La Presse Bisontine 129 - Février 2012

BESANÇON 10

La Presse Bisontine n° 129 - Février 2012

EN BREF

POLITIQUE Vie municipale Édouard Sassard : “Pourquoi je démissionne” Il quitte son fauteuil de conseiller municipal d’opposition à la Ville de Besançon pour raison professionnelle. Le jeune élu, pourtant adoubé par ses pairs de l’U.M.P., explique son choix, son bilan, son avenir.

Impro Six personnages hauts en couleur se retrouvent au bistrot “Le Demi-siècle” : Vincent Sulfite, patron de bar philosophe, Isabelle, sa respectable épouse, adepte de ragots, Serpil De Lettre, célèbre écrivain en recherche d’inspiration, Nico Rafale dit le baron rouge, ancien pilote de chasse, Sonia Marilys, fleuriste amoureuse du langage des fleurs et Tatra25, routier à l’international, doux rêveur… Cette joyeuse compagnie improvise des saynettes uniques, à partir des thèmes proposés par le public, sur un rythme délirant. Le 14 janvier au Kursaal.

Édouard Sassard quitte la vie politique bisontine. Martine Ropers le remplacera.

L a Presse Bisontine :Début jan- vier, vous avez présenté votre démission au maire de Besan- çon Jean-Louis Fousseret. Pourquoi quitter la politique alors que vous étiez pressenti comme futur lea- der aux électionsmunicipales de 2014 ? Édouard Sassard (U.M.P., conseiller municipal d’opposition depuis 2007) : J’ai un choix à faire entre ma vie professionnelle et mon ave- nir politique. J’ai décidé de pri- vilégier le professionnel. Depuis 8 ans, je suis chef d’entreprise (N.D.L.R. : dans le domaine de l’assurance) et mon activité a progressé fortement en volume d’affaire. Sachant que le poli- tique est un métier à plein- temps, je ne peux associer ces deux activités. Je reste donc sur mon activité professionnelle. J’ai d’ailleurs toujours dit que je ne ferais pas de la politique mon activité principale. L.P.B. :Est-ce aussi parce que lamédia- tisation politique peut nuire aux affaires ? E.S. : Pas du tout. La politique ne m’a jamais fait perdre d’affaires comme elle ne m’en a

jamais fait gagner.

Fousseret de vous “titiller” sur votre lien de parenté avec Alain Joyandet (son beau-père). Cela vous a-t-il bles- sé ? E.S. : Pas du tout, c’est de la jou- te politique. Le conseil munici- pal demeure parfois théâtral. L.P.B. : Quels liens gardez-vous avec vos ex-camarades politiques ? E.S. : De bons rapports, que ce soit avec l’opposition ou la majo- rité. J’ai toujours été franc et sincère. L.P.B. : Quels dossiers avez-vous por- té durant votre mandat ? E.S. : La sécurité, le sport et le développement économique. Pour le sport, je confirme que Besançon ne peut avoir quatre clubs de haut niveau en même temps. Ce que nous avons fait pour le B.R.C., nous l’aurions fait de la même manière pour les autres. L.P.B. : Auriez-vous un conseil à déli- vrer à l’opposition municipale afin qu’elle soit plus piquante et construc- tive ? E.S. : Je n’ai aucun conseil à don- s’en réjouissent. “C’est un signe de vitalité. Je préfère cela à aucun débat” avance Nicolas Bodin, quarante ans, responsable de la section P.S. du Doubs. L’étincelle qui a mis le feu aux poudres remonte au 27 décembre, date d’une inter- view télévisé du jeune repré- sentant de l’U.M.P. Face à la caméra de France 3 Franche- Comté, Baptiste Serena adres- se un missile aux jeunes socia- listes en leur conseillant “de se concentrer sur des sujets plus importants que l’inscription sur les listes électorales” , sujet mis en avant par le mouvement des jeunes socialistes courant décembre. La réaction de Pauline Pernin n’a pas tardé. Le lendemain de l’intervention télévisée, la nou- velle animatrice fédérale décoche la plume. La lettre ouverte, acer- be, demande à Baptiste Serena comment il peut se “permettre de critiquer l’action des jeunes socialistes” , ou encore d’affirmer “qu’ils sont inactifs sur les réseaux sociaux (Twitter notam- ment).” La jeune socialiste pour- suit : “Peut-être avez-vous eu peur (N.D.L.R. : l’U.M.P.) de l’inscriptionmassive sur les listes électorales de jeunes, qui selon plusieurs sondages se retrou-

L.P.B. : Vous quittez donc la salle du conseil municipal et vos collègues de l’opposition sans regrets. Quel bilan en tirez-vous ? E.S. : C’est une superbe expé- rience. Allumer le micro une fois par mois est une chance unique et je conseille à tout citoyen d’avoir un parcours civique à condition d’avoir du temps. Il faut oser y aller. Au final, je connais parfaitement ma ville, j’ai rencontré beaucoup de per- sonnes. L.P.B. :Alors que les débats politiques vont se multiplier à l’approche des élections,n’avez-vous pas l’impression de lâcher votre groupe au plus mau- vais moment ? E.S. : Non car ce n’est pas un indi- vidu qui fait le groupe. Chaque élection en balaye une autre. Le pire aurait été de faire une élec- tion et de ne pas aller au bout. J’ai bossé durant tout ce temps ! L.P.B. : Les joutes verbales avec le mai- re de Besançon ne vont-elles pas vous manquer ? Il est arrivé à Jean-Louis

La réaction de Jean Rosselot (président du groupe U.M.P.)

ner mais au-delà de la critique, il faut faire des propositions. Mon objectif n’a jamais été de cacher nos propositions. Si elles étaient reprises, tant mieux ! Nous sommes là pour travailler dans l’intérêt de la ville. Dans un contexte économique diffici- le, il faut faire preuve de consen- sus et se serrer les coudes, que l’on soit de droite ou de gauche. L.P.B. : Qui est le mieux placé pour prendre le fauteuil de maire en 2014 ? E.S. : Je le garde pour moi. Propos recueillis par E.Ch.

“Une perte, mais il rebondira” P our Jean Rosselot, président du groupe U.M.P. à la vil- le de Besançon, le départ dʼÉdouard Sassard “est une perte pour le groupe. Il a une intelligence politique et il rebondira plus tard. Il est victime du statut défavorable et désé- quilibré des élus dʼopposition au regard des moyens matériels mis à disposition” dit-il. Édouard Sassard sera remplacé par Martine Ropers, déjà élue en 2001 (sous lʼétiquette R.P.R.).

POLÉMIQUE Les jeunes socialistes face aux jeunes U.M.P. En politique, même les jeunes s’étripent La “guéguerre” est déclarée entre les jeunes populaires du Doubs et les jeunes socialistes. Lettre ouverte, droit de réponse, l’exercice démocratique bat son plein à quelques semaines de la présidentielle.

I ls s’appellent par leur pré- nom, se tutoient… mais ne passeront pas leurs vacances ensemble. Entre Baptiste Sere- na, responsable des jeunes popu- laires du Doubs et Pauline Per- nin, animatrice fédérale des jeunes socialistes du Doubs, la bataille est déclarée ! Tout y est : envolées lyriques, twitts piquants et lettres ouvertes sans conces-

sion. La fougue de la jeunesse mêlée au discours politique offre un cocktail détonant. Baptiste Serena, 24 ans, l’accuse d’être une élue illégitime, arri- vée à la tête des jeunes P.S. après un vote tronqué. Et Camille Per- nin (19 ans) l’accuse de blâmer ceux qui promeuvent la démo- cratie participative. Le torchon brûle mais leurs aînés politiques

vent davantage dans les idées de gauche ?” Baptiste Serena, pas démonté, réaffirme sa posi- tion dans un droit de réponse : “Je confirme et assume mes pro- pos… Je déplore que sous un prétexte fallacieux d’actions pour les inscriptions sur les listes élec- torales, se cache en réalité une démarche de communication n’ayant que pour seul et unique objectif de faire la promotion de votre candidat pour les élections présidentielles” dit le jeune poli- tique qui rappelle l’engagement du gouvernement incitant les citoyens à s’inscrire sur les listes électorales. “Le Cidem (Centre d’information civique) a reçu de l’État une subvention excep-

Baptiste Serena (jeunes popu- laires)…

tionnelle de 180 000 euros. Aussi je tiens à te faire remar- quer que les col- lectivités locales de gauche, dont Besançon, n’ont pas fait de cam- pagne particu- lière dans ce sens, préférant dépenser sans compter plu- sieurs millions d’euros pour fai- re

“Autre chose à faire qu’envoyer des lettres.”

l’extravagante promotion du tramway” dit encore Serena qui se mue en donneur de leçon. Il somme son adversaire “de véri- fier ses informations sur les actions qui ont été menées avant de les vilipender. Tu y gagnerais en crédibilité” Ambiance ! Sanguins, les jeunes politiques demeurent constructifs : les deux camps appellent communément à un débat…à moins que la der- nière phrase du jeune U.M.P. n’ait trop enflammé les débats. “Avant de vouloir donner des

leçons aux autres, règle les pro- blèmes internes que tu as avec tonmouvement.” La réponse des socialistes ne tarde pas… “Le fonctionnement interne du mou- vement des jeunes socialistes ne le regarde pas. Nous aurons d’ici à la présidentielle d’autres choses à faire que de s’envoyer des lettres” , coupe Pauline Pernin qui n’exclut pas, à la demande des jeunes U.M.P., un futur débat. Balle au centre.

…et Pauline Pernin (jeunes socialistes, à droite) animent le débat poli- tique chez les jeunes.

E.Ch.

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