La Presse Bisontine 133 - Juin 2012

DOSSIER

La Presse Bisontine n° 133 - Juin 2012

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LUTTE OUVRIÈRE

Nicole Friess

La représentante du courant révolutionnaire Ce n’est pas la première campagne politique pour cette militante L.O. qui défend, inlassablement, la lutte des classes et “la population laborieuse.”

L a Presse Bisontine : Pourquoi avez-vous décidé de solliciter le suffrage des élec- teurs lors de ces législatives ? Nicole Friess : Pour continuer la campagne menée par Nathalie Arthaud lors des élections présidentielles. Pour affirmer qu’il existe un courant communiste révo- lutionnaire, certesminoritaire,mais qui maintient fièrement le drapeau et l’idéal que des générations de militants ont défendus avant nous. Le capitalisme, c’est la crise qui aggrave de façon dra- matique les conditions de vie des classes populaires, alors, oui, plus que jamais le communisme est l’avenir de l’humanité. L.P.B. :Sur quels arguments prioritaires axerez- vous votre campagne ? N.F. : Sur les mesures nécessaires aux classes populaires : contre le chômage, l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans perte de salaire. Imposer à l’État d’embaucher dans les services publics utiles à toute la population, qu’ils exis- tent déjà ou qu’ils soient à créer. Pour assurer un pouvoir d’achat conve- nable à tous, il faut imposer l’augmentation de tous les salaires et de toutes les retraites et pensions.Avec un salaire minimum de 1 700 euros nets par mois. Enfin, face à l’attitude du grand patro- nat qui consiste à détourner les profits des entreprises vers des opérations finan-

cières, vers une spéculation catastro- phique pour l’économie, il faut mettre fin au pouvoir absolu des conseils d’administration sur les entreprises. L’activité sociale et ce qui en résulte doi- vent être soumis au contrôle de tous. L.P.B. : Si vous êtes élue, quels dossiers porte- riez-vous en priorité sur la circonscription ? N.F. : Je serais laporte-parole à l’assemblée des mesures que je propose. Mais il est bien évident qu’il ne suffira pas d’un bul- letin de vote pour imposer de telles mesures. Le programme que je défends est un programme pour les luttes néces- saires à venir pour défendre notre peau face à l’offensive de la bourgeoisie.Alors je serais un point d’appui à toutes les luttes et aux revendications des tra- vailleurs et de la population laborieuse. L.P.B. : Les zones rurales ne risquent-elles pas de pâtir d’un déséquilibre de traitement ? Quel- le place accorderiez-vous à la ruralité ? N.F. : Le manque de services publics, les fermetures d’écoles, la suppression de lits dans les hôpitaux, le manque de moyens de transports collectifs,tout cela pèse sur la vie des habitants de la cam- pagne comme de la ville. L.P.B. : L’abstention bat des records, comment faire pour inverser la tendance ? N.F. : Cela traduit l’écœurement bien com- préhensible face aux politiques menées

depuis des dizaines d’années par les gou- vernements de droite comme de gauche. Mais cela traduit aussi la dépolitisation ambiante. C’est pourquoi nous présen- tons une perspective politique pour les travailleurs et les classes populaires. Sans cette prise de conscience que nous nepourrons compter que surnous-mêmes pour ne pas payer une crise dont nous ne sommes en rien responsables, rien de bon ne se fera pour les opprimés. L.P.B. : À quoi devrait ressembler une bonne réforme de la décentralisation et des collectivi- tés ? N.F. : Il est vrai que l’État se désengage financièrement depuis des années au détriment des collectivités locales. Et il faudra imposer à tous les niveaux, que l’argent public aille aux services publics. Il faut supprimer les aides aux entre- prises et consacrer ces sommes à créer directement des emplois dans des domaines utiles à la population. dans les quartiers dits “sensibles”. N’est-ce pas un constat d’échec du politique et com- ment faire pour inverser la tendance ? A.M. Élue en charge du quartier de la Grette, je connais bien les problèmes : l’abstention est due au sentiment d’abandonpar la droite comme la gauche et pourtant, il y a une grande richesse humaine dans les quartiers populaires. Notre démarche Front de Gauche est ouverte à tous ces citoyens et nous les invitons à nous rejoindre pour nous apporter leurs analyses et propositions afin de construire ensemble la vie des quartiers de demain et faire de la poli- tique autrement. L.P.B. :Les désengagements financiers de l’État sont souvent stigmatisés par les collectivités locales, sources de restrictions budgétaires. À quoi devrait ressembler une bonne réforme de la décentralisation et des collectivités ? A.M. Elle doit laisser une grande auto- nomie de décision aux collectivités,assu- rer un financement suffisant en réta- blissant la taxe professionnelle : les collectivités réalisent 75 % de l’investissement public. Il faut veiller à l’équité territoriale. Pour une bonne représentativité des élus, le scrutin pro- portionnel doit être généralisé. L.P.B. : La voie des Mercureaux a été un des grands chantiers de ces dernières années, désenclavant le plateau de Saône. Votre avis sur l’achèvement du contournement ? A.M. Les élus communistes avaient des réticences sur la voie des Mercureaux dont ils avaient bien prévu les difficul- tés. Il faut faire davantage participer les

mage et le pouvoir d’achat.Résoudre ces problèmes nécessitera unemobilisation générale et permettra de mettre fin à bien des nuisances concernant les inci- vilités de la vie quotidienne. L.P.B. : L’écologie a été très peu présente dans la campagne présidentielle. Quels exemples concrets d’actions pourraient être menés ? N.F. : L’écologie ne doit pas être un pré- texte pour rançonner la population. L’exemple de la collecte des ordures est révélateur de ce point de vue. La néces- sité de trier et de valoriser les déchets est une évidence. Mais pas pour enri- chir des entreprises comme Nicollin ou Derichebourg. Il faut mettre en place une gestion publique de cette filière. Et mettre à contribution les entreprises qui polluent en particuliers les entreprises pétrolières. L.P.B. :Le salaire des politiques est souvent stig- matisé. Le revenu des députés vous paraît-il jus- te ? N.F. : Je suis pour que le revenu d’un élu soit au niveau moyen d’un salarié. Propos recueillis par J.-F.H. Concrètement, l’avenir de la papeterie de Novillars, qui emploie 70 personnes est incertain. Il serait aberrant de recy- cler du papier à des centaines de kilo- mètres alors que nous l’utilisons ici,sans parler des conséquences sur l’économie locale et l’emploi. Cela a bien été com- pris par les salariés de la papeterie qui ont proposé un projet ambitieux de bio- masse qui crée 25 emplois sur le site ainsi que dans la filière bois et assure une source d’énergie écologique non seu- lement pour l’usine, mais aussi pour le chauffage des bâtiments communaux, des logements H.L.M. et de l’hôpital. L’exemple de la papeterie de Novillars illustre nos propositions : la lutte contre les patrons voyous qui licencient alors qu’ils font des bénéfices jusqu’au-delà des frontières, une démarche d’aménagement du territoire tenant compte des impératifs écologiques, éco- nomiques et sociaux avec ce que l’on appelle la planification écologique. L.P.B. :Le salaire des politiques est souvent stig- matisé. Le revenu des députés vous paraît-il juste ? A.M. Il n’a rien à voir avec celui des grands patrons du C.A.C. 40. Les élus communistes reversent une grande par- tie de leurs indemnités pour financer leur parti. C’est une règle d’éthique à laquelle nous tenons, afin que le man- dat de député ne s’accompagne d’aucun intérêt personnel financier. la circonscription ? A.M. La planification écologique est au cœur de notre programme “L’Humain d’abord”.

L.P.B. :La sécurité,le pouvoir d’achat,comptent parmi les préoccupations des Français. Quel rôle peut avoir un élu national sur ces questions ? N.F. : Un élu seul, ne peut remplacer la mobilisation et la lutte.Mais encore une fois, pour imposer les mesures vitales que je défends il faudra un mouvement d’ampleur comme en juin 1936 ou en mai 1968. L.P.B. : L’emploi est la grande priorité du pro- chainmandat. Comment inverser la tendance ? N.F. : Pour mettre fin au chômage et à la précarité, il faut imposer le partage du travail entre tous, interdire les licen- ciements et imposer l’embauche enC.D.I. des intérimaires et des contrats à durée déterminée. Il faut que l’État embauche massivement, dans tous les domaines, y compris pour construire les milliers de logements quimanquent cruellement aujourd’hui. Ce ne sont pas les bras qui manquent, notamment à Planoise où 40 % des jeunes sont au chômage. L.P.B. : Comment percevez-vous la situation à Planoise ? N.F. : Le principal problème des habitants de Planoise comme ailleurs est le chô- citoyens à l’élaboration des projets.Pour désengorger la ville, il faudrait réaliser la prolongation sur le secteur Nord-Est. L.P.B. : L’emploi est la grande priorité du pro- chain mandat. Comment inverser la tendance, notamment dans les quartiers ? A.M. : La question de l’emploi est liée à celle des salaires. Beaucoup de villes et quartiers populaires sont victimes d’un manque d’activité parce que leurs habi- tants ont des revenus insuffisants. Si nous augmentons les revenus et les pen- sions, ces personnes pourront acheter ce dont elles ont besoin et ainsi relan- cer l’activité qui pourra se traduire en création d’emploi. La rénovation des logements doit permettre aussi de créer des emplois et surtout d’améliorer consi- dérablement les conditions de vie dans ces quartiers. L.P.B. :Comment percevez-vous la situation des quartiers (Palente, Clairs-Soleils…), véritables “villes” dans la circonscription. Des habitants y jugent l’action politique bien mince. Que leur répondriez-vous ? A.M. Je partage leur point de vue, le mandat Sarkozy a très nettement amin- ci l’action publique dans ces quartiers et n’a pas donné les moyens aux collec- tivités ni de combler ce désinvestisse- ment ni d’assurer correctement lesmis- sions essentielles. J’ai dit plus haut que les quartiers populaires seraient une priorité si je suis élue. L.P.B. : L’écologie a été très peu présente dans la campagne présidentielle. Quels exemples concrets d’actions pourraient êtremenées dans

FRONT DE GAUCHE

Annie Ménétrier “Un projet de société basé sur les aspirations populaires”

Annie Ménétrier est la candidate du Front de gauche sur la deuxième circonscription. Pour elle, la défense des services publics locaux et le mieux vivre dans les quartiers populaires sont les grandes priorités.

L a Presse Bisontine : Pourquoi avez-vous décidé de solliciter le suffrage des élec- teurs lors de ces législatives ? Annie Ménétrier : Il est nécessaire de por- ter haut et fort, à l’Assemblée Natio- nale un projet de société juste, solidai- re, fraternel, écologique basé sur les aspirations populaires. Nous voulons créer un Front du peuple où les citoyens se réapproprient le débat politique.C’est la raison pour laquelle nous avons pro- posé à Jean-Christophe Jacottot,citoyen non encarté, d’êtremon suppléant. Pour ce qui me concerne, ce sont mes cama- rades communistes qui m’ont proposé d’être la candidate du Front de Gauche sur cette circonscription car ils estiment qu’il est important que les femmes soient plus et mieux représentées. L.P.B. :Sur quels arguments prioritaires axerez- vous votre campagne ? A.M. : Notre objectif premier est de répar- tir autrement les richesses : hausse de tous les salaires dont le S.M.I.C. à 1 700 euros bruts, taxation à 100 % au- delà de 30 000 euros par mois, retraite à 60 ans à taux plein, etc. C’est une nécessité économique, sociale et écolo- gique. Pour y parvenir, il faut reprendre le pouvoir sur les actionnaires et la finan- ce. Sans cela, pas de transition écolo- gique possible à grande échelle, pas de

relance possible de l’emploi.

L.P.B. : Si vous êtes élue, quels dossiers porte- riez-vous en priorité sur la circonscription ? A.M. C’est la défense des services publics, car ils sont un rempart contre les inéga- lités et la dévastation écologique. Ma deuxième priorité sera de tout faire pour que l’on vive mieux dans les quartiers populaires en agissant sur la qualité des logements, des espaces, des équi- pements et tout ceci dans une démarche participative avec les habitants. L.P.B. : Les zones rurales ne risquent-elles pas de pâtir d’un déséquilibre de traitement dans cette circonscription mi-rurale, mi-urbaine, au profit de la ville ? Quelle place accorderiez-vous à la ruralité ? A.M. Oui,la ruralité est importante pour l’équilibre des territoires. Il faut mettre un terme à la désertification en renfor- çant les services publics.Le combat pour le maintien des populations dans la ruralité est aussi un combat pour refon- der l’Europe sur d’autres bases. Nous voulons également relancer l’agriculture paysanne. Il faut relocaliser les activi- tés en développant les circuits courts, du producteur au consommateur, pour revivifier les zones rurales.

L.P.B. :L’abstention bat des records,notamment

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