La Presse Bisontine 133 - Juin 2012

SANTÉ

La Presse Bisontine n° 133 - Juin 2012

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La dermatologie dans la peau Le professeur Philippe Humbert est à la tête d’un des plus gros services de dermatologie de France. Sous son égide, le C.H.U. de Besançon est devenu le principal centre européen hospitalier d’évaluation sur la peau. LES POINTURES DU C.H.U. Chef du service

À l’âge de 34 ans, quand on l’a nommé, Philippe Humbert était un des plus jeunes chefs de ser- vice de France. Depuis, ce praticien aujourd’hui âgé de 53 ans, s’acharne à faire progresser sa discipline, devenue à Besançon le plus gros service de dermatologie de France. Et le plus vaste en ter- me de prises en charge : allergolo- gie, M.S.T. et Sida, cancérologie cutanée, dermatologie pédiatrique, photobiologie et dermatologie esthé- tique. Fort de toutes ces compétences réunies en un même lieu, le centre d’expertise médicale de dermato- logie esthétique et correctrice (C.E.M.D.E.C.) a pour vocation “la prise en charge médicale du vieillis- sement de la peau, mais aussi des disgrâces liées à des maladies ou de la chirurgie notamment.” Et au seinmême du C.E.M.D.E.C. se trou-

ve “une unité de mesure des carac- téristiques de la peau qui permet de mesurer toutes les propriétés de la peau afin de mieux orienter l’offre de soins, qu’il s’agisse de préconi- sation cosmétique ou d’actes thé- rapeutiques médicaux (injections, lasers, chirurgie…).” Toutes ces dis- ciplines font du service dermato-

logie du C.H.U. de Besançon devenu “le premier centre européen de vieillissement de la peau” indique le professeur Hum- bert qui est aussi de président de la prestigieuse I.S.B.S. (Interna- tional Society for Biophysics and Imaging of the Skin), constituée de 140 membres

Le fantasme de la peau artificielle.

Quand il a été nommé il y a dix-huit ans, Philippe Humbert était un des plus jeunes chefs de service de France.

clés dans l’industrie cosmétique au sein des plus grandes entreprises. Les travaux du C.E.R.T. dirigés par le P r Humbert donnent régulière- ment lieu à des publications scien- tifiques. “On a découvert par exemple que l’application d’un actif cosmé- tique sur la peau augmentait la teneur de la peau en collagène de plus de 25 %” illustre le médecin bisontin. Le service dermatologie du C.H.U. de Besançon fait égale- ment de la recherche clinique et contribue à l’élaboration de nou- veaux médicaments, “sur le pso- riasis notamment, sous la respon- sabilité du professeur François Aubin. On a pu aussi démontrer que la peau âgée était carencée en vitamine C” poursuit le professeur qui est aussi expert auprès de l’Agence Française de Sécurité Sani- taire des Produits de Santé (A.S.S.A.P.S.). Et la recherche fondamentale dans tout cela ? Elle s’exerce au sein du laboratoire de biologie cutanée de la faculté de médecine, labellisé I.N.S.ER.M. Au sein de ce labora- toire, Philippe Humbert travaille sur ce qui fait aujourd’hui encore fantasmer mais qui sera certaine- ment un jour une réalité : la créa- tion de peau artificielle. “Nous avons déjà développé deux substituts cuta- nés dont un qui a fait l’objet d’un brevet il y a un an. Cette peau arti- ficielle va servir à traiter des patients qui ont des pertes de substance acti- ve pour entraîner la cicatrisation.” Autre innovation du service : la mise au point d’un système qui éva- lue le passage des médicaments à travers la peau. “Cet outil va nous permettre d’optimiser le passage d’un actif et de freiner le passage des conservateurs ou des éléments indésirables” ajoute le spécialiste. Bref, l’innovation est le maître-mot du service dirigé par Philippe Hum- bert. Le prochain défi du spécia- liste : mieux comprendre les effets de l’environnement sur la peau. Un organe dont on vérifie jour après jour la fonction essentielle pour la santé. Une peau qui joue également un rôle social primordial dans nos sociétés où entretenir sa peau est devenu le meilleur moyen de don- ner une image flatteuse de soi. J.-F.H.

regroupant dermatologues, méde- cins professionnels, physiologistes, biochimistes ayant tous le même intérêt pour le développement, l’utilisation et la diffusion des connaissances des biotechnologies de la peau.

Un C.V. impressionnant pour ce spécialiste bisontin qui n’en oublie évidemment pas la vie de son ser- vice où travaillent 11 médecins et 8 internes, au sein d’une discipli- ne en pleine mutation. “La der- matologie s’est développée dans les années 50 pour la description des maladies. Et dans les années 90- 2000, on a commencé à expliquer ces maladies, avec leurs mécanismes immunitaires, génétiques, de mieux en mieux compris. Et aujourd’hui enfin, on a des laboratoires phar- maceutiques qui s’intéressent aux maladies de la peau. La dermato- logie est une médecine approfondie, c’est sans doute la discipline qui a “démarché” le plus de maladies” estime Philippe Humbert. Au sein du service, chaque médecin a sa “sur-spécialité” à lui. Le chef de ser- vice, lui, a fait sa spécialité des “maladies internes qui se révèlent par la peau.” Exemple : le cancer du pancréas ou certaines maladies digestives donnent des signes sur la peau. La recherche occupe un bon tiers de l’emploi du temps de Philippe Humbert. Le professeur bisontin a largement contribué à créer le centre d’études et de recherche sur le tégu- ment (C.E.R.T.) qui est devenu le plus gros centre européen hospi- talier sur la peau in vivo . “Le centre dispose d’un appareil qui mesure la couleur, le relief et l’élasticité de la peau, servant à l’aide au dia- gnostic et surtout à l’évaluation des traitements. Le C.H.U. est devenu grâce à ses équipements une réfé- rence internationale pour l’évaluation des cosmétiques” explique le praticien. Beaucoup l’ignorent, Besançon travaille pour les plus grandes marques interna- tionales de cosmétique et “pour l’industrie chinoise, colombienne, anglaise, française” ajoute le P r Humbert. En plus des médecins, 10 personnes travaillent au sein du C.E.R.T. bisontin. C’est de ce centre d’études que des ingénieurs bisontins ont créé deux entreprises privées exerçant dans ces domaines d’activité : Skin-Exi- gence et Bio-Exigence, “créées par des anciens élèves à moi.” D’autres anciens collaborateurs du centre bisontin ont décroché des postes-

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