La Presse Bisontine 129 - Février 2012

SANTÉ 35

La Presse Bisontine n° 129 - Janvier 2012

SANTÉ

Le Projet régional 2012-2016 L’avenir de la santé : la coopération entre professionnels

L’Agence régionale de santé a défini son projet de santé pour les quatre prochaines années. Moins de curatif, plus de prévention et développement de la télémédecine devraient offrir aux patients un meilleur suivi. Une plate-forme pour le handicap psychique sera créée.

Sylvie Mansion (A.R.S.) présente la santé de demain en Franche- Comté. Bruno Herry (à droite) s’assure que l’intérêt des patients est respecté.

S ylvie Mansion le pré- sente comme “un fil d’Ariane”. Un fil qui doit guider les patients et professionnels de santé dans un labyrinthe où chacun se parlera, cohabitera, se rencontrera. Ce guide, c’est le Projet régional de santé (P.R.S.), un document de 800 pages rédigé durant un an et demi, qui présente de façon transversale les ambitions de la région en matière de santé publique, d’organisation du sys- tème de soins et du champmédi- co-social. C’est la loi de juillet 2009 rela- tive aux patients, à la santé et aux territoires (H.P.S.T.) qui impose cette nouvelle dyna- mique. “Notre but est de décloi- sonner la médecine de ville, l’hôpital et le médico-social. Il faut faire tomber les murs, que chacun puisse se parler” annon- ce la directrice de l’Agence régio- nale de santé qui a composé avec les volontés de chacun, des professionnels aux élus, pour élaborer ce plan stratégique de santé. “Il n’y aura pas d’annonce d’achats de scanners ou de créa- tion de bâtiments, prévient la directrice. Ce que nous ferons, c’ est un travail de fourmi.” Alors que la Franche-Comté pointe au 11 ème rang des régions (sur 22) en nombre de médecins par habitant, certaines spécia- lités demeurent menacées à l’instar de la psychiatrie et de la pédiatrie. Ce plan affichant trois ambitions espère guérir certainsmaux : réduire les inéga- lités sociales et territoriales de santé, garantir la pérennité du modèle de financement solidaire du système et promouvoir la qualité, la sécurité des soins et des prises en charge. Concrètement, la santé en Franche-Comté veut sortir du “tout curatif” en renforçant la prévention avec le dépistage et

la vaccination. Il faut “revoir la médecine de vil- le” en favorisant la coopération entre profession- nels de santé. “L’avenir est notamment dans les maisons de santé où ces pro- fessionnels de santé sont regrou- pés. C’est plus sécurisant pour eux et cela offre aux patients plus de confort, avec par exemple des ouvertures plus larges” dit la

“40 projets sont dans les cartons.”

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Se soigner par l’hypnose J’ai testé… l’hypnose À l’hôpital, on peut aussi soigner la douleur avec cette méthode reconnue par la médecine. La Presse Bisontine plonge dans l’au-delà.

directrice. 26 maisons sont déjà créées en Franche-Comté et 40 projets sont dans les cartons. Le nouveau plan de santé va aussi créer une plate-forme pour le handicap psychique.Alors que la population de laFranche-Com- té vieillit, la filière gériatrique bénéficiera d’un travail de fond permettant des réductions de la durée d’hospitalisation puis le retour à domicile. Enfin, l’autre enjeu est de développer la télé- médecine, déjà utilisée entre l’hôpital de Pontarlier et celui de Besançon. Ces changements d’avenir ont été adoptés par la conférence régionale de la san- té et de l’autonomie (C.R.S.A.) présidée par Bruno Herry, for- ce de propositions à l’A.R.S. dont lamission est de garantir l’accès aux soins pour les patients. “Nous allons faire attention à ce que les projets annoncés soient menés à bien” annonce le président béné- vole, tout en espérant que le dos- sier médical personnel (D.M.P.) devienne réalité. La santé prend un nouveau virage. Sur l’ordonnance de l’A.R.S., peu d’euros donc, mais une réor- ganisation. E.Ch.

Zoom Plusieurs séances sont conseillées pour soigner des maux de tête ou de dos ou autres. Il en coûte 26 euros, rembour- sé par la sécurité sociale si votreméde- cin traitant vous lʼa prescrit.

1 5 h 50, arrivée dans la salle d’attente, sans vraiment savoir à quelle sauce nous allons être “opérés”. Nous avons pris cet- te décision, celle de tester l’hypnose, sans a priori . Paraît-il que cette métho- de fait toujours plus d’adeptes. Elle est notamment utilisée par des hôpi- taux reconnus (comme celui de Lille) pour opérer des patients sans anes- thésie ou en tout cas avec une anes- thésie moins lourde. Vous êtes endor- mi, sans vraiment l’être. Ceux de Pontarlier et Morteau, via le “réseau douleur”, soignent des patients atteints de différentes pathologie. C’est sou- vent un médecin traitant qui dirige son malade vers ce service dont le but final est de restreindre la prescrip- tion de médicaments. Les causes des consultations sont mul- tiples, allant de maux de têtes vio- lents inexpliqués à des maux de ventre, en passant par les lombalgies, la fibro- malgie. 16h, le docteur (1) est ponctuel et m’accueille : il n’a pas de blouse blanche, encore moins de stéthoscope. Juste un stylo et ses mots. Au centre de la sal- le, une table ronde, à droite, une chai- se où s’allonger. Cela ne ressemble pas à un cabinet de psychanalyse mais avant de m’installer sur cette chaise, le professionnel - qui a suivi durant deux ans une formation d’hypnotiseur à Genève - m’explique ce qu’il va fai- re, ce qu’il peut faire. “Je serai com- me une tour de contrôle. Si je vous don- ne l’autorisation de décoller, vous ferez un voyage” lâ che-t-il. Je suis prêt, la piste est dégagée. Je m’installe dans le siège, sans ceintu- re de sécurité. Le pilote est à ma droi- te, assis lui aussi. Seule une de mes oreilles sera réceptive. Pourquoi la droite ? Je l’ignore. Sa voix, calme et posée, me demande de fermer les yeux et de ne penser à rien de particulier. Difficile direz-vous. Puis, le capitaine

L’hypnose permet même d’opérer des patients sans anesthésie ou avec des médicaments moins lourds.

de bord m’indique le processus : “Vo us pouvez laisser vagabonder votre esprit (... )”. Je tente de me relâcher. Parole du thérapeute : “Il n’y a même pas besoin de se détendre” me dit-il dou- cement, comme s’il avait devancé mes sentiments. Est-il hypnotiseur ou voyant ? Il est en tout cas un com- muniquant. Soudain, une chaleur res- sentie depuis le bas des mollets remon- te jusqu’à mon ventre, abdomen, jus qu’à mon cerveau. Des images s’entrechoquent. Le passé, les projets, la perte d’un proche, le boulot, la vie future, autant de sentiments. Vous êtes à demi-réveillé, à demi-endormi. Drôle de sensation que vous pouvez à tout instant stopper. Les mots susurrés crispent ou déten- dent le visage selon la façon dont ils sont prononcés. La première partie est douloureuse, faite de turbulences. La seconde offre un vol tranquille vers l’avenir. Encore une fois, vous deme urez en position de contrôle. Dix minutes plus tard, le voyage prend fin.Atterrissage en douceur. L’hypnose,

comme je l’ai vécu, est personnelle. Des phrases sont sorties de ma bouche, de mon (in)conscient alors que d’autres patients garderont tout pour eux. D’autres, en revanche, ne ressentiront rien. L’expérience, troublante, laisse forcément des traces : une chemise humidifiée par la sueur et une nuit suivant la consultation assez agitée au alors que d’autres tombent direc- tement sous le poids de la fatigue. Et surtout, un sentiment de mieux-être. Pour le spécialiste, ce genre de consul- tation de ne peut se développer à l’infini : lui aussi à besoin d’énergie, d’écoute, de concentration. La séance terminée, je repars avec des certitudes... et une interrogation : dois- je y retourner ? E.Ch. (1 ) : pour des raisons profession- nelles, le médecin n’a pas souhaité que son identité soit mentionné. Cet- te hypnose particulière, est appelée

Objectifs Plan régional de santé (P.R.S.) 2012-2016 - Réduire les risques sanitaires liés à lʼusage de lʼeau, polluants… - Renforcer la veille et les alertes pour diminuer les risques dans lʼenvironnement - Renforcer la prévention des maladies infectieuses - Promouvoir lʼinformation et lʼéducation relative à la sexualité, addiction… - Contribuer à la santé et au bien-être au travail - Réduire les inégalités territoriales en matière de dépistage du cancer - Prévenir le surpoids des enfants et adultes - Développer lʼautonomie des personnes âgées et handicapées - Développer des dispositifs de prise en charge pour des publics spécifiques : patients atteints de la maladie dʼAlzheimer, autis- me, et personnes handicapées vieillissantes.

Hypnopraxie, qui dérive de l’Hypnose Ericksonienne.

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