La Presse Bisontine 132 - Mai 2012

DOSSIER

La Presse Bisontine n° 132 - Mai 2012 25

BESANÇON

BESANÇON Association D.R.A.N. 25 “Les harkis aimaient la France” La communauté des harkis s’amenuise avec le temps. Aujourd’hui, ce sont les enfants de ces combattants qui prennent le flambeau pour obtenir de la France la reconnaissance que leur père mérite.

Association F.C.R.T.G.

Vers le partage d’une histoire commune Président de l’association des francs-comtois rapatriés toute génération, Djilalli Sahlaoui souhaite qu’un jour, Français et Algériens puissent réfléchir sereinement à cette guerre fratricide pour partager une histoire commune admise par tous.

J oseph Labbaci est président de l’association D.R.A.N. 25 (droit aux rapatriés d’Afrique du Nord). Il est le fils d’Idir Labbaci, un harki qui après s’être battu pour la France en Algérie, a œuvré pour la reconnaissance de ses frères d’arme dans le Doubs et à l’échelle nationale. Lorsqu’il est décé- dé il y a trois ans, ce soldat qui avait été fait chevalier de la légion d’honneur et décoré de la médaille militaire a été enterré avec les hon- neurs. Mais la communauté des har- kis qui s’éteint au fur et à mesure que le temps passe, attend toujours la reconnaissance pleine et entière de la Nation. Désormais, ce sont les

D ans le Doubs, on recensait envi- ron 500 familles de harkis (soit environ 3 000 persones). “Nos adhérents représentent près de 80 familles sur tout le département. Une quarantaine de harkis sont encore en vie. 60 % d’entre eux sont installés sur l’agglomération de Besançon. Les autres sont sur le secteur de Montbéliard” pré- cise Djilalli Sahlaoui. Lui-même fils de harki, il est président de l’association des francs-comtois rapatriés toutes générations (F.C.R.T.G.) Il avait quatre ans lorsqu’il est arrivé au camp de Val- dahon au lendemain de la guerre d’Algérie avec son père militaire et tou-

deuxième génération. Je me suis enga- gé aussi pour connaître mon histoire.” C’est justement à la seconde généra- tion que revient désormais la tâche de porter la voix des harkis à travers des structures associatives telles que la F.C.R.T.G. Avec le temps, les objectifs ont changé. “Avant, les harkis étaient mobilisés, surtout pour obtenir une indemnisation de la part de l’État Fran- çais, consécutive à leur engagement et à la perte de leur patrimoine. Mainte- nant, nous travaillons plus sur lamémoi- re et la reconnaissance.” Un demi-siècle vient de s’écouler depuis la fin de la guerre d’Algérie. Ce que souhaiterait Djilalli Sahlaoui, c’est que de part et d’autre de la Méditerranée, chacun fasse un travail de réflexion sur cette guerre, “afin que Français et Algériens puissent s’entendre sur une histoire commune partagée et admise par tous. Alors nos deux peuples pour- ront se regarder en face et repartir sur de bonnes bases.” Un chantier lourd, mais c’est à ce prix que sera établie la vérité lavée d’amertume, de silences, et de passions.

enfants de ces soldats qui prennent le flam- beau au nom de la mémoire de leurs pères pour que la France ne les oublie pas et qu’elle leur accorde l’honneur qu’ils méritent. C’est tout le sens de l’action de Joseph Labbaci depuis trois ans. “Nous travaillons sur cette question de la reconnaissance. L’État français est redevable

“Ils se sont battus pour elle.”

te sa famille. Djilalli Sah- laoui a été sensibilisé à la cause dès harkis dès son plus jeune âge. Au départ, lorsqu’il a rejoint naturellement l’association, “c’était pour donner un coup de main aux anciens qui ne maî- trisaient pas bien la langue française. Ils avaient besoin de la

“Se regarder en face.”

Joseph Labbaci est le fils d’Idir Labbaci, un harki qui a été enterré avec les honneurs.

vis-à-vis des harkis qui ont donné leur sang.” Un premier pas a été fait le 25 septembre 2001 par Jacques Chirac qui a salué le patriotisme des harkis lors d’une cérémonie officiel- le. “Les harkis aimaient la France. Ils se sont battus pour elle. Mais ils

ont le sentiment de ne jamais avoir été français” rappelle Joseph Lab- baci. Et l’Algérie les considère enco- re comme des traîtres. Par peur des représailles, beaucoup de harkis ne sont jamais retournés dans leur pays où ils ont tout laissé.

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