La Presse Bisontine 132 - Mai 2012

A g e n d a

La Presse Bisontine n° 132 - Mai 2012

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Les 5 éléments au menu du Festival de Besançon-Montfaucon Arthur Schoonderwoerd est le directeur du Festival des musiques anciennes de Besançon-Montfaucon. Ce rendez-vous musical prépare sa septième édition. Le musicien en donne les principales clés. MUSIQUE - DU 22 AU 27 MAI

L a Presse Bisontine : Comment est né ce Festival des musiques anciennes ? Arthur Schoonderwoerd : Je suis ori- ginaire des Pays-Bas, je jouais souvent là-bas et enmême temps j’enseignais à Barcelone. Mon épouse a été nommée au conser- vatoire de Besançon qui finale- ment, est une ville bien placée, au centre de l’Europe. Nous nous sommes installés à Montfaucon et 15 jours après notre installa- tion nous allions voir le maire Pierre Contoz et l’adjoint bison- tin Michel Roignot pour propo- ser cette idée de festival. Ils ont tout de suite accepté. C’est ain- si qu’est née la première édition en 2006, avec un budget modes- te de 30 000 euros et beaucoup d’amis qui sont venus jouer gra-

tuitement.

obligés de nous professionnali- ser de plus en plus. L.P.B. : Après six éditions, quelle place a pris ce festival dans le paysage cul- turel régional et comment se différen- cie-t-il des autres qui existent par exemple dans le Haut-Jura ou en Hau- te-Saône ? A.S. : Tout le monde peut consta- ter je crois que ce festival a pris une place importante. Nous enre- gistrons 5 000 spectateurs et il attire des spectateurs de plus en plus loin. Des Suisses, des Alle- mands, des Hollandais, des Espa- gnols…, qui assistent à tous les concerts. Il y amême eu desAmé- ricains l’an dernier. Nous sommes aussi très diffé- rents des festivals déjà existants car le Festival de Besançon-Mont- faucon est plutôt basé sur la créa- tion. Je pense que notre démarche est un peu plus aventurière, on risque plus de choses. L.P.B. : Comment intéressez-vous le jeune public ? A.S. : C’est une de nos missions justement. Nous invitons les jeunes, nous allons les voir dans les collèges, on a programmé cet- te année une conférence sur Rous- seau qui a pris des cours de chant à Besançon. On essaie à chaque fois de toucher les jeunes au cœur. C’est difficile, mais ça marche. Sur les 5 000 spectateurs de l’an dernier, on a touché 1 000 jeunes. D’ailleurs on a adopté une poli- tique tarifaire je pense unique en son genre : si deux adultes viennent avec un jeune de moins de 26 ans, ça leur coûtera moins cher que s’ils ne venaient que les deux ! Nous avons aussi cette année unmagnifique conte musi- cal pour les enfants, “La belle et la bête”. L.P.B. Cette édition a pour thème “les 5 éléments” : la terre, l’eau, le feu, l’air.

L.P.B. : Le budget du festival a évolué mais le bénévolat est toujours aussi important ? A.S. : Cette année, nous avons un budget qui reste modeste, de 180 000 euros. C’est la raison pour laquelle en effet le bénévo- lat est toujours aussi précieux pour nous, notamment pour l’hébergement des musiciens ou l’accueil aux concerts. Sans les bénévoles, on ne pourrait rien faire, je leur suis très recon- naissant. Mais avec 29 rendez- vous programmés désormais, sur de nombreux sites différents et pour des raisons de sécurité, le bénévolat ne peut pas tout. Pour l’instant, ça marche encore très bien comme çamais nous sommes

aussi, autre innovation cette année, un stage de chant grégo- rien au cours du week-end de la Pentecôte, pour hommes mais aussi pour femmes. Pour cette 7 ème édition du festival, on vise les 6 000 spectateurs. L.P.B. : Quel est le critère pour qualifier une musique d’ancienne ? A.S. : Pour moi, toute musique écrite par un compositeur qui n’est plus vivant peut être consi- dérée comme une musique ancienne. Quand un compositeur est vivant, il dit aux musiciens comment il faut jouer samusique. Dès qu’il est mort, la musique qu’il a écrite va vivre au-delà de lui, elle va avoir sa propre vie. Notre but à travers ce festival est justement d’essayer de retrou- ver le plus de sources possibles pour rendre la musique la plus fidèle au moment où elle a été écrite. Si on pousse à l’extrême, il ne serait pas incongru de pro- grammer dans notre festival la musique des Beatles si elle est jouée avec des instruments de l’époque. Autre exemple avec

chaque soirée col- lera à un des cinq éléments. L.P.B. : Quels seront les temps forts de cet- te édition 2012 ? A.S. : Une fois enco- re, des musiciens de grand talent seront là, à l’image du Belge Jos Van Immerseel, chef d’orchestre, pia- niste et claveci-

Quel est la cinquième ? A.S. : C’est l’éther, ou la quintes- sence, d’après la philosophie grecque d’Aristote. Selon les Grecs, chaque élément présent sous forme de sphères autour de la terre, centre de l’univers, assu- rait une fonction participant à l’harmonie naturelle : se trou- vaient au-dessus de la terre, l’Air, l’Eau, le Feu et l’Éther. Au sein des sphères Eau et Feu se trou- vaient les sept planètes obser- vables : la Lune, le Soleil, Mer- cure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne.

Zoom Arthur Schoonderwoerd, en bref A rthur Schoonderwoerd est considéré comme lʼun des pian(o-fort)istes les plus importants de sa génération. Son terrain de prédilection va des recherches sur lʼinterprétation de la musique pour piano des XVIII ème et XIX ème siècles et sur le répertoire oublié de cette période, à lʼobservation de la grande diversité dʼinstruments à clavier qui jalonnèrent ces deux siècles. Après avoir obtenu entre autres un diplôme de concertiste en pia- no moderne au conservatoire dʼUtrecht (Pays-Bas), il a fait des études de piano historique au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de Jos van Immerseel. En 1995, il obtient un Premier Prix à lʼunanimité dans cette discipline et ter- mine ensuite ses études par un cycle de perfectionnement. Parallèlement à une carrière soliste dans le monde entier, il consacre une grande partie de son temps à la musique de chambre et au répertoire du lied et de la mélodie. Sa discographie comprend 21 titres dont de nombreux primés, le dernier, premier volet de lʼintégrale des concertos pour piano de Mozart, enregistré lors du 6 ème Festi- val de musiques anciennes de Besançon-Montfaucon en 2011 a déjà reçu un Choc du magazine Classica-Le Monde de la musique, et les meilleures critiques en Allemagne.

“Notre démarche est un peu plus aventurière.”

niste. Il ouvrira le festival au cla- vecin avec Bach à la cathédrale Saint-Jean. Deux autres forma- tions de renoms - Capilla Fla- menca et Capella Pratensis - don- neront plusieurs concerts. Au total, il y a une trentaine de ren- dez-vous et pas que musicaux d’ailleurs. L’autre intérêt cette année est qu’on va utiliser des endroits de Besançon pas forcé- ment très connus pour les concerts. Par exemple la chapelle des sœurs de la Charité rue des Martelots ou encore la chapelle de la Sainte-Famille. Il y aura

L.P.B. : Quel est le rap- port avec la musique ? A.S. : Celui de l’harmonie. La dis- tance séparant la lune, la terre et les autres planètes a permis de construi- re la gamme musi- cale et de calculer rapports d’intervalles et har- monies. La pro- grammation de

“Toute musique d’un compositeur qui n’est plus vivant.”

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