La Presse Bisontine 133 - Juin 2012
L’ÉVÉNEMENT
La Presse Bisontine n° 133 - Juin 2012
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POMPIERS : Y A-T-IL LE FEU À LA MAISON S.D.I.S. ?
La décision récente prise par les pompiers du Doubs de ne plus assurer gratuitement les interventions pour destruction de nids de guêpes est compréhensible tant elle mobilise de temps aux soldats du feu au détriment de leurs missions premières. Seulement, cette mesure cache aussi un véritable souci pour le service départemental d’incendie notamment à cause de l’ambitieux plan de modernisation des casernes entrepris il y a quelques années. Ce plan se traduit à Besançon par la mise en service quasi-simultanée des deux nouveaux centres de secours, l’un à Chalezeule qui sera inauguré le 20 juin, l’autre à la Grette qui entrera en service au cours de l’été. Le point sur un service plébiscité par les habitants du Doubs mais dont l’utilité première ne doit pas justifier des dépenses excessives. Ses dirigeants en sont conscients et serrent la vis. et de secours (S.D.I.S.) de faire des économies. Le budget des pompiers ne cesse d’augmenter,
FINANCES
42 millions de budget Les pompiers au régime sec ? Les pompiers du Doubs ont décidé de ne plus intervenir gratuitement pour la destruction des nids de guêpe. Une mesure symbole qui marque la volonté du S.D.I.S. de maîtriser ses dépenses. Le point.
L e service départemental d’incendie et de secours du Doubs connaît “une situation financière tendue.” Le constat est fait par le colonel André Benkemoun, le directeur départemental du S.D.I.S. et par Léon Bessot, son pré- sident. Un réexamen complet des mis- sions du service est en cours et d’ores et déjà les responsables des pompiers ont décidé de “consacrer les ressources du S.D.I.S. aux interventions de son cœur de métier.” Alors tout ce qui pour- ra alléger ses dépenses est bon à prendre. Parmi les premières mesures annon- cées par les pompiers du Doubs, l’abandon d’un service jusque-là gra- tuit qui a été particulièrement sollici- té l’an dernier : la destruction des nids d’hyménoptères (guêpes, frelons…). “Nous avions réalisé 1 845 interven- tions en 2010 dans le Doubs, nous en avons fait 6 100 l’an dernier. Le cœur de métier des pompiers, c’est l’urgence, les secours à personne, les accidents, les
crèches, les centres de vacances. Ou alors les maisons de retraite, les centres d’accueil de handicapés” illustre le colo- nel Benkemoun. Les interventions dites de confort sont désormais terminées. Le coût de ces missions anti-nids de guêpe a été évalué “entre 150 000 et 200 000 euros” pour l’an dernier. Une paille par rapport au budget global du S.D.I.S. qui avoisine cette année les 42 millions d’euros, mais un symbole d’économies. Le gain, il se mesure sur- tout en termes de moyens humains. Pour ces 6 100 interventions de l’an dernier, c’est 12 000 pompiers en cumu- lé, mobilisés pendant 1 h 30 à chaque fois. “La stratégie n’est pas de dire on se crée une recette supplémentaire en facturant la prestations, mais de réa- liser une économie.” L’année 2012 sera donc celle des “ajus- tements budgétaires” pour les pompiers du Doubs.Ajustements qui annoncent d’autresmesures de restrictions, notam- ment en moyens humains. “À partir de 2013, on va voir pour baisser nos effec- tifs. Sur un certain nombre de centres de secours, il y aura besoin de moins d’activité” avance le colonel Benke- moun. Le S.D.I.S. du Doubs emploie 400 pompiers professionnels et mobi- lise 2 200 pompiers volontaires. Des réajustements sont aussi programmés pour “avoir des pompiers volontaires là où on n’en a pas assez.” Pour assurer ses investissements futurs, la direction du S.D.I.S. est à la recherche de financements. “On rencontre quelques difficultés en ce moment pour trouver des banques qui financent nos projets. Hélas, le S.D.I.S. n’échappe pas au contexte actuel” reconnaît Léon Bessot. Y a-t-il pour autant le feu à la maison S.D.I.S. ? Non assurent les respon- sables départementaux. “Sur les 80mil- lions d’euros de plan immobilier que nous avions voté en 2006, nous avons déjà réalisé 55 millions, notamment avec les deux casernes de Besançon (voir page suivante). Mais les inves-
incendies. On continuera à faire ces prestations dans certaines conditions, mais on les facturera. Nous invitons les personnes concernées à faire appel à des prestataires privés” indique le patron du S.D.I.S. La destruction des nids a représenté en 2011 près de 23 % de l’activité totale des pompiers. En quatre ans, ces sorties pour nids de guêpes ont augmenté de 85 %. Désormais, après évaluation de la situation, la presta- tion sera facturée 75 euros par le S.D.I.S.,
Il faudra désormais payer pour une intervention contre un nid de guêpes (photo S.D.I.S. 25).
100 000 euros par an, contre 40 000 dans l’ancien système. Sans parler du changement récent de toutes les tenues des pompiers, jugé superflu par cer- tains. À l’heure des vaches maigres, le débat sur le coût des pompiers risque de surgir à nouveau sur le plan poli- tique. J.-F.H.
tissements 2012 ne seront engagés que si on a les financements.” Sur 19 mil- lions d’euros d’investissement votés dans le budget 2012, il enmanque enco- re 7 que les instances départementales tentent de décrocher auprès des banques. “On n’en a trouvé que 3 pour l’instant” avoue Léon Bessot. Les tra- vaux prévus cette année dans les casernes des Hôpitaux-Vieux et de Saint-Maurice-Colombier ne seraient pourtant pas remis en cause. La situation financière du S.D.I.S. pour- rait relancer le débat sur son coût, débat qui avait déjà créé quelques ten- sions au sein du Conseil général du Doubs (principal financeur des pom- piers) en fin d’année dernière. Le lea- der de l’opposition Jean-François Lon- geoavait lancé : “Il semble que nous donnions beaucoup plus au S.D.I.S. que pour l’amélioration des routes, cela peut paraître paradoxal. Le S.D.I.S. doit également être mobilisé dans la démarche d’économie et de fonction- nement et revoir sa demande départe- mentale et communale.” D’autres grosses dépenses ont récem- ment plombé le budget des pompiers ces derniers temps : “Nous subissons des décisions nationales par rapport au volontariat, par rapport à la pres- tation de fidélisation pour les anciens pompiers, par rapport à la réforme de la filière : près d’1 million d’euros sup- plémentaire de charges salariales que nous avons à assumer” note Léon Bes- sot. 3,5 millions d’euros ont été inves- tis dans un nouveau système de radio avec un coût de fonctionnement de
un tarif volontairement supérieur à celui prati- qué par les quelques sociétés qui proposent ce service, entre 55 et 65 euros (voir ci-dessous). Seules les situations d’urgence oumettant en péril des publics fragiles (enfants, personnes âgées…) justifient désor- mais l’intervention gra- tuite des hommes du feu. “Dans les écoles, les
3,5 millions d’euros dans un nouveau système de radio.
Sachant que la destruction de nid de guêpe est payante, des pompiers volontaires ont créé leur société. C’est le cas de deux Valdahonnais qui inter- viennent jusqu’à Besançon. Le coût : environ 50 euros. M Michaël Billod et Stéphane Perrey sont pompiers volon- taires à la caserne de Valda- hon. Depuis plusieurs années, ils interviennent pour le compte du S.D.I.S. pour détruire les nids de guêpes et de frelons. Cette année, ils sont déjà intervenus deux fois, dont une à Besançon, pour détruire l’habitation de ces insectes nuisibles. Non pas en tant que pompiers volon- taires mais en tant qu’autoentrepreneurs. “Nous savions Nid de Les pompiers TENDANCE
Le colonel André Benkemoun fait tout pour optimiser le coût des pompiers, une force d’intervention très chère à toute la population.
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