La Presse Bisontine 121 - Mai 2011

BESANÇON 12

La Presse Bisontine n° 121 - Mai 2011

SOCIÉTÉ Climat de peur en centre-ville

Une pétition contre les mendiants et marginaux Cri d’alarme des commerçants de la place Pasteur et du bas de la Grande rue face aux actes d’incivilité. Ils lancent une pétition. Ras-le-bol des canettes cassées, des cris et de l’ivresse sur la voie publique.

“P lace Pasteur, place de la peur.” La phra- se aussi cla- quante que directe est imprimée sur une feuilleA4 blanche et apposée sur le comptoir de certains commerces situés au bas de la Grande rue et place Pasteur à Besançon. Depuis avril, une pétition lan- cée par l’association “quartier Pasteur” circule. Elle demande à la Ville de Besançon de réagir face aux actes d’incivilité deve- nus grandissants dans ce sec- teur de laBoucle bisontine,créant un sentiment de peur et d’insécurité. Depuis le retour du printemps et des chaleurs, il est vrai que les rues s’animent. Et avec, cer- tains dérapages devenus récur- rents. Devant lemagasin “Mono-

prix”, des jeunes squattent par- fois par groupe de cinq, parfois par dizaines. Certains ne font rien de mal. Tout juste tendent- ils la main pour récupérer quelques pièces. D’autres sont plus véhéments, invectivent les passants en réclamant une ciga- rette, de l’argent. Une minorité demeure incontrôlable :à lamesu- re que la journée avance et que l’alcool coule à flot, les incivili- tés s’enchaînent avec canettes

La police peut dresser des contraventions pour ivresse sur la voie publique ou contrôler les identités mais

en verre brisées contre les façades et chamailleries… Parfoismême, des passants ont aper- çu des personnes urinant à même la rue ou sur les nouveaux arbres plantés place Pas- teur. “Trop c’est

“La police fait vider les canettes.”

ne peut pas déloger les “squatters”.

confisquée et vidée dans le cani- veau comme le stipule l’arrêté municipal pris par la Ville. Des contraventions sont égale- ment dressées pour ivresse sur la voie publique mais elles n’ont pas le pouvoir de déloger ces per- sonnes. Si les chiens sont tenus en laisse ou muselés, elle procè- de aux contrôles d’identité, d’où parfois l’agacement des com- merçants. “Je les comprends les commerçants, dit l’adjoint au commerce JacquesMariot. Je les ai rencontrés et notamment le président de l’associationdu quar- tier Pasteur (N.D.L.R. : Jean Richelandet). Ils ne proposent pas de solutions. Je le répète, il ne s’agit pas de déplacer le pro- blème.” À quelques semaines du début de la saison touristique, les remèdes pour satisfaire les deux parties sont attendus. E.Ch.

trop, on n’en peut plus. Le com- merce en centre-ville est en train de mourir. Je veux bien que l’on accueille des personnes dans la difficulté mais bientôt, c’est nous les commerçants qui nous retrou- verons dans la rue. Les clients n’osent plus rentrer par peur et préfèrent se rendre à Château- farine” lâche Sophie Malfuson, responsable d’un magasin d’optique, 14 Grande rue. Ses collègues dressent le même constat. “Des clientes n’osent plus passer place Pasteur par peur” ajoute de son côté Daniel Ber- gerat, patron du magasin “La compagnie des Petits”. Police municipale et nationale sont montrées du doigt par les commerçants pour “ n’agir pas assez vite.” Pour autant,les forces de police font leur travail :dès lors qu’uneboissonalcooliséeestouver- te sur la voie publique,celle-ci est

77 % des marginaux sont des Bisontins La Ville de Besançon accueille et tente de réinsérer les S.D.F. dont 880 ont une domiciliation à Besançon. Nouveauté : ils sont de plus en plus jeunes et toujours plus nombreux (+ 20 %). Qui sont-ils ? A drien, 21 ans. Sous son œil droit, une cicatrice encore béante déton- ne sur son visage encore poupon.

nal d’action sociale de Besançon. Avec son chien blanc tenu en laisse - un husky croisé avec un golden retriever -, Adrien dit ne pas vouloir dormir dans un centre. Il est arrivé à Besançon en pro- venance de Dijon et tue le temps avec ses

çon n’accueille pas plus les S.D.F. que d’autres villes mais le fait mieux” se défend l’élue. Elle rappelle l’offre en matière de suivi social proposé aux exclus avec notam- ment l’arrivée d’une psychologue de rue, laquelle propose des solutions de réin- sertion. Le chiffre de la domiciliation de ces per- sonnes est d’environ 880 dans la capita- le régionale. “77 % des S.D.F. sont des per- sonnes qui sont nées à Besançon et un quart ont moins de 25 ans. On retrouve ensuite les déboutés du droit d’asile, les Roms (une cinquantaine). Très peu vien- nent d’autres villes” dit le C.C.A.S. Prin- cipale inquiétude : l’arrivée massive de jeunes femmes dans la rue. Plus qu’un problème bisontin, celui de la rue est deve- nu un vrai sujet de société.

Le jeune homme fait la manche à Besan- çon et vit de débrouille mais ne dit pas comment cette plaie est arrivée sur son visage. Dans les centres d’accueil de jour ou de nuit à Besançon (Buanderie, Jean- ne-Antide et des Glacis), la violence est parfois là, obligeant le personnel d’accueil à exclure des S.D.F. suite à des compor- tements agressifs. “Notre personnel souffre mais répond présent. On note une aug- mentation de l’activité d’environ 20 % et sommes parfois obligés d’exclure certains qui transgressent les règles. Dernièrement, un S.D.F. déféquait dans nos locaux. Nous avons été obligés de prendre des mesures” explique le directeur du Centre commu-

“collègues”. Parfois au bas de la Grande rue, parfois le long des quais du Doubs. “Demain, je pars à Barcelone” dit-il. Diffi- cile de vérifier l’information. Pour Marie-Noëlle Schoel- ler, première adjointe en charge de la solidarité, Besançon doit poursuivre sa politique d’accueil et de réinsertion : “Besan-

“La police fait vider les canettes.”

La position de la ville de Besançon “Nous sommes démunis face à la loi”

La pétition signée par de nombreux commer- çants et clients.

“J e suis parfaitement conscient du problème et de la mau- vaise image véhiculée par ces marginaux pour une vil- le touristique comme Besançon mais il n’y a pas de dis- position légale dans la loi française pour les déloger” explique Jacques Mariot, l’adjoint au commerce. Et d’ajouter : “En Fran- ce, nous sommes démunis de dispositions légales face au regrou- pement de personnes en centre-ville. Que quelqu’un me trouve une loi ! Ce que je ne veux pas, c’est déplacer le problème ailleurs en ville en délogeant ces personnes” dit l’élu qui a répondu lun- di 11 avril aux inquiétudes des commerçants lors de l’assemblée générale réunissant les commerçants à la chambre de com- merce du Doubs.

“On ne fait rien de mal” disent les marginaux.

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