La Presse Bisontine 130 - Mars 2012

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 130 - Mars 2012

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CITÉ DES ARTS : DÉJÀ UN GOUFFRE FINANCIER

Il n’ouvrira ses portes que dans un an mais déjà l’immense vaisseau de la Cité des arts, voulue par l’ancien président de la Région Raymond Forni, pose de nombreuses questions. La première, c’est celle du coût de fonctionnement d’une des composantes de cette Cité des arts, le F.R.A.C. (Fonds régional d’art contemporain). Estimé à 1,5 million d’euros par an, il doit normalement être supporté conjointement par la Région et l’État. Seulement, l’État n’apportera pas les fonds escomptés. Ce sont donc les contribuables francs-comtois qui devront mettre la main à la poche pour boucler ce budget tous les ans. Deuxième hic, dans la conception même de cet immense bâtiment dessiné par les équipes de l’architecte japonais Kengo Kuma : sa toiture. Les entreprises actuellement à l’œuvre constatent des fuites dans ce toit présenté comme révolutionnaire. Enfin, et c’est une des grands questionnements restés sans réponse : le fonds régional d’art contemporain apparaît comme un outil totalement disproportionné par rapport aux ambitions locales en matière d’art contemporain, pour l’instant à l’état embryonnair. Cité des arts, comment éviter le naufrage ?

BUDGET

La Région demande à l’État des garanties Fonctionnement du F.R.A.C. : une bombe à retardement Ouverture des salles d’exposition, paiement des salariés, entretien, le F.R.A.C. aura besoin d’environ 1,5 million d’euros par an pour fonctionner dans ses nouveaux locaux. Un chiffre prévu. Ce qui ne l’était pas : c’est l’appui financier de l’État appelé à diminuer. La Région devra compenser… ou négocier.

région Centre (Orléans), Provence- Alpes-Côte-d’Azur (Marseille), Nord- Pas-de-Calais (Dunkerque), Aquitai- ne (Bordeaux), elle fait face aux coupes budgétaires. Rennes qui inaugurera le premier F..R.A.C. de deuxième génération l’été prochain bénéficie d’une parité entre les subventions versées par la Région Bretagne et la D.R.A.C. Pour fonc- tionner, le F..R.A.C. breton disposera de 800 000 euros par an et d’une enve- loppe de 300 000 euros par an pour acquérir des œuvres. Les entrées seront payantes et même les écoles devront régler un droit d’entrée. Sur ce point, la Franche-Comté n’a pas encore tranché. À l’art contemporain de se faire une place au pied de la Cita- delle et de négocier avec l’État une ral- longe pour 2013. Tout un art. E.Ch.

un travail en amont a été réalisé : il a pris en compte le projet artistique et culturel, le projet financier jusqu’à l’organigramme et aux embauches. Toutes ces choses ont été posées conjoin- tement entre la Région et l’État, dit- elle. Si l’opposition annonce que le coût de fonctionnement n’a pas été prévu, elle remet alors en cause le travail fait par le ministère de la Culture et le pré- fet… Cela me paraît surprenant que des élus U.M.P. fassent cette remarque car c’est bien l’État aujourd’hui qui ne respecte son engagement.” Pour l’année à venir, pas de souci, la Régionassumera lamontée enpuissance du fonds. Devra-t-elle faire appel aux mécénats dès 2014 ? C’est une piste. Avec son art contemporain, la Franche- Comté n’est toutefois pas fâchée et comme les cinq autres F..R.A.C. de deuxième génération en cours de construction en Bretagne (Rennes),

L es cartons sont prêts. Dans un an, le fonds régional d’art contemporain (F..R.A.C.) démé- nagera avenue Gaulard à Besançon où l’attend la Cité des Arts et de la Culture, un superbe bâtiment dessiné par l’architecte japo- nais Kengo Kuma. Superbe, oui, mais à quel prix ? Vendredi 12 janvier, lors de ses vœux aux personnalités, c’est le préfet de Franche-Comté, le pre- mier, qui a mis en garde quant au coût de fonctionnement futur de cet équi- pement. Si l’État dit ne pas se désen- gager complètement en matière finan- cière, son aide ne sera pas à la hauteur espérée pour couvrir les fameux frais de fonctionnement du bâtiment et de ses 18 salariés. Le coût de fonction- nement est estimé à 1,5 million euros par an (1) dès 2014. Inquiétude à la Région, obligée de supporter la volte- face financière. Pour exemple, la direc- tion régionale des affaires culturelles

avec ce F..R.A.C.” déplore Annie Gene- vard, conseillère régionale d’opposition (U.M.P.) qui fait référence à la volon- té de feu Raymond Forni d’avoir vou- lu créer un lieu trop imposant. Attachée au développement de l’art sur le territoire, l’élue de droite ne (re)met pas en question la pertinence d’avoir installé le F..R.A.C. dans la Cité des Arts et de la Culture mais s’interroge sur la pertinence de cet investissement (46,4 millions d’euros au total) à deux titres. Selon Annie Genevard, “l’outil paraît surdimen- sionné par rapport à la petite collec-

tion dont le F..R.A.C. dispose et sur- tout, ce grand bâtiment va demander plus de personnel et une plus large pla- ge horaire d’ouverture impliquant des frais de fonctionnement à la hausse. Les frais de fonctionnement auront payé au bout de 10 ans l’investissement par la Région dans le bâtiment ! Je regrette que les élus aient davantage pensé au financement de l’investissement et pas suffisamment à son fonctionne- ment.” Présidente du F..R.A.C., Sylvie Meyer (Europe Écologie-Les Verts) réagit à ces propos, qu’elle condamne : “Tout

Une des futures salles d’exposition du F.R.A.C. Des locaux plus vastes et davan- tage de plages horaires d’ouverture nécessiteronnt forcément plus de salariés. (image C.A.G.B.).

(D.R.A.C.) versera 200 000 euros en 2012 alors que la Région en attendait 200 000 de plus. À un an de l’inauguration, la Région est “condamnée à réus- sir” annonceMarie- Guite Dufay mais des voix s’élèvent - déjà - contre ce pro- jet aumotif qu’il est insuffisamment réfléchi. “Les élus de gauche ont eu une approche très “mitterrandienne”

“En 10 ans, le fonctionnement aura payé l’investissement.”

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