La Presse Bisontine 133 - Juin 2012
DOSSIER
La Presse Bisontine n° 133 - Juin 2012 25
N.P.A.
Bernard Serafinowski et Julien Marcout
Deux candidats, le même discours Bernard Serafinowski sur la première et Julien Marcourt sur la deuxième, les deux candidats bisontins du N.P.A. parlent d’une seule voix : celle de l’anti-capitalisme à tout prix.
L a Presse Bisontine : Pourquoi avez-vous décidé de solliciter le suffrage des électeurs lors de ces législatives ? Bernard Serafinowski et Julien Mar- cout : Nicolas Sarkozy battu, ban- quiers et gros actionnaires sont encore en place et continuent à défendre leurs profits en impo- sant l’austérité aux travailleurs et à toute la population que la droite et l’extrême-droite ne défendent pas. La gauche tra- ditionnelle accepte les règles du système et n’a pas notre confian- ce. Nous sommes candidat pour lutter contre la régression socia- le, le chômage, les discrimina- tions. Face à la crise, la seule solution est d’imposer une autre répartition des richesses par une mobilisation populaire, pour construire une autre société. L.P.B. :Sur quels arguments prioritaires axerez-vous votre campagne ? B.S. et J.M. : Nous proposons un bouclier social : l’éducation, l’eau, l’énergie, le logement, les trans- ports, revenir à la retraite à 60 ans, 55 ans pour les travaux pénibles, au bout de 37,5 annui- tés, dans le privé et le public. Une fiscalité anticapitaliste : supprimer les exonérations d’impôts et de cotisations qui
bénéficient aux grandes entre- prises (172 milliards d’euros par an) et aux riches. Mettre fin à la toute puissance des banques : arrêter de payer la dette publique (160 milliards d’euros par an, dont 50 milliards pour les inté- rêts). Nous proposons un audit, une grande enquête populaire en vue de l’annulation de cette rente assurée par l’État aux riches. Il faut créer un seul ser- vice public bancaire, en unifiant les banques réquisitionnées. Il faut organiser une transition énergétique pour sortir du nucléaire en 10 ans, développer les énergies renouvelables, regrouper les grandes entre- prises de l’énergie. Pour ça, il faut une mobilisation qui abou- tisse au contrôle des salariés, des usagers et de la population sur tout ce qui les concerne. L.P.B. : Si vous êtes élus, quels dos- siers porteriez-vous en priorité sur la circonscription ? B.S. et J.M. : Nous paraissent importants l’accès à un logement de qualité, de même que des transports en commun publics gratuits. Revenir à une bonne carte scolaire avec création de postes et réouverture de classes.
L.P.B. : Les zones rurales ne risquent- elles pas de pâtir d’un déséquilibre de traitement dans cette circonscription mi-rurale, mi-urbaine, au profit de la ville ? Quelle place accorderiez-vous à la ruralité ? B.S. et J.M. : Il existe encore ici une petite et moyenne agricul- ture, économe, autonome, res- pectueuse des écosystèmes, fai- sant appel à de lamain-d’œuvre. Elle est moins performante, en termes de rentabilité capitalis- te. Mais cette agriculture accom- plit parfaitement sa mission. Elle entretient et met en valeur le territoire, elle maintient un tissu rural vivant et l’emploi, elle assure la couverture des besoins alimentaires en quan- tité et qualité. Il faut l’aider à échapper au productivisme. L.P.B. : L’abstention bat des records, notamment dans les quartiers dits “sensibles”. N’est-ce pas un constat d’échec du politique et comment fai- re pour inverser la tendance ? B.S. et J.M. : Les outils : des conseils de quartier avec un budget à gérer, pour que les habitants aient les moyens d’atteindre leurs objectifs sur les quartiers. Le bien vivre incitera à partici- per à la vie sociale et politique.
L.P.B. :Les désengagements financiers de l’État sont souvent stigmatisés par les collectivités locales, sources de restrictions budgétaires. À quoi devrait ressembler une bonne réforme de la décentralisation et des collectivités ? B.S. et J.M. : Les collectivités locales doivent prendre en charge ce qui correspond au niveau des besoins et des compétences. On décide ici ce qui nous concerne. Mais les services rendus doivent gar- der leur caractère public et les employés leur statut d’agents de l’État. L.P.B. : La sécurité, le pouvoir d’achat, comptent parmi les préoccupations des Français. Quel rôle peut avoir un élu national sur ces questions ? B.S. et J.M. : La sécurité, c’est aus- si celle de l’emploi, d’un revenu suffisant (augmenter les salaires de 300 euros nets, avec un reve- nu minimum à 1 700 euros), le droit au logement, qui sont des éléments qui relèvent de déci- sions législatives. L.P.B. : L’emploi est la grande priorité du prochain mandat. Comment inver- ser la tendance, notamment dans les quartiers ? B.S. et J.M. : Il faut interdire les licenciements, partager le temps de travail entre toutes et tous,
Bernard Serafinowski (à gauche) et Julien Marcout : “Il faut créer un million d’emplois dans les services publics.”
32 heures sans perte de salaire, créer un million d’emplois dans les services publics comme la santé, l’aide à l’autonomie. L.P.B. : Comment percevez-vous la situation à Planoise, Palente ou Clairs- Soleils…, véritables “villes” dans la circonscription. Des habitants y jugent l’action politique bien mince. Que leur répondriez-vous ? B.S. et J.M. : Il faut reconstruire la solidarité et la démocratie dans les quartiers populaires, redonner vie aux services publics et créer des emplois, offrir à la jeunesse un avenir et une vie décente avec un revenu d’autonomie. Nous voulons une égalité entre hommes et femmes, des moyens légaux et matériels contre les violences faites aux femmes et le harcèlement. Nous voulons en finir avec le racisme et la xénophobie, régulariser tous les sans-papiers et donner le droit de vote à tous les résidents à toutes les élections. L.P.B. : L’écologie a été très peu pré- sente dans la campagne présidentiel-
le. Quels exemples concrets d’actions pourraient être menées dans la cir- conscription ? B.S. et J.M. : Réhabilitation des logements et construction d’immeubles neufs avec isola- tion pour économie d’énergie. Soutien aux circuits courts entre agriculteurs et consommateurs évitant les intermédiaires. L.P.B. : Le salaire des politiques est souvent stigmatisé. Le revenu des députés vous paraît-il juste ? B.S. et J.M. : Chaque député reçoit 5 246,81 euros par mois, plus une indemnité de représenta- tion (6 412 euros par mois) et un crédit collaborateur (jusqu’à 9 138 euros parmois),pour rému- nérer jusqu’à cinq assistants. Nous préconisons que les dépu- tés touchent l’équivalent du salai- re médian pendant leur mandat avec prise en charge de leurs frais. Seuls seront alors candi- dats les plus motivés par le sort de leurs concitoyens. Et pour que le peuple soit réellement repré- senté, il faut une assemblée élue à la proportionnelle.
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