La Presse Bisontine 130 - Mars 2012

ÉCONOMIE 38

La Presse Bisontine n° 130 - Mars 2012

POLÉMIQUE 100 % de baisse parfois Cafouillage dans le milieu du dépannage S téphane Iemmolo, co- gérant d’une des plus importantes sociétés de dépannage du Grand Besançon le Plusieurs sociétés de dépannage concurrentes à Besançon se livrent à une bataille

L’administration souhaite clari- fier la situa- tion. Toutes les entreprises

Le fond du problème, c’est la remise en cause de l’organisation des permanences de dépanna- ge dans le Grand Besançon. Que ce soit en zone police ou en zone gendarmerie, des tours de gar- de sont planifiés et lorsqu’un appel arrive au “17”, le dépan- neur de garde est systémati- quement appelé pour secourir les clients en panne. Le problè- me, selon plusieurs concurrents du garage Iemmolo, c’est que cette organisation des tours de garde ne répondrait pas à une véritable équité. “ Le dépanna- ge est tenu par des entreprises installées depuis longtemps et qui font la pluie et le beau temps. Nous en sommes aujourd’hui les victimes” déplore Steve Ersa, gérant de la société bisontine City-Car Dépannage qui dénon- ce tout bonnement “un acte de concurrence déloyale.” La goutte d’eau qui a fait débor- der le vase pour certains dépan- neurs, c’est la nouvelle tournée 2012 apparemment validée dans la précipitation en fin d’année dernière et qui bouleverse l’activité de plusieurs entre- prises. Lors d’une commission dépannage qui s’est tenue dans les locaux de la D.I.R.-Est le 30 novembre dernier, plusieurs sociétés –Valéro, City Car, Espa- ce Dépannage… - se sont vues amputer d’une grande partie, voire de la totalité de leurs tours de garde. Résultat : certaines perdront cette année plusieurs dizaines de milliers d’euros. “Pour nous, ça représente un manque à gagner de 15 000 euros par mois” déplore un de ces pro-

reconnaît volontiers : “Je suis président de la section dépan- nage du conseil national des pro- fessions de l’automobile, res- ponsable de la commission de répartition des tournées et en même temps dépanneur.” Mais il ajoute aussitôt : “Forcément, on me cherche des problèmes. Mais je suis plus victime qu’autre chose dans cette histoire. Nous sommes installés depuis qua- rante ans à Besançon et on est la cible de ceux qui n’acceptent pas la concurrence. C’est dom- mage. De notre côté, on a tou- jours fait pour que tout le mon- de s’entende et que le système fonctionne.”

locales de dépannage vont être contrôlées.

interne. En jeu, des dizaines de milliers d’euros de chiffre d’affaires. Plusieurs entreprises ont alerté les autorités. L’administration tente actuellement d’y voir plus clair.

fessionnels. Tandis que ces sociétés perdent des tours de gar- de, d’autres en récupèrent. Steve Ersa a fait ses comptes qu’il a transmis dans un rapport de 20 pages à la D.R.E.A.L., l’administration de tutelle. Sur un des secteurs d’intervention, le secteur B, sa socié-

répond Stéphane Iemmolo en tant que président du syndicat. Steve Ersa va au-delà en affir- mant que plusieurs de ces socié- tés “ont présenté des défaillances telles qu’absences de réponse, refus de se déplacer…” “Un des garages a même un problème récurrent d’appels restés sans réponse depuis un an” souligne le compte-rendu officiel de cet- te même commission de dépan- nage-remorquage du 30 novembre 2011. Et pourtant, elle s’est gratifier de plus de tournées cette année que l’an dernier, contrairement à d’autres qui n’ont jamais enregistré aucun souci. Pour le calendrier 2012, les comptes ne sont donc pas bons pour plusieurs sociétés. Tandis que certaines gagnent jusqu’à 60 % d’activité par rapport à l’année précédente, d’autres en perdent jusqu’à 100 %. Selon Steve Ersa, “les membres de la commission de dépannage-remor- quage du Doubs ont été induits en erreur sur bon nombre de points importants et la lecture du cahier des charges n’a pas été lamême pour toutes les entre- prises concurrentes.” Le président du syndicat rela- tivise les choses. “Notre garage traite 600 dossiers par mois et on fait à peine une dizaine d’interventions d’astreinte par mois. C’est trop marginal pour que nous souhaitions influer sur ces choses-là. D’ailleurs, aux der-

nières commissions, je n’ai pas souhaité y participer pour cla- rifier les choses” note Stéphane Iemmolo dont le garage est cer- tifié A.F.N.O.R. Ces bisbilles entre garagistes ont eu assez de retentissement pour que l’administration d’État s’en mêle. À tel point que la D.R.E.A.L. a décidé de faire une inspection de toutes les socié- tés de dépannage, en commen- çant par celles installées sur Besançon, afin de déterminer si elles respectent toutes le cahier des charges imposé par l’administration, qui impose notamment d’exercer son acti- vité dans des locaux situés dans son secteur d’intervention (ce qui n’était pas le cas de tous), ou encore de disposer en dehors de la voie publique et dans les condi- tions réglementaires, d’installations convenables pour le stockage des véhicules acci- dentés ou en réparation. “On ne peut pas demander les mêmes choses à des petits dépanneurs qui font dix interventions par mois” pense Stéphane Iemmolo. Les “chevaliers blancs” de la pro- fession sont donc entrés en rébel- lion pour prévenir, disent-ils, les “magouilles syndicales.” Ils demandent la plus grande trans- parence et avant tout une tota- le impartialité de la part d’un syndicat qui est censé tous les représenter sur le même pied d’égalité. J.-F.H.

Les “chevaliers blancs” de la profession.

té a tout bonnement tout per- du. “Notre société Espace Dépan- nage enregistre une perte totale de son activité sur le secteur, notre société City Car Dépan- nage également, tandis que dans le même temps, la société Laroche de Noironte et la S.A.R.L. Pelot de Lavernay enregistrent, elles, 100 % d’augmentation sur ce secteur.” “L’explication, c’est que l’administration impose désor- mais d’avoir son siège social sur le secteur en question. Cela per- met justement d’éviter les pro- blèmes et de clarifier les choses”

Tous les garagistes ne répondraient pas aux normes officielles imposées par le cahier des charges de la profession. Notamment un site sécurisé situé en dehors de la voie publique.

Le froid a dopé l’activité dépannage L a vague de froid qui a sévi depuis la fin janvier sur tou- te lʼagglomération bisontine a fait de nombreux mal- heureux – les dizaines dʼautomobilistes bloqués avec leur voiture figée par le froid – et par conséquent, elle a rem- pli les journées des garagistes-dépanneurs du secteur. Ce fut un ballet incessant de voitures de dépannage. De son côté, Stéphane Iemmolo a multiplié par cinq son activité durant plusieurs jours. “On a tourné à 100 interventions par jour” dit-il. Les dépanneurs comptent parmi les professions qui ont profité, bien malgré elles, de cette vague de froid exceptionnelle. Mais elles ne sont pas les seules. Par exemple, la marque de vête- ments chauds Damart nʼa pas hésité à miser sur cette période glaciale en proposant une sélection spéciale grand froid avec une livraison gratuite en 48 heures. La marque a vu ses ventes en ligne bondir de 255 % au cours des trois dernières semaines. Dans le Grand Besançon, dʼautres secteurs dʼactivité ont profi- té de cette météo hors du commun. Dans les magasins de bri- colage, impossible pendant plusieurs jours de trouver le moindre centimètre de mousse calorifuge qui protège les tuyaux de plom- berie. Pendant la semaine du 6 au 10 février, il était également impossible de trouver un radiateur électrique pour le chauffage dʼappoint.

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