La Presse Bisontine 130 - Mars 2012

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 130 - Mars 2012

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IMMOBILIER

15 millions d’euros de travaux

LA SECONDE VIE DU BÂTIMENT KELTON-TIMEX Le plus vaste bâtiment industriel du Grand Besançon a été racheté par la société bisontine S.M.C.I. qui le réhabilite intégralement. 38 000 m 2 d’un seul tenant, qui seront loués à des entreprises.

I l fallait de l’audace, et également avoir les reins solides, pour s’attaquer à ce véritable vaisseau (presque) fantôme posé au bord du boulevard Kennedy depuis les années soixante. Au temps glorieux de l’horlogerie, cet immense bâtiment industriel abritait quelque 3 000 sala- riés. Même si une centaine de per- sonnes y travaillent encore (voir ci-des- sous), il y a bien longtemps que les incroyables surfaces n’étaient plus toutes occupées. Alors le groupe Timex a décidé de se séparer de ce patrimoi- ne. Et après plusieurs années de dis- cussion, c’est la société S.M.C.I. qui a gagné la confiance du consortium amé- ricain (détenu par un industriel nor- végien). 38 000 m 2 sur deux niveaux (25 000 couverts) : ce n’est qu’en parcourant le dédale infini des couloirs que l’on peut se rendre compte de ce que représen- te cette surface. “Il y a cinq ans, j’ai eu un contact avec Daniel Dodane, l’ancien Fabrice Jeannot, le P.D.G. de la S.M.C.I., à l’étage de ce bâtiment dont 28 000 m 2 restent à louer.

directeur du site Fralsen. Il me dit que leur usine serait à vendre, raconte Fabri- ce Jeannot, le P.D.G. de la société S.M.C.I. Seulement, pour l’équilibre de l’opération, il nous fallait une sécurité : Fralsen nous l’a apportée en nous garantissant que la société resterait locataire d’une par- tie des murs.” C’est ainsi que la société Fralsen amigré sur une extrémité du bâtiment qu’elle occupe environ au quart depuis le 15 décembre dernier, dans des locaux déjà réaménagés par S.M.C.I. Reste au promoteur bisontin à réhabiliter tota- lement les 28 000 m 2 restants de ce

HISTOIRE

Jusqu’à 3 000 salariés La saga Timex n’est pas terminée

Dans l’immense bâtiment Kelton- Timex, 107 salariés perpétuent encore aujourd’hui, et discrètement, l’histoire horlogère de ce qui reste une des dernières manufactures horlo- gères françaises.

L a seule vision de la cafétéria de l’époque donne une idée du four- millement incessant qui devait régner en ces lieux. La société Kelton-Timex a connu son apogée au milieu des années soixante-dix lorsqu’elle faisait travailler 3 000 salariés. Un record. L’histoire de Kelton-Timex démarre avant même la construction de l’usine en 1962. C’est en 1956 que les Améri- cains décident d’investir le marché fran- çais de l’horlogerie qui avait pour capi- tale incontestée Besançon. Le groupe Timex (toujours leader du marché hor- loger outre-Atlantique) achète alors plus de 12 hectares de terrain vierge entre Trépillot et l’actuel boulevard Kenne- dy. Et c’est en 1962 qu’est édifiée la pre- mière usine. “Entre 1962 et 1970, sept bâtiments seront construits dans la conti- nuité, au fur et à mesure des besoins de la production” note Marcel Felt, actuel directeur des relations sociales de Fral-

sen. Le groupeTimex crée alors lamarque Kelton au début des années soixante et lance son circuit de distribution inédit dans les bureaux de tabac pour court- circuiter les horlogers avec lesquels la marque était en conflit. C’est le début de la gloire pour cette catégorie de montres entrée de gamme. Kelton en écoulera des millions d’exemplaires à travers le monde. L’arrivée du quartz marquera ici aussi le début du déclin pour l’usine bisonti- ne (dans laquelle travaillera d’ailleurs durant quelques mois l’actuel maire de Besançon Jean-Louis Fousseret). Une grosse délocalisation aux Philippines fera décliner inexorablement les effec- tifs de l’usine et la marque Kelton dis- paraîtra. Timex, qui possède toujours 25 % du marché américain, subsiste aujourd’hui et distribue de nombreux modèles de montres sous licence (Guess, Versace,Valentino, Ferragamo, etc.). La

(photos collection Timex).

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