La Presse Bisontine 129 - Février 2012

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 129 - Février 2012

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CONSOMMATION

Résultats record

Les supermarchés du Haut-Doubs toisent ceux du “bas” Depuis six mois, les enseignes basées à Morteau ou Pontarlier vendent autant de produits que lors d’une semaine de Noël. À Besançon, l’effet est beaucoup plus limité. État d’un commerce devenu à deux vitesses.

Venue de Suisse,

cette cliente remplit son caddie dans une grande surface du Haut-Doubs.

C orinne remplit son chariot de produits d’entretien, de confi- series, viennoiseries, gâteaux apéritifs. Elle n’a pas acheté de viande à l’inverse de nombre de ses compatriotes. Cette Suissesse termine ses courses dans unmagasinATAC du Haut-Doubs. Elle n’est pas la seule. Sur le parking, les voitures immatriculées dans le canton de Neuchâtel représen- tent un quart du parc. “Je ne viens pas seulement pour le prix, dit-elle, mais surtout parce que nous trouvons beau- coup de produits chez vous que nous n’avons pas à la Coop” poursuit la Suis- sesse. Une pièce de viande coûte 60 % de moins en France qu’en Suisse et ce malgré les frais de douane. Ce constat fait bien évidemment le jeu de nos enseignes commerciales. Mon- de plutôt discret, la grande distribu- tion a bien voulu nous ouvrir ses portes. “Depuis le 25 juillet, nous réalisons chaque semaine les chiffres de Noël. Notre activité a évolué de 30 à 50 % en raison du franc suisse” explique Sté-

phane Pelletier, directeur de l’enseigne ATAC à Villers-le-Lac qui a été pro- pulsée “meilleure du Doubs” en terme de progression des magasins ATAC. Derrière cette bonne nouvelle se cache une autre facette. La difficulté du recru- tement : “J’ai embauché dix salariés mais j’ai un turn-over important, dit le directeur. Je recherche encore un boucher.” Impossible en effet pour ces enseignes de concurrencer le salaire

recruter des étudiants. Dans cette euphorie, les enseignes demeurent prudentes. Un recul de la Suisse pourrait rapidement enrayer une machine bien huilée. Au Russey, l’enseigne Super U profite moins de la venue des Suisses mais plus du reve- nu des frontaliers. En terme de panier d’achat moyen, le Super U du Russey réalise le meilleur score du Doubs. L’en- treprise est ici atypique avec très peu de turn-over : sur 62 salariés, 3 seule- ment sont partis en Suisse en cinq années. À Mouthe, on ressent moins la venue des Suisses, qui sont assez loin, mais plus l’effet frontalier et tou- ristique. À chacune de leurs réunions de groupes, les directeurs des magasins de Pon- tarlier, Morteau, Maîche, Villers-le- Lac font donc saliver leurs collègues du reste du département. “Nous sommes plutôt dans la tendance de stagnation” rapporte le directeur d’un Intermar- ché de Besançon. Dans la capitale com-

750 000m 2 de surface dans le Doubs Lʼoffre commerciale dans le Doubs propose 750 000 m 2 de surface de vente, soit environ 6 000 établissements. “Elle est composée de 30 % de commerce traditionnel et 70 % de grands commerces” rapporte Nathalie Bernard, direc- trice du service commerce, tourisme et création dʼentreprises à la chambre de commerce et dʼindustrie du Doubs. La C.C.I.T. confirme la bonne santé des grandes surfaces proches de la fron- tière. Les marques basées à Besançon ne connaissent pas dʼeuphorie mais tentent plutôt de fidéliser leur clientèle de manière différente en développant les opérations promotionnelles, les déstockages, ou le e-commerce (Internet). Sur cette terre bénie, les super et hyper ont trouvé la fertilité économique avec la Suisse comme engrais.

suisse mis à part pour des postes à responsa- bilité. Malgré cela, les salariés ont profité de primes : c’est le cas dans un supermarché du Haut-Doubs (qui a tenu à garder l’anonymat), lequel a offert à ses employés une prime équivalente à un 14 ème mois de salaire. Beau- coup ont eu recours aux heures supplémentaires, d’autres ont tenté de

Ils font saliver leurs collègues.

de magasin bisontin. Ici, on tente de fidéliser à grand renfort de promotions et de nouveaux services le client com- me le “commerce drive”. Sur cette terre bénie, les super et hyper ont trouvé la fertilité économique avec la Suisse comme engrais. Problème, ce territoire reste sous perfusion.

toise comme dans l’ensemble du Doubs, les magasins notent une dégradation des paniers moyens, conséquence d’un pouvoir d’achat en baisse. Ici, à l’in- verse du Haut-Doubs, aucune diffi- culté à recruter. “Des C.V., on en reçoit tous les jours, pas toujours ceux que l’on veut” regrette un autre directeur

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