier établi pour la période 2002-2021 module les choix de trai- tement en fonction des vocations des différentes

Chailluz est soumise à un plan de coupe “qui ne doit pas dépas- ser le taux d’accroissement de la forêt” précise la Ville de Besançon à qui l’exploitation de sa forêt de Chailluz rapporte chaque année environ 150 000 euros dans les caisses. D’autres coupes ont lieu pour “améliorer ou régénérer les peu- plements.” La Ville doit faire face depuis quelques années à “une demande croissante en bois-énergie.” Pour le reste, le

Une vingtaine

de stères par cessionnaire.

G ras et débonnaires, les sangliers pren- nent tout juste la peine de jeter un œil torve aux enfants qui les hèlent. Ces pensionnaires plutôt tranquilles ont élu domicile dans des parcs qui s’étendent sur une vingtaine d’hectares. C’est à la fin des années soixante-dix, époque où le nouveau plan de gestion de l’O.N.F. entre en fonction, que ces parcs animaliers ouvrent au public. C’était l’époque où l’État souhaitait ouvrir la forêt aux citadins et les inciter à se mettre au vert. La création de clairières en forêt et des

nier week-end de juin étant le paroxysme), plus de 3 000 personnes se déploient autour des Grandes baraques. Mais les loisirs à Chailluz, c’est aussi une mul- titude d’activités : jogging, V.T.T., randonnée… Un réseau de sentiers pédestres balisés est com- posé de six boucles au départ des Grandes Baraques et s’étend sur plus de 30 km. Les cir- cuits proposés varient de 5,7 km (circuits de la fontaine des Acacias) à 14 km (circuit de la Dame Blanche et du vieux tilleul). À Chailluz, à chaque sport son secteur. Les plus sportifs iront au Cul-des-Prés tandis que les V.V.Tistes s’adonneront à leur sport favori aux Petites Baraques. Les familles, elles, investi- ront les aires de pique-nique et les places à feu aménagées autour des Grandes Baraques. La cueillette des champignons est également très pratiquée, comme la chasse dans le cadre d’une convention signée avec l’Association Commu- nale de Chasse Agréée de Besançon. Toutes ces pratiques font véritablement de Chailluz la forêt des Bisontins. Voilà près de trente-cinq ans que ça dure. J.-F.H.

aménagements d’envergure avaient été réalisés, dont ces parcs où gran- dissent aujourd’hui trois espèces d’animaux : des sangliers, des cerfs et des daims. “Il y avait des che- vreuils mais leur population avait grandi, on a décidé de ne pas les laisser en enclos” note laVille. Deux mâles cerfs et cinq femelles, une vingtaine de daims et une dizaine de sangliers sont donc visités chaque année par des milliers de familles. Les plus grosses journées (le der-

A chaque sport son secteur.

Les enclos animaliers plaisent particulièrement aux enfants.

Chailluz, comme élément du patrimoine bisontin

De nombreux éléments, naturels et patrimoniaux, marquent le paysage forestier à Chailluz et sont autant de centres d’intérêts potentiels.

U n grand nombre d’espèces animales et végétales trou- vent dans la forêt de Chailluz un habitat adap- té. La nature des sols conju- guée aux orientations du terrain, fait apparaître une quinzaine de stations forestières différentes dont certaines sont à l’origine d’habitats d’intérêt communautaire. L’ensemble de la forêt est inclus dans une Z.N.I.E.F.F. (zone naturelle d’intérêts écologique, faunistique et floristique) de type II. “Le contour de la Z.N.I.E.F.F. est en cours de redéfi- nition” précisent les services de la Ville Un certain nombre d’espèces végé- tales remarquables sont présentes à Chailluz. On peut signaler notam- ment le fragon petit-houx (Ruscus aculeatus) qui est protégé au niveau

communautaire, le polystic à frondes soyeuses (Polystichum setiferum) et la laîche appauvrie (Carex depaupe- rata) protégés au niveau régional, ainsi que diverses espèces dont la cueillette est réglementée. Sur le plan du patrimoine bâti, les sites des Petites Baraques et des Grandes Baraques sont bâtis depuis plusieurs siècles. Il s’agissait alors de lieux de vie permanents pour plu- sieurs familles qui vivaient toute l’année en forêt de l’exploitation du bois et du charbon. Les fontaines des Acacias et de Sainte-Agathe sont les deux seuls points d’eau du massif. On y découvre encore aujourd’hui les vestiges des maçonneries qui pré- servaient ces deux résurgences. Le fort de Chailluz, dit de la Dame Blanche date de 1885. Il fut le mieux équipé de tous les ouvrages militaires

de Besançon et devait défendre les cinq ponts de la Vallée de l’Ognon contre d’éventuelles invasions venues de l’Est. Cette construction du Géné- ral Séré de Rivières connut une rapi- de décadence, les places fortes de Bel- fort et Épinal étant devenues prioritaires. Il devint propriété de la Ville de Besançon en 1960. C’est aujourd’hui le point le plus haut du massif de Chailluz, il culmine à 619 m d’altitude. La chapelle Saint Jean Gulf et la zone de tumulus qui la jouxte témoignent d’une occupation humaine datant du haut Moyen âge comme en attestent les fragments de poteries retrouvés au sol. Les vestiges de cet ensemble sont situés sur la “côte” en limite du territoire communal et à proximité de Tallenay. J.-F.H.

Parmi les curiosités de la forêt, ce vieux tilleul âgé de plus de 400 ans. Il est situé à la pointe Nord- Ouest du mas- sif (photo Ville de Besançon).

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